« Banderille n°328 : Cinéma gréco-romain | Home
Par Toréador | janvier 29, 2010
Le mot « scandale » – grand cousin de « polémique » – est à la mode. Moralité : on voit des scandales partout. C’est le pied – On étrille, on espadrille…
Sarkozy en short (et scandales)
Mon collègue de Kiwis, Chafouin, trouve par exemple scandaleux que le site de l’Elysée fasse paraître un communiqué de presse du président Sarkozy sur l’affaire Clearstream. Moi pas. Je ne crois pas en la très subtile fiction juridique que certains font entre un président de la République désincarné, garant de l’indépendance de la justice, et Nicolas Sarkozy, simple justiciable.
Ce n’est du reste que le dernier « scandale » dans la longue vie de Clearstream. Beaucoup avaient glosé sur « l’asymétrie » indigne entre Sarkozy et Villepin, le premier étant juridiquement couvert par l’immunité tout en gardant la possibilité de poursuivre*.
Dans la pratique, je constate que Sarkozy a perdu beaucoup de plumes dans cette histoire, a réussi à légitimer les ambitions de Villepin (l’homme de la dissolution, quel stratège !) et qu’enfin le tribunal correctionnel à montré son indépendance à l’égard du pouvoir exécutif. N’est-ce pas l’essentiel ?
Aubry : coup de scandale au c…
Sitôt sortie de la polémique sur les retraites et du scandale de Peillon sur France 2, Martine Aubry, elle, voit un nouveau scandale dans l’affaire Frêche. Un relent d’antisémitisme disent même certains. Moi je ne suis pas d’accord. Et là c’est marrant, Chafouin pense pareil.
Certes, les propos de Frêche sont loin d’être gentils pour son camarade de lutte mais ce n’est pas parce qu’on juge quelqu’un « pas catholique » qu’on veut forcément dire qu’il est juif. Je crois plutôt qu’Aubry cherche à reprendre les mains sur ses listes et à divertir l’attention. Si Raoult a cru bon de parler de Le Pen de gauche, c’est surtout parce que Frêche est le diable bien pratique du PS pour se ressouder.
Bertrand table sur le succès et tabloïd sur le scandale
Xavier Bertand, de son coté, trouve scandaleux que les conseils généraux socialistes publient avec l’argent du contribuable des argumentaires féroces contre le gouvernement. Moi pas.
Je trouve même que c’est dans la logique des choses : à partir du moment où notre gouvernement utilise le budget de l’Etat pour commander des sondages favorables ou tripler le budget communication de l’équipe en place, ce n’est que juste retour de manivelle.
Après il y a les vrais scandales : celui par exemple d’avoir M. Proglio à la tête de deux entreprises, ou le fils du président à la tête de l’EPAD, ou bien la gestion soviétique de la vaccination contre le H1N1.
En réalité, il faudrait un peu plus peser nos mots et utiliser le mot « controverse ». A défaut de réhabiliter la vie politique, tentons au moins de rétablir la nuance dans nos propos. A titre d’exemple, en 3 ans j’ai taggué cinq billets avec le mot « scandale ».
* C’est le problème des monarchies démocratiques on ne sait pas trancher. Si on ne veut pas que l’asymétrie civile s’installe, alors c’est simple : il faut dépouiller le président de ses droits civils mais le protéger des attaques. Cela s’appelle… le crime de lèse-majesté, permettant au Parquet de poursuivre ceux qui s’en prennent au gardien des institutions.
Tags: Aubry, Bertrand, Clearstr, sarkozy, Scandales, VillepinSujets: Banderille, Toréador critique la Droite, Toréador critique la Gauche | No Comments »