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Nicolas Sarkozy se prend les pieds dans son UM/Proglio 4 – Le piège de la «double casquette»

Publié le 27 janvier 2010 par Kamizole

logo-edf.1264568523.jpgHenri Proglio a renoncé à percevoir deux salaires. C’est la moindre des choses quand bien même le principe aurait-il été défendu de manière stupide par Patrick Devedjian, estimant que ses deux fonctions représentent “un cumul de travail” Le double salaire d’Henri Proglio embarrasse l’UMP. Je suis certaine qu’Olympe - Le plafond de verre - sera tout à fait d’accord pour porter la bonne nouvelle aux femmes : leur “double journée de travail” mérite autrement double rémunération…

N’en déplaise à l’auguste Frédéric Lefebvre, la polémique autour de Progio est loin d’être “close” … Sa “double casquette” de PDG d’EDF et de président (non exécutif) de Veolia pose en effet de nombreux problèmes, bien au-delà de la simple question de rémunération. A cet égard, les socialistes ont tout à fait raison d’exiger sa démission de l’une de ses fonctions.. mais pour des raisons beaucoup plus épineuses que l’argument qu’ils avancent : «Sa compétence d’industriel, reconnue par tous, n’est pas en cause. Mais EDF a besoin d’un diri-geant à temps plein préoccupé seulement de l’avenir de l’entreprise et de l’électricité en France».

Il ne faut pas être grand clerc pour savoir que c’est en fait la privatisation totale d’EDF – comme hier GDF - qui se dessine et sans doute la fusion à terme entre EDF et Veolia. J’imagine fort bien Henri Proglio vendant des parts d’EDF à “prix d’ami” à Veolia. Façon comme une autre de pouilleder davantage le secteur public.

Mais attention ! Ne croyez pas que le parc nucléaire français en totale déshérence sera dans la corbeille de la mariée… On imaginera bien quelque nouvelle structure publique de défaisance pour prendre en charge ces actifs hautement “toxiques” qui plombent le bilan d’EDF. N’oublions jamais le credo de l’ultralibéralisme : privatis-ation des profits, nationalisation des pertes.

Frédéric Lefebvre est trop stupide pour se rendre compte que tout en prenant sur France 2 la défense de Proglio, il nous livre la clef de l’opération : “Laissons-le tranquille, c’est un très grand chef d’entreprise (…) il n’y a que le Parti socialiste qui essaie d’entretenir (la polémique) pour des raisons électorales” à deux mois des élections régionales (…) Le PS maintenant se réveille alors que, quand Henri Proglio était président de Veolia il était dans le même temps président du comité stratégique d’EDF, il avait donc des fonctions dans les deux entreprises, et ça ne gênait personne”,

Ben si ! Moi, cela me gêne au contraire très fort car ce n’eût point été possible si précisément EDF n’avait pas été partiellement privatisée…. Je dois assurément tenir quelque chose de mon père qui était extrêmement intéressé par la question de qui contrôlait quoi dans les entreprises. Encore, n’avait-il pas accès à internet qui n’existait pas… Il se contentait de livres et autres publications. Si j’avais plus de temps j’avoue que la plongée dans les articles de Wikipedia concernant les multinationales, leur histoire et leur Conseil d’adminis-tration est du plus grand intérêt. De quoi écrire plusieurs sagas sous forme de thriller.

Autrement dit, il suffit d’une poignée d’actionnaires de référence et de “participations croisées” pour régenter l’ensemble des multinationales. Cela existe déjà et depuis bien longtemps. Je propose d’aller plus loin encore. Une double casquette n’est évidemment pas suffisante pour Henri Proglio – mais cela pourrait être n’importe qui d’autre.

Je suggère dans un premier temps qu’il portât celle de GDF-Suez dont le PDG, Gérard Mestrallet vient de réaliser une splendide opération de “par ici l’oseille” selon ce que j’ai lu il y a quelques jours sur Libération Le PDG de GDF Suez empoche 830.500 euros sur ses stock-options. Quand les tarifs du gaz augmenteront, ce qui surviendra nécessairement tôt ou tard et à un niveau au moins aussi élevé que ceux d’EDF, ne manquez surtout pas de lui adresser vos remerciements.

:)

Dans un second temps, et puisque Veolia serait paraît-il devenu un poids lourd mondial des transports publics et envisagerait de faire circuler un TGV sous ses propres couleurs – attention : lignes rentables uniquement ! et certainement pas celles que la SNCF envisage purement et simplement de supprimer, faute de rentabilité suffi-sante… les besoins des usagers, elle s’en contrefiche absolument – je suggère de nommer Herni Proglia également PDG de la SNCF.

Ainsi, commencera à se réaliser le rêve le plus fou de l’ultralibéralisme : “la Firme” ou l’entreprise mondiale unique. Qu’elle ressemblât trait pour trait aux grands conglomérats de la défunte URSS est une évidence : l’idéologie, qu’elle soit communiste ou ultralibérale produisant les mêmes effets. Ce ne sera que pousser à l’extrême le processus dénoncé par Viviane Forrester dans «Une étrange dictature» : tous soumis à l’idéologie de marché. Les dirigeants politiques comme les citoyens, les usagers des services publics et les consommateurs.

Ite missa est : la messe ultralibérale est dite. Mais nulle envie de dire “amen”.


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