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Un terrible séisme vient de frapper une des zones les plus pauvres du globe, Haïti et sa capitale Port-au-Prince, ont été presque complétement dévastées.
Des milliers de personnes ensevelies ont trouvé la mort tandis que les survivants errent au milieu de décombres.
Ce pays a déjà été durement frappé en 2008 par quatre ouragans et tempêtes qui ont fait près de 800 morts et 300 disparus; le coût de la reconstruction avait atteint 15% du PIB du pays.
Ces catastrophes qui s'enchainent en permanence à travers le monde nous rappellent que mère Nature est capricieuse, rebelle, inquiétante et toujours plus forte que l'homme.
Elles nous rappelle qu'il faut se méfier des belles phrases sirupeuses qui vous invitent, sur fond d'images télévisées bucoliques et paisibles, à relier les liens qui nous unissent à la nature.
Nous connaissons tous ces expressions et en bons citoyens (écologistes dans l'âme) nous sommes prêts à y adhérer instantanément et sans vraiment réfléchir à la nature même de la Nature. Oui, la Nature est belle et généreuse mais elle restera à jamais insoumise et toujours plus puissante que l'homme.
On ne peut donc pas composer avec la nature. Nous ne pouvons que l'étudier, la regarder, l'examiner, l'écouter, la comprendre pour prendre toutes nos dispositions afin de minimiser l'impact de ses pulsions dévastatrices.
L'ampleur du désastre humain que nous constatons à Haïti est lié à l'intensité gigantesque et la localisation du séisme. Mais tout indique que la catastrophe humaine aurait certainement était moindre si ce séisme avec eu lieu dans une autre contrée comme au Japon par exemple.
Pourquoi ?
Le drame de Haïti est son extrême pauvreté qui ne permet pas de construire des logements adaptés à l'environnement.
Rappelons qu'Haïti est située entre deux plaques horizontales (la plaque Caraïbes et la plaque Amérique Nord) qui "frottent".
La plaque Caraïbe se déplace d'environ 2 cm par an vers le Nord-Ouest, la plaque Amérique Nord se déplace vers l'ouest ce qui donne un risque sismique important.
Les constructions devraient donc prendre en compte l'activité cyclonique et les risques sismiques, ce qui est impossible lorsque vous avez déjà des difficultés à vous construire un toit de tôle. Pour mémoire, Haïti a subi plus d'une centaine de cyclones et de tempêtes tropicales depuis le début du 20ème siècle.
Seule consolation dans ce désastre, nous constatons que la solidarité internationale s'est mobilisée très rapidement et que de nombreuses ONG, associations et citoyens se sont mobilisés ce qui montre que l'homme a encore un coeur.
Etre content de constater que l'homme a du coeur peut paraître surréaliste. Pourtant, en regardant l'écart grandissant entre les plus riches et les plus pauvres de la planète, savoir qu'un milliard d'individus a le ventre vide et meurt de soif sans que la communauté internationale se donne les moyens de l'éradiquer très rapidement (et elle en a les moyens au vu des sommes faramineuses qu'elle a pu mobiliser en quelques semaines pour sauver les banques), constater les résultats de Copenhague sont autant d'indicateurs qui doivent nous conduire à nous interroger sur la nature humaine.
Mais ce qui est dommage, c'est que la générosité du coeur intervient toujours dans des moments de catastrophe extrême et qu'elle est incapable d'agir sur le long terme pour sauver l'humanité d'une catastrophe annoncée car celle-ci semble encore éloignée.
Dominique Lemoine