Révolution Française dans les Hautes Pyrénées. 3

Troisième extrait du livre de monsieur Alfred Sarreméjean (1879 - 1936), instituteur à Villelongue, publié en 1914. Il s'agit d'un ouvrage sur les répercussions de la Révolution Française dans la «Haute Vallée d'Argelès».

Extrait où l'on parle du curé du village et de la façon dont il a vécu la révolution. Le Curé Constitutionnel.

Ville longue a un curé qui vit pauvre, avec les 400 livres de traitement que lui sert le prieur de Saint Orens. Il ne fut peut être pas étranger à la rédaction de l'article vigoureux des cahiers de doléances de 1789, relatif au monastère de Saint Orens.

Le curé Vignau-Faure est aimé et les habitants de ville longue souhaitent continuer à l'associer aux évènements de la vie publique locale.  L'unanimité des citoyens actifs de Villelongue lui offrent «une place de notable», qu'il refuse le 5 janvier 1791. Jacques Vignau-Faure essaye de faire bon ménage avec la Révolution. Malgré le Bref du Pape Pie VI du 13 avril 1791, condamnant la Révolution, il accepte la Constitution Civile du Clergé , et assure le service du culte dans les conditions exigées par l'Assemblée Nationale.

Les choses changent du tout au tout à partir de 1793 quand la Convention, qui souhaite la déchristianisation de la République, par la loi du 23 avril 1793, demande aux ministres du culte de se déprêtriser. En 1794, le 17 germinal, le curé de Villelongue et son vicaire se présentent, en séance, à la Mairie, et déclarent «Nous discontinuons nos fonctions civiles et nous sommes dans l'intention de nous en aller dans le sein de notre famille».

C'est sans doute le cœur meurtri que Jacques Vignau-Faure, curé sexagénaire, signe cette déclaration. Lui qui, bravant les évêques, le pape et les sarcasmes de ses confrères, s'était engagé avec la Révolution, dès son début. Dans la nuit du 19 germinal (deux jours plus tard), le nouvel arbre de la liberté, que l'on venait de planter, fut abattu à coup de haches. L'auteur de l'attentat ne put être découvert, malgré toutes les diligences de capitaine de la garde-nationale.

Monsieur Alfred Sarreméjean va conclure en écrivant «Visiblement il existe à cette époque un mouvement contre révolutionnaire à Ville longue».