Plus de 200 mineurs chaque année en centre de rétention

Publié le 09 novembre 2007 par Willy


Plus de 200 mineurs chaque année en centre de rétention



Laure Daussy -http://www.lefigaro.fr/
08/11/2007

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Selon la Cimade, le placement en centre de rétention administrative d’enfants et d’adolescents, avec leur parents sans papiers, devient de plus en plus courant.


« J’ai vu une petite fille faire ses premiers pas dans un centre de rétention », témoigne Damien Nantes, responsable du suivi des étrangers à la Cimade, seul organisme habilité à intervenir dans les centres de rétention administrative (CRA). Une situation qui tend à devenir de plus en plus courante. Avant 2003, l’organisme comptabilisait 50 mineurs en rétention par an. En 2003, le chiffre a quadruplé pour atteindre 200 mineurs par an. « L’année 2007 sera celle ou il y aura le plus d’enfants dans les centres » estime la Cimade. Depuis le début de l’année, 243 enfants ont été maintenus dans des centres de rétention.

Pourquoi une telle évolution ? «La pression du chiffre », explique la Cimade, « avec des instructions données aux préfets après l’arrivée de Nicolas Sarkozy au ministère de l’intérieur en 2002 ». «Auparavant, les familles dont les enfants sont intégrés en France faisaient l’objet de plus d’indulgence » souligne-t-elle. Ce sont surtout des adultes seuls qui étaient expulsés. «Dorénavant, même les familles avec des enfants en bas âge sont envoyés dans des centres pour être ensuite reconduits à la frontière. »

«Traumatisant»

Une pratique qui «s’institutionnalise», dénonce la Cimade. Pour preuve : en mai 2005, un décret interministériel affirme que tous les centres construits à présent doivent être habilités à recevoir des familles avec leurs enfants mineurs. Une zone isolée des autres est aménagée, qui permet une vie en famille pendant les 10 à 32 jours de rétention : on y trouve des chauffe-biberons, quelques jeux, une petite cour de récréation. « Mais cela reste un univers carcéral. Il y a peu de contacts humains, et une certaine violence latente. Ce n’est pas la place des enfants » souligne Damien Nantes. Selon l’association, «rien n’est épargné aux enfants » : «ils voient par exemple leurs parents menottés devant leurs yeux, ce qui est traumatisant pour eux.»

Les enfants se retrouvent dans les centres, alors qu’ils ne sont pas expulsables juridiquement. L’administration choisit en fait de ne pas les séparer de leurs parents, contrairement à ce qui se passait auparavant. Ne pas séparer les familles, mais parfois contre leur propre volonté. «Des parents qui vont être expulsés veulent laisser leurs enfants en France, chez un grand-parent par exemple. Or l’administration préfère qu’ils accompagnent leurs parents en rétention.» Des enfants en rétention, mais pas expulsables…«C’est un vide juridique» souligne la Cimade. Les mineurs ne sont donc pas répertoriés dans les registres officiels des CRA.