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Avec l'affaire Vincent Peillon: On brûle désormais la connaissance et les livres

Publié le 18 janvier 2010 par Oldchaps

Pardon d’être redondant sur cette information triviale pour les lecteurs informés, mais voici un recensement à la Prevert non exhaustif de la situation actuelle :

  • Edouard de Rothschild est le propriétaire de Libération depuis 2005.

  • Serge Dassault (Fils de Serge Dassault) est le propriétaire de de la Socpresse (l’ex empire Hersant) depuis 2004. La socpresse  détient le Figaro.

  • Martin Bouygues (fils de Françis Bouygues) possède TF1, LCI, Breizh, Odyssée, Histoire, Métro et la plate forme de blogs Over-Blog.

  • Arnaud Lagardère (fils de jean-Luc Lagardère) possède via le groupe lagardère : Europe 1, Virgin Radio, Virgin 17, Hachette, MCM, RFM, CanalJ,Gulli. Arnaud lagardère est également actionnaire minoritaire du quotidien le Monde.

  • Vincent Bolloré (fils de Michel Bolloré) possède Direct8, Direct Soir, Matin plus, il siège de plus au conseil d'administration de Médiamétrie et reste propriétaire de l’institut CSA de sondage.

  • Bernard Arnaud possède depuis 2007 le quotidien économique Les échos, après avoir été propriétaire de la Tribune.

Ces six personnes, à elles seules, contrôlent actuellement une grande partie des médias qui comptent aujourd'hui en France, sachant que ces six personnalités ont également leurs entrées à l’Elysée  personnellement ou professionnellement, le panorama que je viens de dresser en quelques lignes est assez limpide :
Les conflits d’intérêts économiques, éthiques, personnels et politiques tournent en boucle fermées autours de ces Hommes de pouvoirs. La manipulation de l’information, les conditions de travail inhumaines chez certaines filiales de ces groupes ne plaident pas en leurs faveurs. Cette situation a été dénoncée politiquement dès Avril 2007 par François Bayrou et Ségolène Royal. Dénoncer est une chose, réformer en est est une autre puisqu'il faut avant toute chose avoir la volonté. Force est de constater que non seulement cette volonté fait défaut mais que le pouvoir exécutif pousse pour une consolidation du secteur.
Les investissements dans les médias précédemment cités rapportent rarement de l'argent à leurs propriétaires. L’intérêt est ailleurs.
Le Conflit d’intérêt entre L’UMP, l’Elysée et les 6 patrons de presse précédemment cités est avéré
Le pouvoir et les médias fonctionnent donc de pair, les approximations et les contre-vérités diffusées dans ceux-ci font partie de notre quotidien. Je mets le doigt de temps en temps sur une de celle-ci, mais pour une pointée du doigt: combien atteignent leurs cibles ?
Dans cette phase de recomposition (dé-composition ?) économique de la presse écrite, les erreurs ne sont même plus mis en exergue, voire relevées, par les journalistes. La déontologie fait place à une recherche d’un boulot « à tout prix ». Dans ce salmigondis en décroissance perpétuelle, les aides gouvernementales viennent rajouter une couche de complexité de ces Business-models en perdition, et une couche d’intérêts bien compris par tous d'ailleurs.
Ainsi, une journaliste que j’avais mis en cause pour un papier incorrect a accepté le verdict de mon billet tout en me demandant (par mail) que son nom soit supprimé de mon billet…au cas ou un de ses futurs recruteurs Googleiseraient son nom…
Pour moi, les médias sont déjà suspects à priori de manipulation et de désinformation à chaque fois qu’une information politique, diplomatique et économique, nous est livrée. Nous digérons effectivement en permanence des informations de type Bonaparto-Libertariennes unipolaires. L’écart entre les informations que je consulte quotidiennement sur le Web et celles éditées (voire édictées) par cet organe de presse unifié que sont devenus les anciens médias est éloquent.
Nicolas Sarkozy vient, une fois de plus, de nous fournir la preuve de cette connivence de fait : dixit Le Figaro du 14 janvier qui a diffusé cette information : « Le président de la république veut faire de la pédagogie de son action ».L’Elysée a donc choisi comme date le 25 janvier. Le président s'entoure donc de jean-Pierre Pernault, le présentateur préféré des retraités pour évoquer sa seconde partie de mandat. Une tranche d'age dans laquelle le président vient de perdre une grande partie d'électeurs historiques récemment. Cela tombe bien car jean-Pierre Pernault n'est pas spécialement réputé pour être une foudre de guerre en tant que journaliste politique...surtout lorsque celui-ci est issu de l'UMP. Alors pour contre-balancer cette "communication d'état", le président s'entourera également de 10 Français (plus petits que lui?) souple de l'échine et d'une Laurence Ferrari, toujours en recherche d'audience pour justifier son poste.....

Manipulation n'est même pas le terme adéquat, collusion d'intérêts convergents semble plus approprié à une telle situation.

L'effet Vincent Peillon

Jeudi dernier, également allais-je dire, Vincent Peillon a joué du même type de manipulation à l'encontre du média france2 et de la journaliste Arlette Chabot. Une volée de bois vert continue de s'abattre sur cet érudit entré en politique, celui-ci a pourtant agit grossièrement avec les même méthodes que le consortium rôdé et huilé d'en face, il est venu s'expliquer sur son geste, alors qu'il aurait pu prétexter une douleur le clouant au lit, ou une foulure à la cheville pour obtenir le même résultat: un long tapis rouge déroulé à Eric Besson suivi d'une dispute entre lui et Marine le Pen .

La rédaction de France2 s'est soudain sentie humiliée, elle qui faisait peu de cas de l'humiliation de cette même Arlette Chabot par le président à New York. Question de jugement sans doute.

Tous les invectives pleuvent désormais sur Vincent Peillon, à grands renforts de valeurs éternelles retrouvées. Elles sont évidemment veines mais je ne peux m'empêcher de penser qu'avec cette cabale dont Vincent Peillon fait l'objet: on brûle bien plus que son image et ses idées: nous brûlons aujourd'hui la culture et la connaissance. Le député socialiste déclarait en septembre dernier : sarkozy est le symptôme de l'abaissement national: il vient d'en faire les frais.

Réflexions sur la presse Française

Pour prendre du recul, rien ne vaut l'avis d'un journaliste voisin, et lorsqu'il est Belge, on en reprend deux fois plutôt qu'une. Voici donc l'avis éclairé du journaliste free-lance Michel Collon sur la couverture médiatique réalisée par les médias Français sur le Vénézuéla qu'il connait bien:


Désinformation médias propagande de guerre - Michel COLLON Pour finir ce trop long billet, je ne pourrais que citer Michel Collon citant lui-même  Albert Einstein:
  • Le capital privé tend à se concentrer entre quelques mains, en partie à cause de la compétition entre capitalistes et en partie parce que le développement technologique et la division croissante du travail encouragent la formation d’unités de production plus grandes au détriment des plus petites. Le résultat de ces développements est une oligarchie de capital privé dont le pouvoir exorbitant ne peut effectivement pas être contrôlé même par une société dont le système politique est démocratique.

    Cela est d’autant plus vrai que les membres des corps législatifs sont choisis par des partis politiques largement financés et influencés d’une manière ou d’une autre par des capitalistes privés qui, en pratique, éloignent les électeurs du corps législatif. En conséquence, les représentants du peuple ne protègent pas suffisamment, dans les faits, les intérêts des secteurs les moins privilégiés de la population.

    En plus, dans les conditions existantes, des capitalistes privé contrôlent inévitablement, d’une manière directe ou indirecte, les principales sources d’information (presse, radio, éducation). Il est alors extrêmement difficile et même, dans la plupart des cas, tout à fait impossible pour le citoyen individuel de parvenir à des conclusions objectives et de faire un usage intelligent de ses droits politiques.


Avec l'affaire Vincent Peillon: On brûle désormais la connaissance et les livres


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