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La fiction française m'a tuer

Publié le 17 janvier 2010 par Ladytelephagy

Les séries françaises...
J'en vois déjà plusieurs parmi vous qui poussent un soupir résigné, et ils ont raison : ce post ne va pas être joli. Oh non. Pourtant, c'est pas comme si je n'avais pas prévenu tout le monde : je n'ai pas la moindre foi en la fiction française. Je fais beaucoup d'efforts pour en finir avec mon pro-américanisme primaire (et côté Asie, ça marche plutôt bien, et je vous ai déjà parlé de séries britanniques, néo-zélandaises et même indiennes, c'est dire si je fais un travail sur moi), mais je ne me sens pas aidée. Il faut préciser que je n'ai pas Canal +. Oh bien-sûr, une fois de temps en temps, je m'assieds devant une diffusion de Kaamelott en prime time, et j'ai envie d'embrasser mon téléviseur, oui, évidemment... mais enfin, ça reste une situation minoritaire. Rarissime, même. Et ça fait des années que je ne suis pas tendre, et que je ne loupe personne au tournant, en plus. Donc j'estime que tout le monde était effectivement prévenu.
Alors, quand je lance le pilote d'une série française, je trouve normal d'être sans pitié. Je veux dire : ou alors c'était pas la peine de venir, les gars, fallait rester à la maison.

Je suis très en colère, en fait. Fâchée de chez fâchée. J'ai le sentiment qu'on n'arrive à rien. Et tout ça c'est justement la faute de Kaamelott, précisément. Pour moi, cette série est le symbole de l'espoir télévisuel grand public en nos contrées. Kaamelott, pensais-je, va nous sauver. Et je me rappelle comment mes espoirs se sont brisés quand M6 nous a sorti Off Prime, par exemple. Ou comment ne pas tirer de leçon et refaire de la comédie lourdingue des années 90. On n'allait jamais s'en sortir.

Il y a un bout de temps de cela, j'ai commencé à entendre parler de Hero Corp. Et je me suis dit que si un Astier était à la barre, c'est qu'il avait bien dû apprendre deux ou trois trucs des apports de son aîné au monde de la télévision française, et qu'on allait peut-être, enfin, oui c'est sûr, il ne faut pas désespérer, voir fleurir non pas une série porteuse d'espoir, mais toute une génération de séries.
Et puis j'ai regardé le pilote.

HeroCorp_logo

J'ai une affection particulière, vous le savez, pour NERDZ et Flander's Company, vous le savez sans doute. Mais cette sympathie se fait en toute conscience d'une chose : leur degré d'amateurisme. Je sais qu'il n'y a pas beaucoup de sous. Je sais qu'il n'y a pas beaucoup d'exposition médiatique. Je sais que ça tient souvent du délire entre potes. Et ce sont des séries dont le plan marketing, d'ailleurs, est fondé sur ces trois piliers (à différent degré l'une de l'autre). Je n'attends pas d'effets spéciaux incroyables (mais suis ravie d'en voir), je n'attends pas d'intrigues fouillées (mais adore voir que ça ne les empêche pas d'essayer), et je n'attends pas, c'est sans doute le plus important, une qualité d'interprétation digne de l'Actor's Studio (mais ait trouvé que certains acteurs avaient à en remontrer à d'autres plus connus). Je n'oublie pas que ces mecs-là, le reste de la semaine, ils sont graphistes, profs... on ne peut pas demander trop à des personnes qui n'ont pas le temps de vivre de leur fiction. Et tout est à regarder dans cette optique, ce qui, je le précise encore, n'évite strictement pas les excellentes surprises.

Voilà donc mon problème : quand CALT produit une série pour Comédie! et France 4 sur l'idée d'un auteur et comédien dont c'est le travail à plein temps, j'attends plus. J'exige plus. C'est un minimum que de ne pas faire du travail amateur dans ces conditions. Ce devrait aller sans dire.
Mais le pilote de Hero Corp, je garde la conviction que l'équipe de NERDZ aurait pu le réaliser sans qu'on y voit beaucoup de différence. Et ça me met rudement en colère.

Le plus horripilant n'est même pas dans la réalisation ; elle a d'ailleurs un ou deux bons moments (essentiellement au début de l'épisode). Non. Le comble de l'horreur, le truc qui me fait faire la tête du Cri de Munch, ce qui me hérisse le poil, c'est l'interprétation. Je supplie les acteurs français de nous tuer plutôt que de continuer de nous infliger ça. Merde les gars, à ce stade, AB Prod avait aussi bien fait de s'occuper du casting ! C'est pas possible. On ne peut pas humainement imposer ça à ses spectateurs. Pourquoi vous ne vous mordez pas les joues pour éviter de rire, aussi ? C'est au-delà de mes forces.
Le problème de Hero Corp, c'est très certainement de ne soutenir la comparaison avec Kaamelott à aucun moment, sauf qu'elle se fait automatiquement, non seulement à cause de Simon Astier, de l'univers décalé, mais du ton choisi pour les dialogues. Ton des dialogues, j'ai dit, pas ton de l'histoire. Car, et c'est sans doute là que le bât blesse, les personnages semblent baigner dans une comédie à la Kaamelott là où l'ambiance cherche à instaurer du mystère. Mystère qu'on ne peut pas un instant prendre au sérieux puisque les acteurs persistent à s"invectiver avec fougue et à faire les pitres là où il aurait fallu cultiver de vraies pauses sérieuses dans la narration. Mais Simon n'est pas Alexandre, et le résultat manque de finesse voire de soin. Le résultat donne une impression de travail à la va-vite, de torchage mal pensé, et peut-être même, si l'on est de mauvaise humeur comme moi à présent, de copie éhontée.
Non, Hero Corp n'a rien de la révélation que j'attendais. Mais vous savez quoi ? Je vais quand même tenter le second épisode. Parce que même fâchée, désormais j'ai l'espoir.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Hero Corp de SeriesLive.


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