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Gérard de Villiers se confesse à Migros Magazine

Publié le 11 janvier 2010 par Francisrichard @francisrichard
Gérard de VilliersA 80 printemps Gérard de Villiers a toujours bon pied bon oeil. Il n'écrit pas moins de quatre SAS par an, dont le tirage moyen est de   200 000 exemplaires. SAS ? Pour ceux qui ne savent pas qui est SAS, il s'agit de Son Altesse Sérénissime le Prince Malko Linge, un prince autrichien qui fait des extras pour la CIA ... depuis 1965 et qui est toujours vivant.

Comme TintinSAS n'a pas d'âge, mais au contraire de lui il se laisse séduire par les jolies femmes. Que dis-je, il les séduit, à l'exemple de son créateur... qui collectionne les compagnes.

Les aventures de SAS sont en effet un coquetel détonnant de sexe, de sang, de tortures, de morts et, surtout, de reportages dans les pays où elles se déroulent. Succès garanti, et obtenu. Comme on disait du temps où je portais des culottes courtes - cela a duré longtemps parce que ma maman trouvait que j'avais de belles jambes, ce que ma femme pense aussi - ce sont des livres à ne pas mettre entre toutes les mains. Je n'en ferai donc pas de citations.

Quand j'étais lycéen, puis étudiant, j'ai lu les premiers SAS, publiés alors chez Plon. Je les lisais dès leur parution. Maintenant j'en lis un de temps en temps...quand le pays m'intéresse. C'est ainsi que j'ai lu le dernier volume de 2009, Le Piège de Bangkok, pour la bonne et simple raison que j'y avais fait, pendant cinq semaines, un voyage mémorable, il y a tout juste trente ans, et que j'avais bien envie de savoir ce que le pays du sourire était devenu entre-temps. 

Petit-fils d'un espion de sa Gracieuse Majesté, qui avait franchi le Channel en 1914, à 19 ans, et s'y était fait enrôlé dans le MI6, j'adore - ce doit être atavique - les thrillers, les livres d'espionnage et les polars, que je lis volontiers dans la langue de Shakespeare - mon auteur de théâtre préféré - à l'exception de quelques auteurs bien français tels que Jean-Christophe Grangé, Maxime Chattam ou justement Gérard de Villiers...

Gérard de Villiers s'est donc confessé à Migros Magazine [d'où provient la photo ci-dessus, ici], dont je recommande la lecture, souvent décapante - on n'y parle pas seulement des bonnes affaires que vous pouvez effectuer en allant faire vos courses dans les magasins à l'enseigne de Migros. Au sujet de son rythme de production - quatre SAS par an - il commence fort :

"La vie avance aussi inéluctablement qu'un tapis roulant. J'espère faire comme les chats - j'adore les chats [moi aussi] - qui, un jour, se couchent et meurent. Si on s'arrête, on est foutu: comme une voiture qu'on laisse au garage et qui ne repart plus".

Le-piege-de-bangkok-copie-1.jpgAutant dire que Gérard de Villiers n'est pas du tout ému par la prochaine votation qui aura lieu ici le 7 mars prochain sur la baisse du taux de conversion du 2e pilier des retraites helvétiques... [ici]

Comme le dit le père de SAS, "le plus facile à raconter, c'est quand même le vécu" :

"Chaque fois que je me rends sur un point chaud de la planète, je réactive mes sources. ( Il désigne quantité de cartes d'accréditation de presse punaisées au mur). Vous voyez, celle-là? C'est mon accréditation par Al Akhbar, le journal du Hezbollah, je peux vous dire que ça vous ouvre toutes les portes au Liban !"

Gérard de Villiers connaît bien l'Aghanistan. Voici le portrait saisissant qu'il fait des Talibans :

"Ce sont des obscurantistes de la plus belle eau. Mais est-ce à nous de refaire le monde ? Contrairement à d'autres, les Aghans n'exportent pas leurs attentats. Ils veulent vivre selon leurs coutumes, c'est tout. Et donc ils sont allergiques à la présence de toute puissance étrangère, depuis le XIXe siècle. Les Anglais s'y sont cassé les dents, les Russes aussi. Ils chasseront tout aussi bien les Américains et leurs alliés".

Obamaniques, abstenez-vous de lire la suite et sautez le paragraphe:

"Croire qu'on peut contrôler ce pays avec 100 000 hommes, c'est rêver. Hélas, Obama n'est pas un homme d'Etat, mais une sorte de grand pasteur mou".

Jean-François Duval, le journaliste de Migros Magazine, lui pose la question incorrecte :

"Pour vous, la théorie du choc des civilisations de Samuel Huntington se vérifie-t-elle ou non ?"

A laquelle il répond tout aussi incorrectement :

"Il faudrait être aveugle pour ne pas le voir. Les radicaux islamistes sont à l'islam ce qu'un Mgr Lefebvre est au christianisme. Al Qaida signifie "combat contre les croisés", soit les juifs [sic] et les chrétiens . Beaucoup de musulmans pratiquent leur religion dans la modération. Mais il y a aussi un islam de combat! Et ça, c'est le grand bouleversement opéré par Ben Laden. Il restera dans l'histoire comme l'homme qui a réveillé l'islam en tant que religion de combat et fait prendre conscience à des millions de musulmans de leur islamité. Et ça a marché au-delà de toute espérance! Que Ben Laden meure ou soit capturé ne changera plus rien à rien. Al Qaida, franchisée dans quantité de pays, marche toute seule."

Quelle vision Gérard de Villiers a-t-il de l'homme ?

"Je n'ai pas de philosophie, et donc pas de réponses toutes prêtes...L'homme est difficile à définir. Nous sommes des mammifères à sang chaud et, oui, je crois que l'instinct compte beaucoup. Ce qui me fascine ce sont certaines constantes, quels que soient les peuples. En définitive les gens fonctionnent selon des espèces de programmes très similaires partout. Regardez, les Chinois! Comment ils sont passés du communisme au capitalisme! Fascinant! Il suffit d'ouvrir les vannes, et tous les vieux réflexes propres à l'homme reviennent au galop... Voyez le retour du religieux en Russie!"

Même s'il use, et abuse parfois, des raccourcis, cet homme de terrain, qui adore les chats, ne peut pas être complètement mauvais, ni avoir complètement tort.

Francis Richard

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