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Anthologie permanente : Stéphane Bouquet

Par Florence Trocmé

pages 6 et 7 : (Thrène pour William C. Koprince, parmi d’autres)
UN GARÇON DANS LA PHOTO –
     
les mères vont venir ranger
très bien le corps,
disposer les rayonnages de roses
     
quelqu’un porte un marteau-piqueur sur l’épaule
pour percer les murs de la cave
jusqu’à l’après-paysage
     
Vous voulez savoir ce qu’il guette ? Peut-être
son souvenir le
plus brutalement souvenir :
     
la nappe flottante de la mer dans l’été
le crépitement de soleil
sur le parcours d’herbes asséchées,
     
il est vraiment venu ici, au bout et haut
de sa respiration, a franchi
les clôtures militaires, c’est la véritable histoire
     
« pas eu le courage hier soir et ce matin : ce matin !
nom de notre nouveau code si tu veux
je sors nu dans la tribu de tiédeur »
     
il y a six autres traces gardées de lui,
une à une alors voici
l’offrande au garçon dans sa tombe
     
1. « Le visage des scorpions doubles me font penser à celui des rats. » Une phrase que j’ai lue hier soir dans un journal, la nuit venait, il me semble qu’il y a une faute de grammaire, n’empêche ça pourrait suffire à ta réconciliation avec les rats j’ai trouvé. Je t’embrasse.
     
2. Un SMS : « on peut se voir ? » Et un autre SMS la réponse : « oui on peut se voir se regarder etc etc. »
     
3. La nuit venait, les ampoules brillaient sur les meubles doux.
     
4. Ci-joint ce visage pour que tu essaies de comprendre ce qui est encore probable. Je ne me souviens plus si c’est celui, exactement celui, que j’ai exposé des années dans les rues, protégé de ses meilleures crèmes et qu’il est vrai un nombre certain de gens… – enfin tu vois ce visage avant revêtu dans les matins.
     
5. C’est vraiment gentil d’y avoir pensé et en plus d’avoir envoyé cette précision que Billy est né aujourd’hui aussi. C’est pour ça qu’il voulait être contenu dans des mains ouvertes, ruisselantes. Avec en plus le colis de 2 pots de miel inespéré, ronces et lavande sauvage, je t’embrasse tellement.
     
6. Et moi aussi, secrètement, secrètement, je me dépose dans la bouche duveteuse des choses.
     
Stéphane Bouquet, « Le Cahier de méditation », Nos amériques, Champ Vallon, 2010, p.74 et 75.
     
     
     
Contribution d’Ariane Dreyfus.
     
     
     


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