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Après presque deux semaines, la vie réussit à se faufiler entre les blocs de béton montés en amas. Du spectacle désolant qui se montre à nos yeux, se dégage une vivacité qui fascine le blanc (étranger) que je suis. Une collègue me raconte que sous les débris de sa maison, on a trouvé sans vie son père, un ami et deux enfants en visite. Grâce à Dieu, elle, son mari et leurs deux filles sont en vie. Gras a die, aussi simplement que ça ! A 32 °C, les espoirs fondent rapidement, il faut donc enterrer la mort et permettre à son antonyme de reprendre une place. Il faut aussi signifier à Dieu qu’on a compris son message et lui rendre grâce pour voir épargné ceux qui l’ont été. On parle beaucoup de la force et de la dignité de ce peuple qui chante sa souffrance dans les campements de déplacés le soir venu. Cette dignité prend le bord quand après 12 jours sans un vrai repas, les services d’aide trébuchent. La violence est assise sur le bout e sa chaise. De la bouffe pour 3000 alors que le camp en compte au moins 5000, des retards de plusieurs heures dans la distribution, des services de sécurité inadéquats, … On voit les grandes difficultés de l’État haïtien à connaître et à contrôler la constitution de ces camps qui ont poussé comme des champignons. Quant aux organisations qui ‘débarquent’ en Haïti, elles n’ont pas nécessairement une connaissance adéquate du terrain pour bien distribuer l’aide. Devinez qui en paie le prix ?