Comment un mouvement constitué à l'occasion des élections européennes, est-il devenu aux yeux de nos chers et tendres médias, une force politique incontournable présentée tantôt comme la nouvelle force de gauche, tantôt comme le renouveau de la politique?
Plusieurs copains blogueurs ont répondu à l'invitation du mouvement pour le lancement de la campagne pour les élections régionales, ce samedi 16 janvier à Montreuil: l'occasion pour tous de découvrir les reportages brillamment réalisés par notre talentueuse blogosphère politique.
Néanmoins, je ne puis m'empêcher de réfléchir à ce qui nous a amené aujourd'hui à considérer un mouvement constitué par opportunité électorale, qui n'avait pas vocation à se constituer à l'échelle nationale, et dont on n'évalue que très mal l'idéologie centrale, comme aujourd'hui le messie de l'opposition politique?
Rappelons le score tout à fait isolé du mouvement écologiste aux élections européennes, et le fait que la grande partie de l'électorat flottant s'étant exprimé en leur faveur était bien incapable de ne citer qu'une ligne de leur programme.
L'image, toujours l'image.
Aujourd'hui encore, l'absence de fond commun est criante. Parfois, on s'accorde sur la proximité évidente du mouvement écologiste avec l'idéologie démocrate, d'autres sur la collusion entre les antilibéraux et altermondialistes, tendance extrême-gauche. Pour le moment, Europe-Ecologie se contente de faire du name dropping, c'est-à-dire de baser son action politique sur des personnages, plutôt que sur la communication du programme et de leurs idées phares.
Entre Philippe Meirieu, le grand défenseur de l'école poubelle que nous connaissons, José Bové, l'atlermondialiste, pourfendeur du libéralisme, Eva Joly, proche des idées démocrates, Dominique Voynet, issue de l'écologie classique de gauche, Augustin Legrand, plutôt tendance extrême-gauche, le casting a tout l'air de se fonder sur les déçus des partis traditionnels, à l'image des 16% réunis lors des élections européennes.
Sauf qu'on ne bâtit pas un parti sur la simple base d'une déception commune car tout le monde n'en tire pas les mêmes conclusions. On pourrait faire l'analogie avec le Mouvement Démocrate qui avait réuni à l'origine les électeurs désabusés par le PS et l'UMP...sauf que:
1. François Bayrou et son programme présidentiel de 2007 ont précédé la création du Mouvement Démocrate
2. Il existait donc une base idéologique sur laquelle les électeurs se sont retrouvés outre la simple déception
Aujourd'hui, de toute évidence, Europe-Ecologie a remplacé le Mouvement Démocrate en tant que trublion du paysage politique français, mais toute la question est de savoir ce que ce mouvement compte faire de cela.
Les Démocrates peuvent s'inquiéter de l'essor opportuniste de ce mouvement car si le MoDem portait l'espoir de l'émergence d'une véritable alternative politique qui rassemblerait tous les démocrates de France, Europe-Ecologie n'a pas encore montré patte blanche à cet égard.
Il est possible qu'émerge une déclinaison des Verts dans le positionnement idéologique, ce qui ne serait qu'une répétition du schéma classique politique avec une coloration écologique, la cacophonie en moins, le leadership à gauche glissant des mains du PS vers ce mouvement.
Il est tout aussi possible qu'Europe-Ecologie soit porteuse de l'espoir démocrate, ce qui provoquerait irrémédiablement une défection sur la gauche et une adhésion au centre, le MoDem se verrait ainsi absorbé de facto dans ce grand rassemblement.
Pour le moment, bien que certains jureraient qu'il en est autrement, Europe-Ecologie ne réunit sur son nom que des déçus dont la typologie reste très hétéroclite.
Les électeurs ont voté pour un espoir informe, celle d'une alternative dont on ne mesure pas la portée ni le sens. Ils y ont vu une image, une illusion.
Mais quelle réalité se cachera derrière l'illusion? Là est la question.
Pourvu que ce ne soit pas la gueule de bois, pourvu que le rassemblement démocrate ait lieu.