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Entretien avec Philippe Alvergne

Publié le 13 janvier 2010 par Littlestylebox

Avec son compère Aurélien Tremblay, Philippe Alvergne a créé la marque Tremblay Alvergne, des vêtements pour homme à la qualité et aux matières irréprochables dans un style moderne et intemporel. Le vestiaire masculin parfait... Alors qu'Aurélien continue son parcours chez Balmain, Philippe reprend la marque sous son nom avec une première collection Eté en solo.


J'ai rencontré Philippe dans sa boutique de la rue du Perche dans le Marais. Bien sûr, vous me connaissez, je n'ai pas pu repartir les mains vides... et je n'ai pu m'empêcher de lui acheter une superbe veste croisée en laine. Ces entretiens sont décidément très mauvais pour mon porte monnaie !

Entretien avec Philippe Alvergne

Peux-tu nous parler de ton parcours ?
Cela fait 25 ans que je travaille dans le milieu de la mode. J’ai commencé comme modéliste freelance pour la couture et le prêt-à-porter. J’ai travaillé pour Dior, Lagerfeld, Chloé… C’était la grande période où Karl Lagerfeld était chez Chloé. Chez Dior, c’était Gianfranco Ferré, un grand monsieur, c’était génial de travailler avec lui. En 1995, j’ai lancé mes propres collections femme sous le nom Philippe Alvergne. Je faisais principalement des blousons en soie que je diffusais sur la Côte d’Azur et en Europe. J’ai alors rencontré Vanessa Bruno. J’y ai passé 8 ans comme directeur de collection : je dirigeais l’atelier, les collections, le studio...
J’ai fait ensuite un petit passage chez Paule Ka à la direction technique. Mais j’ai rapidement eu envie de repasser à la création. C’est alors qu’on a eu l’idée avec Aurélien Tremblay de lancer notre marque pour homme. On a créé nos premières collections en janvier 2007 sous le nom de Tremblay-Alvergne.
Quel est le style de tes collections ?
C’est toujours difficile à définir… A la base je fais des vêtements que j’aurais envie de porter. Quand je prends un vêtement le matin, je ne veux pas me poser de questions. Je veux un vêtement qui va avec tout, mais qui en même temps n’est pas un vêtement banal.
En collection, cela donne des basics avec des coupes plus modernes et de très belles matières. Je vais choisir soit des matières qu’on n’utilisait plus comme le Harris Tweed, soit des matières moins courantes comme le coton japonais. On prend vraiment les matières à la source : du denim du japon, du tweed d’Ecosse...
Tu as beaucoup travaillé pour la femme, notamment avec Vanessa Bruno. Tu n’as pas eu envie de lancer une ligne femme ?
Non, chez la femme, j’ai toujours eu une spécialité sur les vêtements structurés. Cela fait longtemps que je voulais travailler pour l’homme.
Il y a sans doute plus de place pour une nouvelle marque chez l’homme…
Tout à fait, le marché de la femme est très saturé. Je trouvais qu’il y avait des choses à faire pour l’homme.
Dans cette niche haut de gamme à des prix raisonnables, il n’y a pas encore grand monde.
Quelles sont les différences entre la clientèle féminine et masculine ?
Il y a un comportement très différent. Ce qui m’a marqué le plus, c’est cet œil que l’homme a sur la qualité et les finitions. La clientèle féminine va travailler au coup de cœur. Elle va plus être sur l’allure, sur un effet mode... La clientèle masculine est plus attachée à la qualité, aux matières, ils regardent les finitions.
Et surtout, la clientèle masculine se fidélise beaucoup plus facilement. Si un homme trouve une marque qui lui parle, une belle veste ou un pantalon qui va avec sa silhouette, il va revenir.

Entretien avec Philippe Alvergne

Où réalises tu la production ?
A part la maille, tout est produit en Europe : Portugal, Italie, un peu de France. Je fais faire les pièces à manches en Europe de l’Est où ils ont un très bon savoir faire.
Où es tu distribué ?
Sur Paris, tu as bien sûr la boutique et le Bon Marché. Tu peux acheter aussi en ligne sur Studio Homme. J’ai aussi une quinzaine de points de vente en France, notamment dans le Sud. Et puis je suis vendu aux Etats-Unis, en Corée, au Japon, à Hong Kong, à Moscou…
Une boutique est importante pour la marque ?
Très vite, nous avons eu l’envie d’avoir une boutique pour le désir de rencontrer la clientèle, comprendre leurs attentes et leurs désirs. Et une boutique reste une vitrine pour la marque.
On voit beaucoup de marques qui se sont développées chez la femme avant de lancer des collections pour homme. Est-ce que c’est facile de faire une marque uniquement masculine ?
C’est effectivement plus difficile… Pour l’homme, tu as beaucoup moins d’outils de communication comme les magazines féminins. Souvent beaucoup de gens me disent que je devrais faire une petite ligne femme pour pouvoir communiquer plus facilement.
Cette année, j’ai eu un bel encart sur le Vogue Homme International, mais aussi dans Tetu ou Le Figaro. Cela fait vite boule de neige. Je sens depuis 3-4 mois qu’il y a de plus en plus de buzz autour de la marque. J’ai de nouvelles boutiques qui m’appellent.
Pour réussir, il faut plus de presse et surtout développer les réseaux de distribution. En janvier, je vais participer au Tranoï. Il y a de belles boutiques pour homme partout, il suffit de pouvoir y entrer.
Entretien avec Philippe Alvergne

Tu ressens la crise ?
Sur la diffusion à l’international un peu, sinon la boutique marche bien.
Où te vois tu dans 5 ans ?
Sur un petit nuage.
Il semble que pour tous les créateurs indépendants, il est difficile d’être rentable…
Oui, c’est vrai les débuts sont difficiles mais maintenant que la marque est plus établie, je suis plutôt confiant.
Après 25 ans dans le milieu, comment analyses tu l’évolution du secteur de la mode ?
La période des années 80 et 90 a été une grande période pour les créateurs de mode, qui s’est calmée dans les années 2000.
Mais on sent maintenant une émergence de nouveaux créateurs. Il y a un vrai frémissement à Paris.
Je crois aussi beaucoup à un retour de la patte française. Les italiens ont dominé la mode, mais en même temps, elle a un côté très industrielle. Chez les français, il y a une patte plus artisanale, il y a plus de corps, c’est plus rond. Les clients apprécient cela.
Est-ce que tu regardes le travail d’autres créateurs pour homme ?
J’avoue que je regarde peu. Aujourd’hui, j’aime beaucoup Bottega Veneta ou Lanvin… mais je suis un peu de la vieille école. J’adore la Maison Martin Margiela ou ce que faisait Helmut Lang.
Tes adresses shopping à Paris ?
Je vais à la boutique Margiela ou à l’Eclaireur. J’aime aussi Melinda Gloss pour son concept de boutique appartement. Ils sont diffusés aussi chez Studio Homme. Mais depuis que j’ai ma marque, je ne fais plus trop de shopping.
Que penses tu des blogs de mode ?
Je les regarde régulièrement. J’ai de la chance d’avoir beaucoup de monde qui a parlé de la marque notamment Comme un Camion. Pour moi, le blog dépasse le simple outil de communication, il y a un côté convivial. Les personnes qui tiennent des blogs ont une vraie curiosité. C'est frais, facile et défricheur...
Boutique Philippe Alvergne
11 rue du Perche, Paris 3e
Tel: 01 42 74 15 35
Site web: www.philippealvergne.com


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