Sous-titré de façon heureuse « Bloc-note d’un investisseur », ce court livre délivre d’un ton égal et agréablement littéraire, une série de conseils de bon sens issus de l’observation professionnelle des marchés. Paul Gagey, ex-trader, est analyste financier et gérant de fonds. Il a notamment travaillé pour la Caisse des Dépôts avant d’entrer chez Aviva.
En XIII chapitres d’une aventure aussi bien racontée que celle de la bande dessinée éponyme, l’investisseur particulier trouvera balisé le chemin d’initiation à la bourse, tandis que l’investisseur déjà blanchi sous le harnois aura en trois phases la synthèse d’une expérience de trente ans.
- Qui sont les acteurs du marché, comment fonctionne l’usine, l’importance des mantras dans le climat psychologique ? – Il faut connaître les arcanes avant d’aller plus loin.
- Une fois le décor planté, place à la pièce. Comment lire les résultats d’une entreprise et évaluer sa santé, interpréter correctement les chiffres sans abuser des calculs, considérer le cycle économique ?
- Enfin choisir ses supports pour gagner : actions, obligations ou matières premières ?
Rien de compliqué, pas de jargon, aucune formule mathématique. Le marché n’est pas un modèle pour initié mais un forum où chacun vient défendre ses intérêts. L’entreprise se fera belle pour séduire, les analystes la valoriseront dans le sens attendu par leur patron et par les clients, les courtiers chercheront à placer le papier et à faire tourner les transactions, les journalistes à faire mousser leur média, les fonds institutionnels chercheront le rendement, les particuliers à gagner vite, beaucoup et sans risques… Savoir écouter les discours des uns et des autres permet déjà de bien débroussailler les idées car ce n’est plus l’information qui manque aujourd’hui (être initié), mais bel et bien son tri (être avisé).
« Caveat emptor ! » - acheteur, sois vigilant ! Ainsi s’ouvre le livre. Le marché est un « défi intellectuel et psychologique. Plus qu’un jeu, la Bourse est une manière de comprendre notre monde et la façon dont il avance » p.12. Gagner ou perdre, il ne faut s’en prendre qu’à soi-même, à son orgueil, à son avidité, à son panurgisme. - Ou bien à ses capacités d’écoute, d’analyse et de maîtrise. « Le monde de l’investissement (…) valorise plutôt la capacité d’agir en situation incertaine » p.13. Paul Gagey rappelle fort opportunément qu’« il fallut attendre 29 ans (1958) pour retrouver la valeur ajustée de l’inflation de l’indice boursier de 1929 » p.24. Avis aux spéculateurs trop pressés de la crise actuelle.
Il livre des recettes comme ce 80-20 qui caractérise la progression d’une action (p.29), ces négligences des analystes qui font décote (p.46), ces deux règles pour bien tirer parti des prévisions d’experts (p.55), l’écart crucial entre entrepreneur et homme de pouvoir pour juger de la qualité du management (p.68), l’importance des capitaux familiaux dans la santé d’une société (p.99).
Les particuliers seront séduits surtout par la liste des cinq ratios raisonnables pour évaluer avec bon sens une entreprise (p.109) et l’originalité d’évaluation des matières premières, fort à la mode cette année (p.186).
Ce livre simple et dense est un véritable kit de survie en bourse. Il offre comme rarement bien plus que le simple énoncé du plan, ce qui est presque dommage pour susciter le désir de l’acheter. Chacun des chapitres se termine par un résumé « à retenir pour agir ». Elégant et pratique, d’une actualité sans faille, ce recueil d’expérience est à mettre entre toutes les mains. Vous m’en direz des nouvelles !
Paul Gagey, Gagner en bourse par tous les temps, septembre 2009, SEFI Arnaud Franel, 208 pages, 15€
ééé
ééé
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble