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L'ORTF se porte bien

Publié le 25 janvier 2010 par Nemo
L'ORTF se porte bienPeut-être avez-vous manqué le billet dans lequel je félicitais Vincent Peillon pour le lapin de dernière minuté posé à Arlette Chabot. (Billet qui a fait sauté mon audience en raison de l'article de l'Express.fr qui m'a cité entre autres blogueurs).
Comme je l'avais indiqué, "sur une chaîne autrement plus professionnelle et indépendante, voire dans un autre contexte, nul doute que je me serais insurgé d'un tel comportement."
Je ne porte pas Arlette Chabot dans mon coeur, il suffit de cliquer sur le tag Arlette Chabot pour en comprendre les raisons.
Pour autant, je ne crois pas que la méthode de Vincent Peillon, désormais soutenu par un PS peu inspiré, soit désormais la bonne. Bousculer les convenances du journalisme horizontal, empêcher le déroulement d'un débat biaisé et non libre, j'applaudis...mais le but reste d'envoyer deux messages à la France:
  1. Le débat sur l'Identité Nationale est inacceptable car il porte non pas sur la nature de la cohésion en tant que Nation mais sur ce qui fait que l'on a droit ou non de se revendiquer français, réveillant quelques inspirations nauséabondes.
  2. La presse télévisée ne peut guère plus être qualifiée de journaliste car à l'image d'une presse mal en point, l'information libre et indépendante a cédé sa place à la propagande et la communication gouvernementale.
Réclamer à corps et à cri la démission de quelques-uns est contre-productive car elle personnalise le débat lorsque le problème est lui bel et bien structurel. C'est ce que François Bayrou s'évertue à dénoncer depuis plusieurs années et qu'il a parfaitement repris dans Abus de Pouvoir.
Le journalisme horizontal n'est que la conséquence d'un système dans lequel les médias sont sous l'influence directe d'un groupuscule de pouvoir politico-financier. En grande majorité, ces médias sont détenus par quelques groupes de sociétés en étroite relation avec l'Etat soit parce qu'à leur tête siège un intime du Président de la République, soit parce qu'ils sont les plus gros fournisseurs de l'Etat.
Dans un système aussi concentrique que le nôtre, bien mal inspiré serait ce grand groupe qui n'irait pas dans le sens du poil de la présidence de l'Etat lorsque de cette même présidence dépend l'attribution de contrats publics extrêmement juteux.
Il n'est donc pas anodin que Nicolas Sarkozy décide de s'exprimer sur TF1 ce soir devant les représentants de la quintessence du journalisme horizontal, journalisme qui s'exprime à la perfection sur une chaîne populiste mais orientée détenue par le meilleur ami de Nicolas Sarkozy. Attendez-vous à ce que la soupe lui soit servie...
Le cas de France Télévisions est peut-être plus évident encore.
La collusion entre pouvoir et média sur une chaîne publique est une suspicion qui pèse déjà lourd sans qu'il ne soit besoin d'y ajouter des raisons objectives supplémentaires...or, comment espérer que la ligne éditoriale soit parfaitement indépendante lorsque le Président de France Télévisions est nommé indirectement par le Chef de l'Etat? Nul besoin d'ordres, d'instructions, la "main invisible" fera son office et la peur de perdre son poste fera le reste.
(NDLR: Le CSA est désigné par la majorité en place, elle-même sous tutelle du Président).
Bref, nul besoin de réclamer une démission ou deux, ce qu'il faut, c'est changer le système...mais pour cela encore faut-il faire en sorte que les amendements déposés en ce sens soient adoptés...
Amendements qui n'ont pas recueilli de soutien véritable de la part du PS...
N'oubliez pas, "Il n'y a pas de liberté, sans liberté d'informer".
Sans liberté d’informer, il n'est point de démocratie.
Peut-on encore se considérer médiatiquement comme une démocratie?
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