Port-au-Prince, un patrimoine à sauver
Par Jonas Laurince
Après le séisme meurtrier qui a transformé Port-au-Prince en un amas de ruine, plus d’un se demandent si la capitale haïtienne renaitra de sitôt de ses cendres.
« Il a neigé à Port-au-Prince, il pleut encore à Chamonix, on traverse à gué la Garonne, le ciel est plein bleu à Paris… ». Cette chanson du chanteur québécois Jean-Pierre Ferland (né à Montréal le 24 juin 1934) écrite en 1968, fut l’un de ses succès.
Dans cette chanson interprétée par la chanteuse grecque Nana Mouskouri, Port-au-Prince figure parmi les sites touristiques dressés par Jean-Pierre Ferland pour présenter son « monde à l’envers ». On sait très bien qu’il ne neige jamais à Port-au-Prince et on ne peut pas traverser à gué la Garonne en France qui est un fleuve.
Peut-être les auditeurs haïtiens ne font pas toujours attention en écoutant cette chanson dans laquelle leur capitale figure en bonne place, mais si Port-au-Prince a attiré l’attention de cet auteur québécois, c’est parce qu’elle fut un temps une des destinations touristiques les plus visitées de la Caraïbe.
En 1968, lorsque Jean-Pierre Ferland a interprété cette chanson, Port-au-Prince était Port-au-Prince. Cependant, avant le violent séisme du mardi 12 janvier 2010, la capitale haïtienne ne ressemblait plus à cette ville chantée par le chanteur québécois. C’était devenu un monstre urbanistique, une ville aux constructions anarchiques, sale, irrespirable, polluée. Une ville qui tuerait ses habitants, avait prédit un géographe.
Une ville où chacun faisait ce qu’il veut, où des citoyennes et citoyens dénués de tout civisme faisaient leurs besoins en pleine rue, jetaient des détritus sans crainte d’être sanctionnés par des autorités municipales quasi absentes.
Lors des émeutes d’avril 2008 à la capitale, des symboles de cette ville et du pays tout entier ont été profanés ou tout simplement détruits. Citons en exemple : l’Ancienne Cathédrale de Port-au-Prince, le Marché Vallière dite « Marché Hyppolite », pour ne citer que ceux-là, ont été incendiés. D’autres comme le quartier du Bicentenaire, le Mausolée du Président Estimé ont été profanés.
En quelques secondes, la semaine dernière, Port-au-Prince a vu disparaitre la Cathédrale Notre-Dame (Catholique), la Cathédrale Sainte-Trinité (Anglicane/Épiscopale), le Palais National, le Palais de Justice, le Palais Législatif, les ministères, des bâtiments publics et privés, sans compter une bonne partie de sa population estimée entre 75.000 et 200.000 morts.
Aujourd’hui ville fantôme ayant l’aspect d’une ville bombardée avec des odeurs de cadavres en décomposition.
Ville fondée par les Français en 1749 sur l’habitation Randeau au Bel-Air, Port-au-Prince fut détruite par un tremblement de terre en 1750, soit une année après sa fondation.
Pour certains observateurs, c’est la raison pour laquelle les constructions de cette ville étaient presqu’exclusivement en bois (même les deux précédents palais et l’Ancienne Cathédrale furent construits en bois).
Les quelques personnes questionnées à ce sujet sont d’avis divers. Si certains pensent qu’il n’y a pas d’espoir de changement pour la capitale haïtienne, d’autres par contre pensent qu’il faut tout simplement remettre le sort de la capitale haïtienne aux mains des Américains.
Un autre groupuscule, beaucoup plus radical, pense qu’il faut replacer la première capitale haïtienne à Marchand Dessalines dans le Département de l’Artibonite.
Jonas Laurince
[email protected] gwo AYIBOBO pou ou men m zanmi m ki vizite lakou sa pou pwan nouvèl zanmi lakay ak lòt bò dlo.
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posté le 06 septembre à 15:33
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