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La presse malade de sa peste

Publié le 11 janvier 2010 par Laurelen
La presse malade de sa peste Passionnant article de Marianne (9/01), sous ce titre : "Les Journalistes ne croient plus à ce qu'ils font". C'est un entretien avec Noël Couëdel, ancien patron de la rédaction du Parisien, qui a réussi à transformer un titre qu'on qualifiait de "journal des concierges" en quotidien de référence, à la fois populaire et informé. Viré par Marie-Odile Amaury, la patronne du canard, du groupe Amaury à qui appartient également l'Equipe, Couëdel vide son sac. Avec élégance.
Il parle de ses convictions : "On pouvait parler de tout, de politique étrangère, de courses de chevaux et de télé, de façon digne et intéressante". "Les journalistes ne croient plus à ce qu'ils font. Ils écrivent dans les journaux des articles qui répondent aux internautes ! Ca fait très moderne alors que c'est simplement con. (...) C'est moral, la presse : au bout du bout, on se plante", balance Couëdel.
Qui constate, et c'est là l'alpha et l'omega de son propos, que "le directeur financier ou le directeur des ressources humaines comptent plus que le rédacteur en chef".
"Aucun plaisir, quoi !", conclut-il.
C'est exactement la même chose qui se passe avec la presse réunionnaise. Les banquiers ont pris les manettes d'une machine dont ils ignorent tout et qui leur échappe. Ils méprisent les lecteurs, comme les journalistes, qui coûtent trop cher, et croient qu'un journal est un objet qui se vend comme un rasoir jetable, et quand cet objet ne se vend pas, ils s'étonnent.
Chane-Ki-Chune, comme Cadjee, ont longtemps rêvé à un "gratuit", un journal low-cost, financé par la pub. Le projet ne s'est jamais fait faute de... métro à la Réunion. Trop de difficultés de distribution. La Réunion a échappé au sort de Paris, Toulouse, Marseille, qui croulent sous les journaux gratuits (20 minutes, Metro...) jetés sur le trottoir à peine parcourus par des lecteurs ennuyés.
Aujourd'hui, les financiers à la tête de nos médias péi rêvent de journaux sans journalistes. Ils ont -économiquement- tort. Ce n'est pas internet, ni la télé, ni le téléphone portable, qui tuent la presse (et la presse locale, par rapport à la PQR de métropole, est de qualité) : ce sont les financiers dont le savoir-faire a pu être mesuré à l'occasion de la crise financière dont on ne finit pas de payer les agios.

François GILLET

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