Magazine Humeur

L’Adam de sagesse.

Publié le 18 janvier 2010 par Ruminances

bacon02.jpgLa théorie de l'évolution, certains s'en sont emparés pour en faire la théorie de la révolution, qu'elle soit idéologique, culturelle ou médiatique. L'évolution invalide l'existence d'un premier homme unique, ces derniers jours on ne peut que lui donner raison. La révolution se veut urbaine, verte, Française, cardiaque, Russe, industrielle et télévisuelle…

Ce fruit des fendus de l'anecdote informative, pousse dans un drôle de jardin d'Eden sans véritablement se préoccuper de savoir si l'herbe y est franchement plus verte qu'ailleurs. Echouer sur cette côte, c'est prêter le flanc à des désordres amoureux, chercher la femme et si,  par malheur,  elle se présente à vous sous les traits d'Arlette Chabot, il ne vous restera que très peu de solutions enviables : la noyade, la pendaison, la non grève de la fin du monde ou,  moins douloureux, la masturbation…

Priez pour nous, pauvres prêcheurs. La morale ces jours-ci s'est réfugiée dans les chaussettes, faut dire qu'avoir les pieds sur terre laisse à désirer en ce moment. En Haiti, la terre a tremblé. Caillou de désolation et de gravats. Flots d'images qui abreuvent nos sillons hertziens jusqu'à l'insoutenable, si vous êtes à table bon appétit ! L'enfer sur terre, et en dessous des milliers d'ayants droit à rien, si ce n'est agoniser depuis des décennies. Saura-t-on un jour faire l'économie de cette mort sur ordonnance qu'on nous donne,  tel notre pain quotidien, parce qu'Haiti avant “attention la secousse”, tout le monde ou presque s'en foutait royalement. Une misère galopante, une corruption rampante, une paupérisation insupportable. Si sweet Jeanne est passée comme un ouragan en 2004, dévastant un peu plus ce qui pouvait l'être encore, l'histoire de cette île se résume à un développement qui n'a rien de durable. Esclavage, colonisation, exploitation, corruption, dictature, là on ne parle plus des dix plaies d'Egypte mais de ce que  la bonté humaine est capable d'offrir à son prochain ! Qui se rappelle que les Duvalier avaient déjà fait trembler la terre, l'inondant d'une mer rouge sang savamment déversée par les escadrons de la mort, régime d'exception pour période de la terreur, révolution viande hachée façon boucher des vanités. Tonton macoute chair. Le pouvoir est une mission d'intérim en Haiti, être président est une mixtion quasi impossible, tu signes pas un CDD mais un bon de sortie en cas de coup d'état, l'aide de Dieu n'est pas un jeu d'enfant de choeur, et Dieu porte 50 putains d'étoiles autour de la tête quand Haiti ne se contente que de porter le deuil. La mariée était bien en noir, le cocufieur n'était pas pour autant d'un blanc immaculé. Une main sur la bible, l'autre sur le pays depuis des lustres, l'oncle Sam gère la réplique et la donne à voir jusqu'à écoeurement.

Pour mieux oublier dame nature et ses prédispositions à la tremblote, on se met au jaja de Broadway, c'est pas du vrai de vrai mais vu ce qu'on nous refile à boire  à la téloche, autant se biturer au kiravi.

Parce que du ravi, y'en a du sacrément survitaminé dans la boite à images. Les émissions politiques s'articulent autour de leurres de vérité, l'ami Rodolphe en a fait la parfaite synthèse dans son billet. Le journalisme avance la gamelle à des chiens bien enragés, ça a beau être aux abois pendant que la caravane donne dans l”épilepsie tricolore, mais ces chiens là ne voient vraisemblablement qu'en monochromatique, champ de vision de plus en plus réduit. La nationalité a-t-elle une identité ? être personne, qu'on soit Français de souche ou d'origine étrangère ne changera rien à la donne, on restera ce que l'on est. Alors le politique exploite le filon, Gaudin se fend de l'hospitalité qui se fout de la charité, stigmatisant la déferlante Algérienne venue noyer la Canebière après un match de foot. Sombre objet du désir, ces harems globe trotteurs venus des quartiers exprimer leur amour pour leurs origines. Marseille, cette bouche de vieille qui a dû coucher avec tant de nationalités à en devenir cosmopolite, voit certains de ses fils saisir le débat sur l'identité nationale comme une bouée de sauvetage. Maire de tous les vices, Jean Claude y va de son planter de bâton dans le dos, ces fils dénigrés ont eu l'indécence d'oublier le drapeau Français pour fêter la qualification Algérienne. Pour le coup, ça ne lui a pas plu et il l'a dit avant de s'excuser d'avoir voulu faire du Le Pen. Mais l'accent tonique n'excuse pas tout, prétendre que ” nous nous réjouissons que les musulmans soient heureux du match [Egypte-Algérie, en novembre]. Sauf que quand après, ils déferlent à 15 000 ou à 20 000 sur la Canebière.” Le mot est lâché, le Musulman est dangereux, belle aubaine pour ramasser les miettes du borgne, l'identité nationale fédère la haine. M Gaudin sème  gentiment en désignant d'où proviennent les pépins, et question mauvaises graines, il sait parler à son électorat,  certes élevé en liberté,  mais qui s'empresse d'oublier l'égalité et la fraternité… un dérapage incontrôlé de plus. Besson a oeuvré pour le compte de son président, relayant un discours sans la méthode où seule émerge l'aversion. Marseille devenue port de complaisance c'est pas nouveau, mais quand la croisière s'amuse à faire dans l'identité nationale, on se dit que les chiottes auraient été plus appropriés.

Les chiottes justement, la merde,  celle qui te colle pour ne plus te lâcher. C'est arrivé près de chez nous, parce que pendant qu'on dissertait,  ça et là,  sur l'identité machin, Emmaus semblait être dans les petits papiers des forces de l'ordre. En ce début damné, on étrenne la savate et le crève la faim. C'est sans doute qu'on aime son prochain plus que de raison en France. Alors on va chez l'abbé pour y faire du chiffre, saisir des sans papiers comme on saisirait une chance venant définitivement du passé. Le vieil homme n'est plus, ses enfants non plus, Hirsh a fait son trou dans un haut commissariat, ces affaires lui sont de plus en plus étrangères semble-t-il. Les compagnons commencent à connaître la chanson, et pour certains d'entre-eux, le tour de France se termine inévitablement en zone de rétention. Drôle de contre la montre, où la trotteuse qui court te rapproche un peu plus vite de la mort, ici le blondin local est un maton qui ne te proposera jamais une échappée en solitaire.

Solitaire on l'est plus que jamais devant son verre vide, ivre de douleur et de rage. Solidaires, on aimerait que les hommes le soient un peu plus, alors qu'ils continuent à prier leur bon dieu tout en le remerciant d'être encore vivant même si cette putain de vie n'est que calvaire et chemin de croix. Les toiles du berger font parfois perdre le Nord.


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