Magazine Société

Comment gagner 54 milliards d'euros de recettes fiscales et sauver la sécu et l'industrie française ?

Publié le 18 janvier 2010 par Edgar @edgarpoe

Les Etats-Unis et la Chine (pour les plus importants) ont des monnaies artificiellement dévaluées de 30% environ par rapport à l'euro (merci à Jean-Claude Trichet).

Keynes, au moment de Bretton-Woods, avait proposé un système dans lequel les pays connaissant des excédents commerciaux réévaluent leur monnaie. Tout le monde se dit keynésien aujourd'hui mais on entend peu d'intervenants se soucier de remédier aux déséquilibres commerciaux gigantesques qui causent les perturbations financières que nous connaissons (ce sont les excédents de capitaux moyen-orientaux et chinois qui créent des bulles un jour immobilières, l'autre sur les métaux précieux etc...)

La taxe de libre-échange, que j'ai proposée dans un billet antérieur, et encore discutée récemment, compenserait l'absence d'un tel système de régulation dans les échanges internationaux.

Appliquée aux produits chinois, la taxe conduirait à percevoir 40% d'impôts sur les produits chinois entrant en France (pour compenser une baisse de 30%, il faut ajouter environ 40% à ce qui reste). Nous percevrions donc 40% de 31 milliards d'euros d'achat par an, soit une douzaine de milliards d'euros pour le budget public. L'équivalent de la taxe intérieure sur les produits pétroliers, qui frappe l'essence. Ou un peu moins de ce que nous coûte l'Union européenne chaque année.

Bien sûr, nous importerions moins de produits chinois. Mais nous produirions certainement plus d'Ipod en France, ou d'appareils photos ou tout autre objet aujourd'hui fabriqué en Chine.

Le calcul de coin de table que je cite ici n'est pas un chiffre en l'air. On peut lever les épaules et dire que j'élucubre. Il n'empêche que les 12 milliards d'euros que je mentionne ici sont exactement ce qui manque au prix chinois pour atteindre leur valeur de marché si le yuan était correctement évalué. C'est le montant des soldes que le gouvernement chinois offre au consommateur européen (sur le dos du travailleur chinois qui voit retardé d'autant le montant où il bénéficiera d'une sécu etc...)

Ce sont également 12 milliards d'euros d'économie que doivent essayer de faire les indutriels français sur le dos de leurs salariés s'ils veulent rester compétitifs... Si nous continuons donc à dormir (ou à faire confiance à l'Union européenne, ce qui revient exactement au même), l'industrie française continuera à perdre ses emplois et ce ne sont pas les rêves délirants d'une économie fondée sur la gratuité qui nous habilleront, nous logeront et nous nourriront.

Qui a les moyens de tenir dans ce cadre mondial déséquilibré, et peut donc s'opposer à des mesures de rééquilibrage ?

1. Les actionnaires des sociétés occidentales qui délocalisent, leurs banquiers et toute la classe qui vit en satellite autour d'eux (journalistes éco payés à vanter les louanges du marché). Même ceux qui ne délocalisent par parce qu'ils sont sur une niche ou autre cas particulier sont ravis que la pression chinoise incite les salariés à ne pas la ramener ;

2. les fonctionnaires dont les salaires sont stables et ne risquent pas d'être concurrencés par la main d'oeuvre chinoise soldée (en plus ils ont 30% de soldes permanentes sur les Ipod. Les salariés de l'industrie ont aussi les soldes sur les Ipod mais avec un très fort risque de perdre leur job). Ils ne sont pas indifférents, ils sont juste inconscients de ce que l'inconséquence de la politique économique menée dans le cadre européen est totalement inepte ;

3. les salariés du marketing, de la pub, les comptables (attention, les services comptables commencent à se délocaliser...), les juristes et tous les métiers tertiaires déconnectés de la production. Faire de la pub pour un Ipod fabriqué en Chine ou en Basse-Normandie, c'est du pareil au même.

Il y a donc pas mal de gens qui peuvent aujourd'hui danser sur un volcan et laisser le système américano-chinois manger la laine sur le dos des salariés de l'industrie et de la classe moyenne. Sauf que quand il n'y aura plus d'impôts pour payer les fonctionnaires, et que les chinois auront maîtrisé les fonctions tertiaires supérieures, il sera trop tard pour pleurer.

*

Quid des importations en provenance des Etats-unis ? Keynes souhaitait la réévaluation des devises dont les pays accumulaient des excédents commerciaux. C'est clairement le cas de la Chine. Pour les Etats-Unis, ils ont à la fois une devise sous-évaluée et des déficits commerciaux. Ce phénomène atypique est dû à la place du dollar comme monnaie de réserve du système monétaire international. On pourrait parfaitement justifier une taxation des produits fabriqués aux Etats-Unis en arguant qu'il s'agit d'un avantage indû. C'est une dizaine de milliards de dollars supplémentaires que nous collecterions.

*

Dernier moyen de récupérer une dizaine de milliards de dollars : sortir de l'Union européenne et arrêter d'entretenir 5000 fonctionnaires dans les ambassades européennes, toute la bureaucratie européenne qui passe son temps à s'occuper de tout et n'importe quoi en violation du principe de subsidiarité. L'Union nous coûte une douzaine de milliard d'euros par an.

*

12 milliards avec la Chine, 10 avec les Etats-Unis, 12 avec l'Union européenne. Un gouvernement français libre et intelligent gagnerait 54 milliards d'euros. Une à quatre années de déficit de la sécurité sociale. Vous préférez ça ou les fermetures d'hôpitaux ?


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Edgar 4429 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine