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Les coopolations sauvages du PS sur Internet

Publié le 14 janvier 2010 par H16

Vendredi dernier, je me plongeais avec délice dans la machine à remonter le temps de l’UMP, les Créatures du Passé. J’y découvrais les vestiges d’animaux en voie d’extinction et déjà enterrés dans de nombreuses strates géologiques. Cette fois-ci et puisque l’actualité s’y prête, je me suis lancé un nouveau défi geek en réitérant l’opération « Plongée en Réseaux Troubles »  : je me suis inscrit à la Coopule, le réseau des Socialistes Assumés.

Tout d’abord, une remarque sur le nom.

Pour le site de l’UMP, on avait continué sur la lancée du mirifique clip vidéo qui voulait changer le monde en se plaçant d’emblée dans le domaine du quasi-divin, à vouloir créer du possible par palettes, et avec cette petite touche de modestie typique du quinquennat sarkozien.

Pour le réseau du PS, au contraire, on a fait dans la référence subtile aux années disco, à des seventies endiablées, et, encore plus subtilement, aux folies de l’ère internet. D’un côté, nous avons ainsi « Coop », qui fut, je le rappelle pour les moins jeunes d’entre nous – nostalgie nostalgie – la marque de moyennes surfaces de villages. Pour s’en convaincre, en voici le logo :

Les coopolations sauvages du PS sur Internet

Vous voyez ce petit côté orange pétant, qui nous ramène directement entre Abba et Donna Summers ? Conservez-le à l’esprit, ça va servir quand on abordera le design du site. Quant au oo (double « o »), c’est le plain-pied dans le monde internet pré-2001 : souvenez-vous des noos, kelkoo et autre grobavoo ! Pas de doote, la bande à Martine a bien too compris à l’interweb !

Bien, ne délayons pas plus : allons voir le site.

Les coopolations sauvages du PS sur Internet
Cliquez pour agrandir.

Comme on le constate vite, le site est objectivement à peu près correct. C’est modérément trendy et web 2.0, sans excès, mais y’a pas, c’est moins joli que les Créatures du Passé : ce vert un peu fadasse rend mal avec le rouge qui pète. Sur le plan symbolique, on comprend cependant la direction du PS ; ces choix montrent bien que pour eux, le vert ne doit pas trop se voir et que le rose, ça va bien mais il faut maintenant mettre du vin dans leur jus de boudin eau.

Bon vite vite, je m’inscris. Je n’ai pas le temps de frémir d’impatience, la confirmation m’arrive bien vite, dans un mail d’inscription un peu bousculé au niveau du vécu UTF8, très djeunzs, rafraîchissant, branchouille et sans chichi :

Merci d’avoir rejoint la coopol, la coopérative politique du Parti socialiste.

Tu peux désormais renseigner ton profil sur
http://www.lacoopol.fr/user/validate/…
ou te connecter sur la coopol en utilisant les identifiants ci-dessous:

Courriel: [email protected]
Mot de passe: grozizi (Il s’agit d’un mot de passe provisoire que tu pourras changer dès ta première connexion)

Bon, je suis méchant : quand on le relève avec un mailer décent (pas en ligne, donc), le courriel d’activation est normal, avec tous ses accents comme il faut. On regrettera l’absence d’un petit « Merci camarade » au début, et le changement de jeu de caractère ne permet pas d’introduire le vouvoiement et les formules de politesses.

Evidemment, j’ai sans attendre confirmé mon inscription et je me suis précipité sur mon profil, histoire de comparer avec le pendant des socialistes de droite. Las, chez les socialistes de gauche, le profil est moins ludique et nettement plus orienté « on va faire du travail ensemble, toi et toi et toi et moi« .

Joie et bonheur, on peut « téléverser » une image. Joli terme, ça, téléverser. Délicieusement Toubon compatible, et ça fleure bon le cédérom et le butineur. Ici et maintenant, vous pouvez regarder à nouveau le logo « Coop » ci-dessus, et répéter lentement, en vous-même, les mots « butineur », « cédérom », « ordiphones« , « minitel » et « téléverser ». Vous verrez, cela va admirablement bien ensemble. (NB : un intrus s’est glissé dans la liste. Ami lecteur, le trouveras-tu ?)

Avant même de terminer mon profil, je note, bon point, qu’on peut le supprimer et, de fait, se sortir complètement du réseau social socialiste. C’est appréciable et ça n’était pas possible pour l’UMP, alors que pour l’un comme pour l’autre, c’est probablement l’une des fonctions qui va servir le plus pour les utilisateurs.

Le profil est terminé, je me retrouve sur la page de garde, une fois connecté. C’est vraiment assez kikou et définitivement « lool » :

Les coopolations sauvages du PS sur Internet

Eh oui : dans la Coopul, on a des coopains. C’est troop choo. C’est oossi un peu coomique, sachant que le site s’adresse en priorité à des gens qui sont sensés pouvoir voter (autrement dit, pas dans la plage 10-14 ans que le vocable semble pourtant viser). Il m’a fallu fouiller un peu pour me déconnecter. C’est la petite croix grise un peu timide en bas à droite du widget – pardon, bitooniau.

Au-delà de ce joli widget pardon bitooniau rouge, on dispose d’un panneau assez … disons pas très folichon. C’est du fonctionnel, les enfants, fini de rire. S’il y a du kikolol ailleurs, maintenant, ça bosse, finit la rigoolade : dans les groupes, on en trouve des dédiés, comme « groupe de journalistes », « vivre ensemble à Puteaux« , « désir d’avenir en IdF« , etc…

Fonctionnel, je vous dis. Amusant comme une prison turque, mais fonctionnel. Ça fait un gros décalage avec la version UMP où, à côté d’un design assez pro, on avait choisi la grosse déconnade et les thèmes primesautiers comme « Et si qu’on faisait 12 lignes TGV pour aller à Clermont ? »

Là, c’est plus dur de s’enthousiasmer. Ok, il existe tout de même des groupes plus décontractés. Mais c’est décontracté version « Martine Sourit » ou « Lionel Sort Une Vanne » : « L’économie a besoin d’optimisme ! », « Légalisons le cannabis !  » et « Pour une baisse du prix des cotisations ! »

En conclusion, ce réseau social est un peu l’antithèse de celui de l’UMP. Pour ce dernier, on sentait le truc marketing, fait de paillettes et de showbusiness, à l’esprit winner, marque de fabrique d’un gouvernement perdu dans l’apparat.

Pour la Coopul, ça sent la besogne, la sueur et, pour tout dire, un peu l’ennui. Alors que le site de l’UMP semble s’orienter vers un format boîte-à-lettre où l’inscrit vient déposer une petite crotte propositionnelle sans avoir réellement de retour, le site du PS permet aux frétillants socialistes de se papouiller virtuellement dans des réunions de préparation de la motion de la section locale de Trifouilly afin de barrer le passage à l’adjoint au maire de Trouperdü aux prochaines élections.

C’est clair : ça va pal-pi-ter, un site pareil.

Dans une certaine mesure, je rejoins l’avis de Seb, de Ca Réagit : tant pour l’UMP que pour le PS, je doute totalement de la capacité des cadres du parti à intégrer ces technologies au sein de leurs processus politiciens.

Voyons le bon côté des choses : ils nous amusent bien avec leurs bricolages technophiles.


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