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De l'art difficile d'être un courtisan

Publié le 09 novembre 2007 par Alain Ayache
Il y a plus d'un siècle le baron d'Holbach écrivait à juste raison, d'une plume aussi tranchante que son épée, que "de tous les arts, le plus difficile est celui de ramper".
Pour s'élever, il faut le préciser !
C'est pour les courtisans du pouvoir un art subtil qui exige mille contorsions auxquelles ils sont rompus depuis leur plus jeune âge.
Un bon, un vrai courtisan ne donne jamais son avis de crainte de déplaire, il ne doit avoir que celui de son maître ou du ministre qu'il sert.
Sa sagacité doit en toutes circonstances lui faire pressentir d'où souffle le vent, ce qui suppose une expérience profonde du cœur humain.
Un courtisan avéré ne doit jamais avoir raison.
Il ne lui est pas permis d'avoir plus d'esprit que le distributeur de ses bienfaits.
Comme postulat, il sait que le chef, le ministre, le Président a toujours raison.
Mais il est quelques hommes qui ont la raideur dans l'esprit, un manque de souplesse dans l'échine, une absence de flexibilité dans le cou, de déplorables et impardonnables défauts empêchant de progresser dans l'art de ramper et qui lui barrent à jamais l'accès aux Palais.
Chacun sait que les serpents parviennent sans effort au sommet des montagnes, tandis que le mustang le plus fougueux ne pourra jamais l'atteindre.
La cour, qui existe sous tous les régimes, n'est pas faîte pour ces personnages inflexibles, orgueilleux et à l'amour-propre chevillé au corps car, ils sont incapables de se prêter aux caprices, ni même approuver ou favoriser des actions que l'Etat juge nécessaires mais qui heurtent leur conscience.
Car ceux qui détiennent le pouvoir supportent mal que l'on se plaigne des avanies qu'ils infligent à leurs "serviteurs" pour mesurer leur inconditionnalité.
Le courtisan des temps anciens, comme de nos jours, doit détester quiconque a déplu en haut lieu.
Il doit sonder le cœur et les reins de celui dont il attend "grâces, honneurs et avantages" afin de le saisir par son point faible.
Est-t-il soupçonneux ? Il faut lui donner des soupçons sur tous ceux qui l'entourent.
Aime-t-il les femmes ? Il faut lui en procurer.
Pour en finir, parce qu'il y aurait encore beaucoup à dire de ces mollusques, le courtisan doit être affable, prêt à s'effacer devant tous ceux qui peuvent l'aider à s'élever, à s'enrichir ou lui nuire.
Il en a été ainsi dans toutes les monarchies.
Il en est ainsi dans toutes les Républiques.


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