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Les larmes, coco, ça fait vendre

Publié le 22 janvier 2010 par Davidme

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Mercredi soir, j’étais devant ma télé. J’ai zappé et me suis retrouvé sur I-télé, la chaîne d’info du groupe Canal +. C’était le 22h, animé par Thierry Dugeon. Et là, je crois que le summum du sensationnalisme et du non-journalisme a été atteint. Thierry Dugeon interroge un téléspectateur qui a perdu « son frère, euh non pardon, sa sœur dans le tremblement de terre à Haïti ». Et là le dit téléspectateur raconte son mal-être. Le fait de ne pas avoir de nouvelles de sa sœur disparue etc… Poignant certes. Journalistiquement inopérant. Quel est l’intérêt de ce genre de témoignage 10 jours après le drame ? Quel est l’intérêt pour le téléspectateur si ce n’est assouvir ses pulsions voyeuristes ?

Une fois de plus le traitement journalistique de cette catastrophe haïtienne aura été très défaillant. Défaillant dans l’hystérie collective qu’il implique. Défaillant surtout puisqu’il met encore une fois en lumière le fonctionnement vicié de nos médias. Ceux-ci et surtout la télévision sont gouvernés par la fameuse « loi de proximité » enseignée dans toutes les écoles de journalisme. Selon cette loi, le journaliste doit d’abord se préoccuper de ce qui est proche de lui et peu intéresser potentiellement les gens. En clair, le téléspectateur préfère entendre parler de l’artisan du camembert plutôt que de la misère en Haïti. Or, si les médias se souciaient moins de la proximité et s’intéressaient de temps en temps à la misère à Haïti, à son histoire, ils ne donneraient pas l’impression de ne pas comprendre pourquoi tout s’est écroulé en Haïti alors qu’à Los Angeles le même tremblement de terre aurait fait beaucoup moins de dégâts. Malheureusement, ces sujets ne font pas d’audience. Moins, en tout cas que Raoul qui vient pleurer sa sœur disparue. Triste monde médiatique, où finalement, le sensationnalisme est roi.

Le sensationnalisme et l’audience voilà aussi ce qui avait guidé à la programmation par France 2 du débat ignoble entre Eric Besson et Marine Le Pen. Avec le traite du PS et l’extrême droite, là coco, il devait y avoir du sang et du coup de l’audience. Sauf que
Vincent Peillon en refusant de participer au débat est venu perturber l’ordre médiatique. En disant qu’il n’était finalement pas d’accord pour participer à cette mascarade orchestrée pour qu’Eric Besson se rachète une conduite. Le scandale de la soirée c’est France 2, pas l’attitude de Peillon. France 2 qui a trois mois des élections régionales accepte de faire un débat entre la droite et l’extrême droite, reléguant le PS à 23h ! Là encore, les gardiens du temple médiatique : Apathie et Duhamel en tête se sont levés pour lyncher Peillon. Ce dernier avait commis le crime d’avoir finalement refusé le sensationnalisme et tout simplement le spectacle…Son coup a réussit puisque personne ne se souvient de ce que a été dit dans ce débat nauséabond.

Je ne sais pas vous, mais moi je trouve que la semaine médiatique a été mauvaise.


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