Magazine Focus Emploi
Analyse des statistiques répartition hommes/femmes
Publié le 07 décembre 2009 par Ruinart @creactionsBonjour à toutes et à tous,
Je voudrais partager aujourd'hui avec vous l'analyse des statistiques publiées par le gouvernement, sur l'état des lieux en France, concernant la répartition hommes/femmes au travail comme dans différents autres domaines.
Je ne prétends pas analyser les 94 pages de ce rapport http://www.travail-solidarite.gouv.fr/IMG/pdf/Chiffres_clis_08_BD_2_-2.pdf de 2008, mais simplement en tirer des conclusions quant à la place des conjoints au travail, qu'ils soient conjoints collaborateurs non salariés, conjoints salariés ou conjoints associés.
Pour resituer dans le contexte, il convient de rappeler que le conjoint qui collaborait au travail de son époux/épouse entrepreneur n'avait pas de statut déclaré obligatoire jusqu'au décret de août 2006. De ce fait, bon nombre d'entre eux, d'entre elles, devrais-je dire (les femmes y étaient largement majoritaires), n'avaient pas de protection en cas de divorce, de décès ou d'incapacité de travail de l'entrepreneur.
Actuellement nous voyons des retraités et surtout des femmes donc, vivant de minima sociaux, car ils ne peuvent pas bénéficier d'une retraite décente, constituée par eux-mêmes, et ne peuvent bénéficier de la pension de reversion de leur conjoint qu'arrivés eux-mêmes à l'âge de la percevoir. Les statistiques qui s'intéressent à cette population datent toutes de 2005, à l'appui du groupe de travail qui a aboutit au décret visant à protéger les conjoints. Depuis, soit il n'y a pas eu de statistiques commandées pour évaluer l'impact de la déclaration obligatoire des conjoints au travail, soit n'entrant plus dans les catégories "chômeurs" ou "sans emploi", ils ont peut-être cessés d'intéresser en haut lieu ! Dommage, cela pourrait aider les entrepreneurs qui souhaitent déclarer leurs conjoints comme conjoints collaborateurs à évaluer l'intérêt, le risque, comparer par rapport à un autre statut, à une autre solution pour le couple et l'entreprise.
J'ai épluché les statistiques citées ci-dessus publiées pour 2008 pour tenter de ressortir des données qui auraient pu nous éclairer à ce sujet :
- Les femmes représentent près de la moitié de la population active (47,2%) et parmi elles, 65,3% sont actives entre 15 et 64 ans (contre 74,6% pour les hommes). Si les statistiques concernant les conjoints au travail ont continué à suivre la même courbe que l'étude de 2005, alors entre 80 et 90% des conjoints au travail sont des femmes. Cependant, aucune mention ne les distingue dans l'étude de 2008 parmi les catégories de travailleurs. Vous avez dit "statut de l'ombre" ?...
- page 28 de l'étude : La population active occupée en 2007, selon le statut des emplois non salariés, atteignent 7,3% pour les femmes et 14% pour les hommes (source INSEE qui avec d'autres organismes d'analyse ont consitué les échantillons et séries statistiques).
Cependant, rien n'est indiqué à ce niveau qui permettrait de distinguer dans les emplois non salariés la nature de leur statut.
Il semble bizarre que les hommes soient plus importants que les femmes dans cette catégorie, alors que l'étude de 2005 indiquait plus de 80% de femmes parmi les conjoints collaborateurs. Cela ne peut donc que sous tendre le fait qu'il n'y a pas que les conjoints collaborateurs non salariés (ou conjoints associés non salariés) recensés dans ces chiffres. On voit dans l'étude que les stages et autres moyens d'accèder à l'emploi sans être salariés sont dans une autre rubrique. Que pourrait donc recouvrir cette catégorie ?
Il serait très intéressant de connaître la décomposition entre les choix de statuts des conjoints au travail. Cela implique autant la vie privée, par la qualité de vie choisie, que la vie professionnelle et peut même également déboucher sur le télétravail, si à la mode ces jours ci.
- Page 30 de l'étude : taux de sous-emploi parmi les actifs occupés à temps partiel, selon la catégorie socio-professionnelle. Ce taux tant à quantifier et expliquer le décalage entre l'emploi effectif et les envies de travail de la population. On peut relever les pourcentages dans les catégories socio-professionnelle suivantes :
* agriculeur 64,1 % pour la part des femmes dans cette catégorie qui souhaiteraient pouvoir travailler plus.
* artisan, commerçant, chef d'entreprise 62,3 % pour la part des femmes dans cette catégorie.
Dans ces deux catégories la répartition homme/femme est indiquée comme non signicative. J'aurais tendance à plutôt penser qu'elle est significative, du fait que, jusqu'à récemment, peu de femmes s'installaient dans ces professions en tant qu'entrepreneurs, mais bien plutôt en tant que conjoints collaborateurs.
Les autres catégories peuvent difficilement être reliées aux statuts des conjoints. Ceci parce que les conjoints sont forcément à des emplois subalternes, ils apportent leur aide à leur conjoint, qui lui/elle est entrepreneur. Comme les statistiques ne prennent pas en compte le statut des conjoints comme rubrique à part entière, il faut tenter de les extraire des métiers où sont répertoriés leur mari/femme (eh oui ils sont déclarés en fonction de cette activité et non de la leur).
Ainsi, j'aurais tendance à penser que les conjoints au travail aimeraient travailler plus et pourquoi pas, comme je le souhaiterais, sous le nouveau régime d'auto-entrepreneur ? Et bien pour l'instant, cela ne semble pas possible. A cause de l'article L121-4 du code de commerce qui a tendance à diaboliser le conjoint collaborateur et son employeur en sous entendant que si les conjoints collaborateurs travaillent plus qu'un mi-temps salarié en plus du travail, non salarié, effectué pour son employeur, cela pourrait en fait être une déclaration de complaisance et un travail non salarié, mais aussi non tangible.
Pourtant, personne ne relève que les conjoints salariés peuvent, quant à eux, exercer une autre activité, sous la forme qu'ils souhaitent, en plus du travail salarié exercé pour leur conjoint employeur. Personne ne met en doute non plus que leur travail salarié pourrait ne pas correspondre à un travail effectif.
Alors, pourquoi mettre plus en doute un travail déclaré non salarié, qu'un travail déclaré salarié et, à la suite de cela, interdire aux uns de travailler comme bon leur semble en sus de leur engagement pour leur conjoint employeur, et permettre aux autres de conjuguer travail pour le conjoint employeur et travail personnel sous la formule de leur choix ?
Si quelqu'un a la réponse, surtout n'hésitez pas à nous en faire profiter, je serais curieuse de voir à quelle aune on mesure le travail sous ces statuts !
Pour en finir avec l'état des lieux de l'étude gouvernementale, page 61 les niveaux de vie et les minima sociaux y sont décortiqués et là on s'aperçoit que 6 pauvres sur 10 sont des femmes. Je ne peux m'empêcher de penser que l'implication des femmes au sein du couple, y compris au travail, a tendance à ne pas leur porter chance. Je modère cependant ce point de vue, par le fait justement que le décret de loi d'août 2006 avait tiré la sonnette d'alarme à ce niveau et souhaitait par ce décret protèger mieux les femmes qui s'impliquaient dans le travail de leur conjoint entrepreneur. L'étude ne précisant pas l'âge des 6 femmes pauvres, difficile de dire si cela à influencé l'évolution de la population à ce niveau, suite à l'application du décret sur les statuts des conjoints collaborateurs.
Pour celles qui ont la possibilité de créer leur entreprise, je les renvoie à la page 39 et suivantes de l'étude... :)
Je vous laisse tirer vos propres conclusions de ces chiffres et n'hésitez pas à poster vos commentaires sur ce blog qui vous est dédié.
A bientôt pour de nouveaux échanges sur les sujets qui nous tiennent à coeur !
Mireille Ruinart