Magazine Société
J’ai vu la bête craquer, cet haïtien fort et sans peur, plus charmeur que rieur. La secousse du matin a frappé dans les genoux. Comme le but égalisateur en fin de troisième. Le genre de claque sur le nez qui laisse plus de marque dans le cerveau que sur l’épiderme. Elle fut courte et moins dévastatrice que la première (tout en terminant le travail inachevé par sa prédécesseur). Dans la tête toutefois, elle a fait sa marque ; tout le monde sait qu’elle peut encore frapper. Des partenaires découragés, au bord des larmes, des ‘toujours présents’ qui songent à quitter le bateau pour la campagne, question de protéger femme et enfants. Épuisés de vivre dehors, sans espoir de voir un toit les accueillir pour les prochaines semaines, si ce n’est les prochains mois, plusieurs manifestent des signes de découragement. Il faut sûrement se questionner sur la fuite des cerveaux. Depuis un an, je rencontre de ces hurluberlus amoureux de leur pays qui ont toute leur vie refusé de gagner plus et mieux leur vie en France, au Canada ou aux USA. Là où ils sont allés faire une spécialité ou des études supérieures. Ils ont accepté de passer par la période trouble du départ d’Aristide, de naviguer quotidiennement dans l’insécurité ou de sortir les bottes de pluies pendant les ouragans, mais là, la bouchée apparait trop grosse. Aujourd’hui en tout cas !