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La fac pour les nuls

Publié le 25 janvier 2010 par Careagit
Chez moi ce week-end, était invité une des meilleures amies de madame CaRéagit. Cette dernière, fort sympathique, a pris quelques moments dans le week-end pour corriger des copies d'étudiants en première année de Licence de Droit. Elle avait de (très) nombreuses copies, probablement une centaine dont certaines n'étaient que très partiellement remplies, et ce dans un français encore plus approximatif que celui utilisé par votre serviteur... C'est dire.
A ce stade, aimables candides lecteurs, vous pensez (tout comme je l'ai pensé) que cette charmante jeune fille est diplômée, probablement de droit (pour corriger des copies de droit à des étudiants en L1 de droit) et que cette dernière exerce ici une tâche qui lui incombe en tant qu'enseignante en université.
Raté. Il s'avèrera, après discussion, que l'amie de madame CaRéagit est en réalité en dernière année de Droit (ouf, le principal est sauvé) mais en rien spécialiste de la matière corrigée (aie, merde) et que celle-ci présente en réalité le statut de vacataire, lequel statut lui permet de proposer ses services aux professeurs souhaitant lui sous traiter la correction des copies de leurs étudiants. Vous me suivez ?
Moi, crétin parmi les crétins, pour n'avoir jamais mis les pieds à la faculté française (IUT excepte), lui demande, quelque peu sur le cul inquiet si cette sous-traitance existe à la marge ou si elle présente tout les aspects d'une pratique ultra démocratisée. Réponse deux mon colonel.
Elle, poursuivant joyeusement, fait d'elle même référence à la toute récente proposition de loi réformant la répartition du temps de travail entre la recherche et l'enseignement, me détaillant les points bloquants de cette réforme...
Dans la sphère du Droit (pour ne parler que de ce qu'elle a abordé) me dit-elle, il est ainsi très courant qu'un professeur soit payé pour sa tâche de professeur, qu'il n'exerce en fait que très peu (quelques heures de cours ici où là et une sous-traitance des copies), qu'il justifie de son temps restant en affirmant "chercher" (et hup, salaire de chercheur), temps effectif qu'il dépense en réalité dans l'exercice d'une fonction tierce, très souvent liée au droit (et hup, troisième salaire). A côté, Henry Proglio ferait presque office de petit amateur.
Comprenant les quelques incompatibilités des “’pratiques terrains” avec ce texte de loi, je m’apprêtais à clore la discussion lorsque me saisit l’envie de feuilleter une ou deux copies. Le tas, fraîchement noté, présentait une note moyenne de 6/20. Pas glorieux, les spécialistes du droit de demain. Ouvrant la plus basse note des copies remplies, quelle ne fut pas l’horreur de découvrir le niveau orthographique et grammatical (pire que moi j’vous dit…) de certains… jeunes diplômés du bac et intégré à l’université française… La sous-traitance des copies prit alors tout son sens. A la lumière de ces torchons, je venais de comprendre le ras-le-bol de certains de nos professeurs d’université qui doivent avoir biens d’autres chats à fouetter que de corriger les manquements de notre école.
Des bacheliers aux niveaux catastrophiques, des professeurs cumulards, une organisation de la sous-traitance de correction des copies par des « vieux » étudiants pas encore diplômés.
Voilà la gueule de notre Ecole, voilà la tronche de notre université, voilà l’état de notre ascenseur social.
Ce billet ne présente pas les caractéristiques d’un billet politique. Inutile donc de venir dire que c’est la faute de Darcos, c’est la faute de Lang ou celle de Mai 68… Même si j’ai ma petite idée sur la question, ce débat tournera en rond.

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