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Auto-construction : Création d’un plan d’eau écologique

Publié le 15 janvier 2010 par Bioteknik

Piscine naturelle, bassin de baignade, piscine écologique voilà plusieurs façons de nommer une étendue d’eau, créée par la main de l’homme, pour le plaisir des yeux ou d’une baignade.

Création d'un plan d'eau écologique

Le but avéré est de créer une faune et une flore qui entreront en équilibre et la maintiendront.

L’intervention humaine sera réduite au minimum lors de son utilisation.

Revenons sur le point le plus délicat : « créer un équilibre », c’est là que se pose le vrai challenge !

Peux t on réellement se croire capable de créer un équilibre, la nature ne reste elle pas la dernière à juger les procédés mis en place et la façon dont la vie va s’organiser autours et dans cette étendue d’eau ?

Nous y sommes, il faut rester humble devant la tâche, si les bonnes conditions sont réunies alors la vie elle-même se développera.

Il y a deux visions de voir la gestion de cette étendue d’eau, la première : je laisse faire la nature, c’est le mode spectateur, et la deuxième, ma présence et mon influence est indispensable, ça c’est le mode gentil organisateur…

Dans le premier cas, vous allez affronter les aléas de la nature, avec ses bonheurs et ses malheurs, dans le deuxième, c’est vous qui prenez les commandes mais vous serez pieds et poings liés à des techniques et vous devrez faire appel à la technologie (électricité-pompe-UV …)

Essayons de comprendre la vie (aïe, rien qu’un titre comme cela et je sens déjà l’échec !)

Voyons les conditions favorables :

-Des températures équilibrées

C’est-à-dire ni trop chaud ni trop froid, je parle des températures extérieures qui influenceront la température de l’eau et donc la vie qui pourra ou non s’y développer.

Faire une piscine naturelle dans le sud de la France ,en mode spectateur, s’avère à mon avis une tâche difficile, n’oublions pas que ces créations nous viennent des pays nordiques.

-Une eau de qualité, une eau ou la vie se développera de façon optimale, vous ne trouverez pas d’escargots d’eau dans l’eau de votre robinet !!

Nous touchons un point épineux, admettons que j’habite à Toulon, que j’ai une évaporation de 1cm/jour, quelle est ma marge de manœuvre, quelle eau vais-je devoir ajouter pour palier à ce problème car il va falloir préserver la flore plantée de la sécheresse ! J’ajoute de l’eau du robinet, impact sur la faune ? Sur la flore ? Déséquilibre engendré ? Prolifération d’une espèce par rapport à une autre etc …

A votre avis, quelle est alors le meilleur apport ?

Petit aide : visualisez le cycle de l’eau  (naturelle !) …

- Des plantes : elles vont participer au cycle de l’eau et à sa vitalisation.

- Des animaux : ils créeront le côté vivant et un bon équilibre de la faune, ceux-ci pas besoin de les planter !! ils ont des ailes, des pattes, ils rampent  etc …

Voilà, le tableau est planté si je peux dire ! Voyons comment je me suis débrouillé avec tout cela …

Mes conditions climatiques :

- Altitude : 1000m
- Lieu : Le Chambon sur Lignon en Auvergne (43)
- Climat : tempéré mais frais, voir très froid l’hivers ( jusqu’à -20°,  possibilité de glace durant plusieurs mois)
- Eau : pas de source, pas de liaison avec le réseau, seule l’eau de pluie.
- Pluviométrie très correcte dans ces régions d’altitude et de forêt.

Comme vous l’aurez surement déjà pressenti, j’ai une vision très globale de la vie, non chirurgicale, avec ses avantages et ses inconvénients bien sur, d’où la première option pour moi !

J’ai donc choisi d’aller au plus simple et évidement au moins onéreux :

Pour la création du bassin :

J’ai profité de la venue du bull pour le dessouchage et l’excavation du puit canadien pour creuser mon bassin.

Un point non encore signalé est le fait que ma maison est autonome en eau, sans source, la piscine naturelle fait donc office aussi de réservoir d’eau ainsi que bassin final de phyto épuration (quand on aime la difficulté on ne compte pas !).

Explication en quelques mots : une prise d’eau existe au fond de la piscine, une pompe et un sur presseur viennent chercher l’eau et mettent la maison sous pression.

Après utilisation, douche, lave linge, mais attention, pas de toilettes à eau, les eaux grises sont évacuées vers une phyto épuration qui terminera sa course dans le bassin aménagé.

Schéma du cycle de l'eau

 

Revenons à l’excavation, un trou de 100m3 / 80m2 a été creusé, un bassin principal, zone de baignade (prof 2m) est entouré d’une zone de plantation (entre 40cm et 1 m pleine eau).

Schéma de principe

Le béton ce n’est pas mon truc alors j’ai pris le risque de ne rien maçonner,  le sol est stable, pas d’infiltration d’eau,  granitique en décomposition : sablonneux/terreux voir rocheux de temps en temps.

Une bâche de bassin noire type EPDM (1mm garantie 20ans, donnée pour 50 ans) d’une seule pièce a été posée à même le trou, un bidim protecteur dessous bien sûr.

Je vous laisse faire un tour ICI pour voir les bons et les mauvais côtés des différents matériaux que vous pourrez utiliser, cette page est très bien faite rendons à César ce qui est à César …

C’est un jour de beau temps à la fin du printemps qui a été choisi, le soleil assouplissant la bâche, c’est à quatre personnes que nous avons réalisé la pose. Attention si on doit se balader dessous, risque de cuisson !!

 Pas de problème particulier, une bonde de douche a été posée au fond permettant ainsi le pompage de l’eau.

Un point important à savoir : la poussée d’une terre pleine d’eau est plus forte que la poussée de l’eau.

En clair et dans mon cas il y a risque d’effondrement des berges dans le bassin de baignade.

Tout aurait du bien se passer mais c’était sans compter les pluies diluviennes d’un mois de novembre 2008, et surtout le fait que la voirie déversait les eaux de pluie dans mon terrain.

Il n’a fallu que quelques heures pour qu’un ruisseau s’écoule le long de mon chemin d’accès direction la maison …

Une seule solution, le dévier, et vers où ? eh bien dans la piscine pas le choix !

Bilan : un bassin rempli de déchets et de boue, et surtout un trou sain au départ qui s’est transformé en une espèce de grosse mare ! La poussée a donc eu lieu, environ 30 cm de perdu.

Rien de très grave en soi mais bon quand même esthétiquement cela se voit maintenant !

Un an après, le sol n’a plus bougé, preuve que mes prévisions du départ n’étaient pas si mauvaises …

A noter qu’un grand déséquilibre a été apporté par cet épisode fâcheux au niveau du bassin. Apport en tout et n’importe quoi si je puis dire.

A suivi une période très froide, quatre mois à 0 degrés, ce qui a laissé une pellicule de glace de plus de 10cm tout ce temps.

Je vous laisse alors imaginer le manque d’oxygène dans l’eau, ce qui a eu pour effet  une putréfaction poussée et rapide du milieu.

N’oubliez pas que la réserve et apport d’eau de l’habitation c’est la piscine !

Qu’une solution, faire circuler, l’eau, j’ai tronçonné la glace et immergé une pompe.

Circulation pendant plusieurs heures par jour, pour un résultat qui est devenu acceptable …

Il a fallu attendre la fin du printemps pour aspirer les boues …

A l’heure ou j’écris ces quelques lignes, nous sommes début janvier 2010, la glace s’est formée depuis bientôt  un mois, la qualité de l’eau reste très correcte même sans brassage …

Les plantes en altitude ont une vie très courte et il en va de même pour mon bassin, la vie des roseaux se fait entre mai et fin septembre, si bonnes conditions.

Cette été, le deuxième après la plantation, a vu la prolifération des roseaux et iris .

En septembre 2009 des plantes oxygénantes immergées ont été ajoutées, c’est un point que j’avais laissé de côté. On verra l’été prochain leur prolifération.

Toutes les plantes ont été enracinées dans de la pouzzolane et elles semblent parfaitement s‘y plaire !

Les nénuphars ne doivent pas être plantés trop près d’une chute d’eau, j’ai eu l’exemple et celui qui était « arrosé » n’a pas fait de fleurs et  très peu de feuilles …

Les enfants, 3 jeunes garçons, ont passé une grande partie de leurs journées autour du bassin, à observer les animaux vivants, leur reproduction, mode de vie …

Les températures clémentes de cet été nous ont permis de profiter de la baignade, l’eau est montée jusqu’à 27 degrés en surface, la chance d’habiter en altitude, c’est le refroidissement créé par les nuits fraiches. Une importante évaporation a eu lieu quand même, 1 cm tous les 2-3 jours, ce qui peut paraître peu aux propriétaires des piscines de plaine !

Bilan : si vous habitez à Nice, il faudra prévoir de faire des apports réguliers en eau, il est alors intéressant d’avoir des zones d’ombre sur le bassin, soit avec des plantes qui recouvrent la surface soit avec des arbres. Cependant ils auront un inconvénient à l’automne puisqu’ils perdront leurs feuilles qui une fois dans le bassin vont se décomposer et consommer de l’oxygène …

Parlons maintenant du point qui fâche : les algues.

Deux types, les micro algues et les filamenteuses.

Si vous n’employez pas de produits ni d’UV, vous risquez à 90% d’avoir affaire à ces petites bêtes pas méchantes mais qui font un peu « désordre » dans votre eau en théorie claire comme le cristal …

Après, tout est question de temps , de météo et de tout ce que l’on ne maitrise pas, une averse etc …

Entre nous cela ne tient à rien en l’espace de 24h vous pouvez avoir apparition des micro algues, ensuite, si vous voulez laisser faire, de la patience, un jour le bassin redeviens clair, on « revoit les cailloux au fond » !

Il est écrit qu’une piscine naturelle demande au moins une année pour trouver son équilibre, dans mon cas cela se complique un peu puisqu’elle est aussi la phase finale de ma phyto-épuration …

Rendez vous en fin d’été prochain pour voir comment aura évolué le bassin en partant cette fois sans handicap !!

Vous pourrez retrouver des photos sur Mon Blog , un livre a été également écris suite à l’auto construction de ma maison en rondin ou la plupart des procédés écologiques du moment sont en place, un travail de deux années rendu célèbre suite à notre double passage télévisé sur FR2 … 

Sébastien

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