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La bureaucratie, ennemie de l'économie de la connaissance

Publié le 15 janvier 2010 par Lheretique

Il y a près de dix ans, les états européens, réunis à Lisbonne, signaient un document qui devait annoncer l'établissement d'une nouvelle économie pour la zone euro : on appelle de memorandum la stratégie de Lisbonne. Elle devait favoriser l'émergence d'un nouveau modèle social et la métamorphose d'une industrie et de services hautement compétitifs. Dix ans après, l'Europe se dégage péniblement d'une très violente crise financière et les objectifs annoncés sont loin d'être atteints.

Pourquoi un tel échec ? C'est la question à laquelle tente de répondre Charles Wyplosz, un économiste suisse, sur le site Telos. J'ai retenu de son billet le rôle éminent de la bureaucratie dans tous les pays. Pour cet économiste, les effets d'annonce et les tracas administratifs de toute sorte sont un frein significatif à l'éclosion de toute forme d'innovation et étouffe des projets moins ambitieux mais plus réalistes.

La Folie des Grandeurs est à vrai dire un mal bien français, tout gouvernement confondu : la communication a pris une telle importance que le souci premier de la classe politique et des gouvernants est désormais de soigner les apparences plus que tout autre chose. Aucune mesure, même la plus insignifiante prise, sans des déclarations tonitruantes. On promet par monts et par vaux, on multiplie les effets d'annonce, et derrière, c'est le néant ou l'insignifiance dans le meilleur des cas.

A cela s'ajoute la manie toute soviétique de multiplier la paperasse et l'arsenal juridique : Nicolas Sarkozy est symptomatique de ce travers, lui qui fait voter lois sur lois pour un oui ou un non, ou simplement parce qu'un fait divers est à la une de l'actualité.

Je me remémore toujours Christian Blanc évoquant la difficulté à mettre en place les pôles de compétitivité en France : pas un dossier qui ne végétât six mois dans les tiroirs de Bercy quand il eût fallu être réactif dans les trois semaines. L'écosystème de la croissance demeure encore à pérenniser.

Malgré tout, nous ne sommes pas non plus stationnaires, et les pôles de compétitivité se développent au fil du temps. Mais ce qui me frappe, c'est de constater l'absence des Régions dans leur genèse. Tout passe par l'État, et je vois davantage le Ministère de l'Industrie et Bercy piloter le développement de ces pôles que les Régions. Je n'ai pas non plus parcouru tous les tableaux de bord des pôles, mais, ce qui me frappe, pour ce que j'en ai vu, pour l'instant, c'est la prépondérance des investissements publics et surtout, la difficulté pour les pôles à attirer du capital-risque. Très peu de mises en relation avec les business Angels et les capitaux risqueurs en règle générale dans les tableaux de bord. Les pôles ont donc du mal à sortir, en matière d'investissements, d'une logique purement hexagonale.

De même quand l'on examine le nombre d'entreprises partenaires membres du pôle et la quantité de celles qui se déplacent à l'étranger, il y a comme un hiatus. Les indicateurs du tableau de bord se contentent de relever le nombre d'entreprises qui réalisent au moins 5% de leur chiffre d'affaires à l'étranger : si la barre est aussi basse, c'est que l'essentiel de leur commerce est hexagonal, alors que les pôles de compétitivité ont vocation à exporter les partenaires qui les constituent.

In fine, du chemin a été fait, et il faudra du temps, je présume, pour mesurer mieux les effets dus à la constitution de ces pôles. Du temps, il en faudra également pour inciter les universités à s'impliquer davantage dans l'activité des pôles et amener les Régions à dépasser les mesurettes qui font bien dans des magazines mais qui ne font pas l'emploi ni notre commerce extérieur...


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