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Crise et N. Sarkozy : l’impuissance

Publié le 11 janvier 2010 par Vogelsong @Vogelsong

N. Sarkozy va faire de la figuration au forum de Davos de 2010. C’est ce qu’il sait faire de mieux. Singer l’action, simuler la détermination, le président français excelle en pantomime. Devant les puissants de ce monde qui n’en ont cure, il va pouvoir, du haut de ses talonnettes réciter son bréviaire anti-capitaliste et (encore) donner le change à l’opinion publique. Au bout de la démagogie, il a affirmé, tout au long de l’année 2009, sa détermination à “moraliser le capitalisme”, et pris la posture du grand sauveur du monde civilisé en soutenant le système financier. Il n’en est rien, pour la seule et simple raison, il n’avait pas le choix.

Crise et N. Sarkozy : l’impuissance
F. Louvier et les communicants de l’Élysée distillent une petite rengaine que les perroquets de l’UMP rabâchent à longueur d’antenne. Face au délitement social, à la hausse du chômage, à l’insécurité grandissante, ils claironnent l’ode à l’homme providentiel, le Napoléon du capitalisme. Un exemple parmi la parade des ahuris, E. Raoult. Emu jusqu’à la sueur, il déclarait sur le plateau de France 3 que la situation nationale était difficile, mais s’interroge avec profondeur et emphase sur la gestion de la crise par un autre que N. Sarkozy (par S. Royale au hasard !). Posture facile, la réalité ne prenant qu’un seul chemin, il est inepte de fantasmer un cataclysme généré par l’hystérique sorcière du Poitou, par exemple.

Les conséquences d’un collapsus intégral du système financier mondial ne laissent pas le choix quant aux mesures pour endiguer un raz de marée apocalyptique. Elles sont très simples. Déployer toutes les ressources pour sauvegarder le système. Sinon, c’est l’accident. Terminal. F. Lordon le décrit très bien. Le système financier ne s’effondre pas verticalement, proprement, sans faire de dommages collatéraux. Les imbrications en son sein et par extension dans le réel sont telles, que dès l’instant du Krach général, tous les actifs, toutes les sommes détenues par les agents économiques, personnes morales, particuliers s’évaporent. Ce n’est pas la disparition d’une espèce parasitaire, en l’occurrence le spéculateur sanguinaire, mais l’extinction complète de l’éco-système. Prosaïquement, le citoyen n’a plus la capacité de payer quoi que ce soit y compris sa nourriture puisqu’”après,” si un “après” est imaginable, plus rien n’a cours. Le chaos dans sa plus pure expression jusqu’à la régression “paléolithique”. La suite n’est que spéculation sur la sortie du néant (ou pas).

Les cheerleaders gouvernementales peuvent toujours déployer leurs chorégraphies présidentielles sur le volontarisme. La vérité est que de choix, il n’y avait pas : que cela soit N. Sarkozy, F. Bayrou, S. Royal ou tartempion. Tous les gouvernant de la planète ont pris la seule solution possible, N. Sarkozy, quoi qu’en dise son porte flingue F. Lefebvre n’a rien fait de plus que ce qu’un autre aurait pu (dû) faire.

Tous les gouvernements et instances supra étatiques n’ont eu qu’une alternative et une seule. Tapis ! Sous peine de se retrouver dans un merdier planétaire de 6,5 milliards d’êtres humains.

Laisser penser que pour des raisons idéologiques on aurait dû laisser périr des institutions bancaires est inconséquent. Les libéraux, fétichistes spencerien, rêvent de justice naturelle immanente et équilibrante à la fin de tout processus même destructeur. D’autres, une frange des révolutionnaires altermondialistes rêve d’un matin clair débarrassé du système capitaliste. Quelle que soit l’hypothèse, la sauvagerie l’aurait emporté.

A la décharge du président N. Sarkozy, ses homologues sont dans la même obligation. Subir les évènements, donner des garanties, supporter les dérapages du système pour éviter l’impossible. Et ils ont fait ce qu’il fallait, en tout cas, dans l’évitement du carnage. A la charge du pitre de l’Élysée, ses perpétuelles “plastronnades”. Bouffi d’orgueil, il croit et fait croire à sa petite cour composée de politiciens avachis et d’éditocrates gavés qu’il a une prise sur le réel. La presse nationale regorge d’envolées présidentielles sur la volonté et le dynamisme. Cela calme la plèbe… Paraîtrait-il.

Aucune perspective n’est donnée pour éviter les embardées financières. Aucune réforme structurelle n’a vu le jour dans le contexte international. Peu enclins à tordre le bras aux (vrais) puissants (le peuvent-ils ?), les gouvernements ont couvert leurs retraites, et dispensés leur “moraline*” anesthésiante.

En se fiant aux évènements récents, liquidation de stock-options par les (vrais) puissants du pays, reprises des super bonus concomitants à une bourse en pleine euphorie (+22,3% en 2009) et un chômage en augmentation (+22,1%), il est très probable que l’année 2010 soit une copie cataclysmique de 2008. Avec une exception, les niveaux réels d’avant l’effondrement sont bien plus bas en 2010 qu’en 2008. Avec une interrogation, pourra-t-on supporter un second choc ? Avec une certitude : après, le règne de la palabre aura vécu.

*Néologisme de M. Cohen – Causeur


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