Voici la seconde des sept parties de cet article consacré à l'identité occidentale.
2. Le Beau enraciné entre chaos et médiocrité
Cette approche esthétique, ce Beau enraciné, naviguent toutefois, selon la loi du cycle, entre deux pôles, à savoir le « chaos grégaire » et la « médiocrité progressiste et planétariste ».
2.1. Le chaos grégaire
Considérer cyniquement l'identité d'un point de vue purement utilitaire, à savoir la nécessité de constituer une communauté soudée et cohérente sur une base historiquement et culturellement enracinée, ne constitue en rien une démarche identitaire profonde et qualitative. Il s'agit là, au contraire, d'une conception de l'identité relevant de la seule nécessité grégaire, d'une démarche idéologique par trop artificielle, superficielle, et, comme telle, vouée à l'échec.
Les différents fascismes et régimes apparentés en montrent d'ailleurs un parfait exemple. Ils s'enracinent, certes, dans des réalités culturelles et ethniques précises, mais il n'en existe pas moins une « esthétique fasciste » particulière faite de chants, d'uniformes et de défilés aux flambeaux qui n'a que peu de choses en commun avec les identités réelles des peuples dont les régimes fascistes prétendirent, eux aussi, faire le bonheur. On peut d'ailleurs en dire autant du décorum stalinien.
Que dire de l'horrible statuaire nazie ou du monumentalisme architectural hitlérien que rappelle, par exemple, un palais de Ceausescu sous lequel fut écrasé ce qui restait du vieux Bucarest ? Que dire de l'éradication de pans entiers de l'identité réelle des peuples soumis aux fascismes, sous prétexte qu'ils étaient trop chrétiens, trop laïcs, trop « décadents », trop libres, trop juifs, en un mot, pas en conformité avec l'idéologie « surhumaine » — résultant d'une absolue incompréhension du « surhomme » nietzschéen — dont les arts totalitaires se proposent toujours de montrer l'image en exemple ? Que dire de la récupération et du détournement de symboles et de certains faits historiques à des fins idéologiques ?
En matière de manipulation de l'identité grégaire à des fins purement utilitaires, rien ne ressemble plus à l'approche du national-socialisme hitlérien que l'approche du national-communisme stalinien : le symbole est détourné ou vidé de sa substance, la réalité identitaire est ravalée au rang de folklore idéologique, le mythe totalitaire prend le pas sur le Beau enraciné.
« En fait, les maîtres du nazisme (et le rôle d'Himmler a sans doute été ici prépondérant) ont su avec une subtile habileté récupérer à leur profit les mythes ancrés dans l'esprit populaire et jouer des croyances profondes de la Germanie archaïque. » (5)
« Les nazis avaient vu bien vite le parti qu'ils pouvaient tirer de l'impact du vieux mythe allemand sur la mentalité collective. Himmler orchestra les recherches et la mise en forme de la légende […]. » Et complémentairement, en note infrapaginale : « Sans autre souci, comme [Himmler] le confia lui-même à un proche, que la poursuite de ses fins propres : "Je me fiche complètement de savoir quelle est la vérité sur l'origine de la race germanique. La science passe d'une hypothèse à une autre et en change tous les deux ans […]. La seule chose qui compte, c'est que ces gens-là [les universitaires]— car c'est pour ça que l'État les paie — établissent des conceptions de l'histoire propres à renforcer notre peuple dans sa nécessaire fierté nationale." (Himmler, cité par Wolfgang Emmerich, Germanistische Volkstumideologie, Tübingen, 1968, p. 204). » (6)
« Car c'est pour ça que l'État les paie ». Faut-il préciser que cette approche cynique n'est pas particulière aux régimes totalitaires mais est largement partagée par tous les pouvoirs, ceux-ci, par ailleurs, tendant tous vers une forme ou l'autre de totalitarisme, particulièrement lorsque leur marche n'est entravée par aucune opposition viable ?
« En attendant, l'équité demande qu'on ne juge pas la philosophie universitaire seulement au point de vue de son but prétendu, comme on l'a fait ici, mais de son but véritable. Celui-ci tend à inculquer aux futurs référendaires, avocats, médecins, pasteurs et instituteurs, et au plus profond de leurs convictions, la direction de ce rapport avec les vues que l'État et son gouvernement nourrissent sur eux. » (7)
Mais revenons à notre instrumentalisation du Beau enraciné et particulier. Certes, l'on me dira que cette approche semble correspondre à l'établissement d'une cohérence de la communauté, en l'occurrence nationale, sur une base identitaire. Je répondrai qu'il s'agit plutôt dans ce cas d'un emploi abusif de certains éléments — et de certains éléments seulement, à l'exclusion de bien d'autres pourtant non moins enracinés et légitimes — superficiels ou manipulés, de l'identité communautaire, et ce sans le moindre respect véritable pour celle-ci, et dans un but de pur utilitarisme idéologique. Nous voilà bien loin d'un amour véritable pour le Beau enraciné.
En outre, une communauté réellement soudée et cohérente vit sa réalité identitaire au quotidien, et n'a guère besoin qu'on la lui rappelle à grands renforts d'éructations, de défilés et de tambours. Le besoin de souligner excessivement son appartenance identitaire, le besoin de s'imposer sans cesse, est déjà en soi le signe d'un déclin, le signe d'une crise de l'identité.
À ce sujet, il est d'ailleurs intéressant de noter que l'Allemagne nazie a, en une douzaine d'années, réalisé toutes les phases cycliques de l'évolution d'une communauté humaine : partie du chaos de l'après-Première guerre mondiale, elle l'a surmonté par la force de son ascension technique, a connu son apogée lors des premières années de la Seconde guerre mondiale, a commencé son déclin au lendemain du tournant de Stalingrad pour finalement renouer avec les ruines et le chaos en 1945, avant qu'une nouvelle Allemagne (celle de l'Ouest du moins) recommence, autrement, une nouvelle ascension. Contrairement à ce qu'ont affirmé Pauwels et Berger (8), le nazisme apparaît donc moins comme une « autre civilisation », sous-entendue plus ou moins « diabolique », que comme le rejeton monstrueux d'un Occident chrétien se trouvant déjà en phase déclinante et qui légua notamment à l'hitlérisme plusieurs siècles d'antijudaïsme.
2.2. La médiocrité progressiste et « planétariste »
À l'exact opposé, on trouve les idéologies progressistes et « planétaristes ». Celles-ci, cela va sans dire, ne se réclament nullement d'une identité culturellement et historiquement enracinée, mais d'un ensemble de valeurs morales supposées se substituer à l'identité réelle, les adeptes desdites valeurs morales, comme nous l'avons déjà signalé, se proposant de faire accéder l'humanité à un bonheur universel qui s'apparenterait à une « fin de l'Histoire ».
Affirmer, sincèrement ou, le plus souvent, hypocritement, vouloir assurer à chaque humain sur Terre un « parfait petit bonheur » au nom du « droit », tel est l'idéal fondamental de toutes les « médiocraties ». Pour celles-ci, l'humanité doit être une, fondue dans l'Homme soviétique, comme on disait jadis, ou, bien plus actuellement, métissée par la mondialisation, tant économiquement que culturellement, pour permettre l'avènement de l'Homme globalisé.
L'Homme soviétique — gardons le terme ancien — et l'Homme globalisé ont en commun de ne plus posséder d'identité culturellement et historiquement enracinée. Ils doivent, l'un et l'autre, être le parfait reflet de l'idéologie « planétariste » qui les a fait naître. L'un sera donc un bon communiste prolétarien et internationaliste et l'autre un bon démocrate consommateur et globaliste.
Ainsi, de manière totalement paradoxale, évoquera-t-on la « patrie soviétique », comme s'il s'agissait d'une identité particulière, pratiquement propre à la Russie qui l'a bâtie, tout en proclamant dans le même temps que ce modèle a une vocation universelle. De même, les valeurs morales que le globalisme présente comme caractérisant précisément le monde européen et/ou occidental (liberté individuelle, démocratie, droits de l'homme), sont également élevées au rang de valeurs universelles. En définitive, l'aboutissement de ces deux modèles ne peut aboutir qu'à une chose : la standardisation planétaire — paradoxalement présentée comme le « vivre-ensemble multiculturel » — sur une base idéologique moralisatrice et donc, à vocation totalitaire (9).
La première victoire de tout totalitarisme est de convaincre qu'il est le porteur d'un « Bien absolu » au nom de la défense de la « meilleure des nations », du « seul vrai Dieu », de « l'égalitarisme prolétarien » ou de l'avènement du « bonheur universel démocratique et consommateur ». De ce fait, ses ennemis peuvent également ensuite être diabolisés jusqu'à l'extrême, assimilés au pire et, finalement, être un jour traités comme tels. L'adepte d'un courant différent du socialisme devient un « valet de l'impérialisme », la personne critique à l'égard de la politique migratoire de l'Europe devient « une ordure raciste nostalgique de Treblinka » ; dès lors, aux yeux des « bons », vous n'êtes déjà plus totalement humain, mais un genre d'hybride de sub-humain et de rongeur.
Aucune idéologie ne se réclame d'emblée du Mal. Toutes les idéologies totalitaires affirment agir pour le bien commun. Il s'agirait de s'en souvenir lorsque, par exemple, un régime dit « démocratique » réduit les libertés individuelles, augmente la surveillance à tous niveaux, brime le pluralisme médiatique, vide le système électoral de sa substance, diabolise ceux qu'il désigne comme ses ennemis, enseigne, au nom du « seul vrai bien », une « pensée unique » toujours plus unique et ne propose plus au niveau politique que des boutiquiers et des gouverneurs de province peu suspects de pouvoir déranger, d'une manière quelconque, un pouvoir de plus en plus mondial et de moins en moins accessible. En route donc pour un « monde meilleur » ? Mélange d'idéologie du Meilleur des mondes d'Huxley et de techniques orwelliennes ?
Un jour ils ont arrêté un fasciste et je m'en suis réjoui, car il ne méritait pas mieux. Le lendemain, ils ont arrêté un conservateur et je m'en suis félicité car il était un oppresseur du peuple. Ensuite ils ont arrêté un nihiliste et j'ai pensé que cela était normal car il était idéologiquement dangereux. Plus tard ils ont arrêté un membre du mouvement progressiste et humanitaire auquel j'appartenais mais je ne m'en suis guère inquiété car nos responsables nous démontrèrent qu'il mettait en danger l'unité et la survie de notre mouvement. Un jour, ils ont défoncé ma porte... mais il n'y avait plus personne pour protester. Je me fais un devoir et un plaisir de renvoyer à l'expéditeur, en le paraphrasant, ce célèbre thème humanitariste…
2.3. L'identité esthétique ou l'approche civilisationnelle
Entre les meutes du chaos et les troupeaux de la médiocrité, l'identitaire « esthétiste » ne choisit pas, pas plus qu'il ne choisit entre le morcellement tribal et la dissolution métissée. Son choix se porte sur une voie médiane et civilisationnelle, de même que sur l'action qualitative plutôt que sur les mouvements quantitatifs.
C'est de l'Esprit de qualité que naissent les civilisations et c'est à cet Esprit de qualité qu'à leur déclin, l'essence de celles-ci, après avoir traversé toutes les phases du Cycle — misère, combat, ascension, apogée, déclin, agonie — retourne, afin de se régénérer et de se muer en d'autres formes dont nous ne pouvons guère avoir idée aujourd'hui. Et dès lors que l'Héritage civilisationnel continue à vivre dans un nombre suffisant de cœurs aptes à le transmettre, qu'importe l'effondrement matériel de ses formes sociétales désormais obsolètes.
« L'erreur de ceux qui saisissent la décadence est de vouloir la combattre alors qu'il faudrait l'encourager : en se développant elle s'épuise et permet l'avènement d'autres formes. Le véritable annonciateur n'est pas celui qui propose un système quand personne n'en veut, mais bien plutôt celui qui a précipité le Chaos, en est l'agent et le thuriféraire. Il est vulgaire de claironner des dogmes au milieu des âges exténués où tout rêve d'avenir paraît délire ou imposture. » (10)
La civilisation déclinante, moribonde, n'a plus guère besoin de masses énergiques, de légions conquérantes, d'ailleurs — regardons autour de nous ! — où diable les trouverait-elle ? Alors, la fuite ? La course à l'herbe plus verte russe, québécoise ou thaïlandaise ? À l'heure de la globalisation ? À une époque où, de par l'univers — et voilà vingt ans que je parcours cette planète —, tout le monde, ou presque, réclame son « droit à la consommation », à tel point que même le rigorisme islamique ne fait guère illusion ? En ce siècle d'Internet où le moindre feu de camp est repéré par satellite ? Fuir ? Soyons sérieux. À l'heure de la globalisation et de l'explosion démographique mondiale, il n'y a plus d'îles désertes, de mondes perdus, d'ermitages retirés (en dehors, bien entendu, de l'« ermitage intérieur », mais celui-là n'est guère un lieu géographique) et ce qui donne encore l'illusion de l'être sera bientôt, n'en doutons pas, ravagé par l'un ou l'autre des modèles planétaristes que l'on veut nous imposer. Rêver de fuite en ce début du XXIe siècle n'est rien moins qu'une chimère.
« Maudits Français ! » / Québec est à six heures d'errance / « Maudits Français ! » / Je sais tes souvenirs d'enfance. / « What did you say ? » / Le passé n'a plus d'importance. / « Maudits Français ! » / Où est ton rêve d'indépendance ? » (11)
Dans notre civilisation en déclin, il n'est ni attaque ni fuite qui tienne. C'est l'heure du « dernier carré », de la garde qui, plutôt que de se rendre ou de mourir, recueille, entretient, sauvegarde et emporte le Feu sacré de l'Héritage loin des regards pétrifiants des Gorgones planétaristes. C'est l'heure de l'ermitage intérieur partagé par un nombre d'individus forcément restreint, ce n'est plus l'heure des « combats héroïques », mais celle de la préservation, par l'étude et le partage notamment, de notre Héritage, et peu importe, nous le verrons, qu'on le nomme « européen », « occidental » ou même « gallique ». C'est l'heure de la retraite, mais au sens noble et actif du terme. L'heure, surtout, de réapprendre le rêve et l'heure d'imaginer la manière dont nous le transmettrons, ce rêve, à ceux qui nous succèderont.
« Vigo dit : "Martin, je n'ai jamais douté que vous préfériez la forêt. Mais je sais également que vous la considérez comme un lieu de passage… et non comme un but ainsi que le fait Attila, ou comme une fiction, à la manière du Domo. Mais que sont les fictions ? À chacune de nos grandes mutations, c'est un rêve qui se réalise. Étant historien, vous le savez, nous faisons naufrage, non pas sur nos rêves, mais sur notre incapacité à rêver avec assez de force." » (12)
C'est, dirais-je, pour paraphraser un responsable identitaire français et chrétien, dont le nom étrangement m'échappe, l'heure de saint Augustin dont les Vandales ne purent effacer ni le nom ni le message – qu'on les apprécie ou non – des registres de l'Histoire.
Toutes les civilisations de cette planète, n'en doutons guère, sont aujourd'hui frappées par la fièvre du matérialisme consumériste. Toutes sont déjà plus ou moins détériorées (l'agressivité d'un certain islam n'en est qu'un exemple). Dans ce monde, l'avenir appartient peut-être à la civilisation, quelles que soient les formes qu'elle adoptera dans l'avenir, qui aura été préservée dans les cœurs d'une garde restreinte, certes, mais volontaire et aimante. C'est à la constitution de ce « dernier carré » que doit aspirer aujourd'hui l'identitaire « esthétiste », et non à quelque « grand soir » ou « petit matin » aussi émotif que vain.
En faisant fi des masses et donc de la « dictature de la majorité », ne pécherait-on pas par élitisme ? Peut-être. Mais il s'agit là d'un élitisme ouvert, d'un élitisme dont les références essentielles sont l'individu, sa qualité d'esprit et sa volonté, et non la catégorisation sociale, la vanité des biens et de l'apparence, et la superficialité « diplomocratique » qui fait du dernier imbécile muni d'un bout de papier signé et délivré par un autre imbécile, le plus grand génie de son temps, et de l'artiste le plus médiocre, un émule de Léonard de Vinci.
« Par suite, la philosophie régnante d'une époque détermine son esprit. Donc, si la philosophie du non-sens absolu domine, si des absurdités sans fondement et exposées en un langage d'aliénés passent pour de grandes idées, cet ensemencement produit la belle génération sans esprit, sans amour de la vérité, sans sincérité, sans goût, sans élan pour rien de noble, pour rien qui s'élève au-dessus des intérêts matériels, dont font partie aussi les intérêts politiques, que nous avons sous les yeux. » (13).
L'élitisme qualitatif mais ouvert à tous, est-il réellement élitiste, dans le sens pompeux et hautain du terme, ou n'est-il qu'une conséquence d'une médiocrité largement majoritaire ? Poser la question, c'est y répondre.
Cette approche « élitiste esthétiste » ne comporte-t-elle pas le risque de nous faire tomber dans le piège d'un excessif détachement d'esthète ? Certes, le dégoût bien légitime que nous éprouvons à l'égard de notre environnement de médiocrité et de déliquescence est effectivement susceptible de nous pousser à prendre excessivement « de la hauteur » et à chercher le repos de l'esprit dans un genre d'indifférence livresque, aigrie et désespérée. Ce n'est évidemment pas cela que nous prônons. Si l'étude de l'Héritage est le premier devoir de l'esthétiste enraciné, son second devoir est le partage, c'est-à-dire la transmission de l'Héritage. Dans toute démarche identitaire, l'Art et l'Acte doivent aller de pair.
« De longue date, Mishima est intrigué par l'idéal féodal de Bunburyodo – ryodo peut se traduire par "double voie" –, comme il le raconte dans Le Soleil et l'Acier : "Au cours de la période d'après-guerre, où étaient renversées toutes les valeurs convenues, j'avais souvent pensé et fait part à autrui que c'était le moment ou jamais de ressusciter le vieil idéal japonais, où se combinaient les lettres et les arts guerriers, l'art et l'action." » (14).
L'étude réalisée dans le seul but de satisfaire un besoin personnel d'érudition et de s'assurer un relatif confort intellectuel, s'apparente à de l'infertilité, c'est enterrer son talent dans un sol aride et le laisser se perdre à jamais. L'esthétiste enraciné se doit donc d'être actif afin de transmettre ce qu'il aura pu recueillir de l'Héritage à ceux qui le suivront. Être un moine contemplatif attendant, plongé dans ses livres, la mort, de même que l'incendie, la ruine et le pillage prochains de son monastère n'a, cela va sans dire, pas le moindre sens.
Cette approche finalement essentiellement philosophique du recueil et de la transmission de l'Héritage exclut-elle l'action politique ? Celle-ci serait-elle devenue inutile ? L'action politique – contrairement à l'agitation politicienne…CQFD – n'est pas vaine. Elle doit continuer à viser, en menant une guérilla idéologique permanente contre les principaux idéaux planétaristes – global-consumérisme, islam califatiste et altermondialisme –, à tenter de freiner et de saboter les progrès de ces derniers, et ce bien que, face à un Système toujours plus global et toujours plus cadenassé, sa capacité d'influer sur les événements ne cesse, nous le savons, de se réduire, et ce, nous le savons également… « en toute démocratie ». Cette action politique constitue toutefois, d'un point de vue identitaire, un combat d'arrière-garde dont la principale qualité est de permettre de rassembler autour de l'Héritage enraciné commun ceux qui ont la volonté de se charger de sa sauvegarde et de sa transmission.
Dans ce contexte, on aura deviné que nombre des réflexions géopolitiques concernant le monde européen relèvent aujourd'hui plus du jeu intellectuel que de l'élaboration d'une quelconque organisation stratégique future. La géopolitique étant le contenant de l'Héritage civilisationnel, doit toutefois faire l'objet d'une réflexion.
Éric Timmermans, Bruxelles
(5) Le Charivari, Henri Rey-Flaud, Payot, 1985, p. 99.
(6) Ibid., pp. 101-102.
(7) Contre la philosophie universitaire, Schopenhauer, préface de M. Abensour et P.-J. Labarrière, Rivages poche/Petite Bibliothèque, 1994, p. 56.
(8) 1. « Entre les deux guerres, remarque un jeune philosophe, "faute d'avoir dénoncé quelle fureur païenne gonflait les drapeaux ennemis, les antifascistes ne surent pas prédire les lendemains odieux de la victoire hitlérienne." Rares et peu écoutées étaient les voix qui annonçaient dans le ciel allemand "la substitution de la Croix gammée à la Croix du Christ, la négation pure et simple des Evangiles." Nous ne faisons pas entièrement nôtre cette vision d'Hitler antéchrist. Nous ne pensons pas qu'elle suffise à éclairer totalement les faits. Mais du moins se situe-t-elle au niveau convenable pour juger ce moment extraordinaire de l'histoire. » (p. 312)
2. « Un lieu commun qui ne résiste pas à une analyse minimale, encore moins à la lecture des textes, fait d'Adolf Hitler un athée païen fasciné par les cultes nordiques, amateur d'un Wagner de casques à cornes, de Walhalla et de Walkyries aux poitrines opulentes, un antéchrist, l'antinomie très exacte du christianisme (…) Est-ce la décision d'un Führer athée d'obliger tous les enfants de l'école publique allemande à commencer leur journée dans le Reich national-socialiste par la récitation d'une prière à Jésus ? Non pas à Dieu, ce qui pourrait faire d'Hitler un déiste, mais à Jésus, ce qui le désigne explicitement comme chrétien. Le même Führer prétendument athée demande à Goering et Goebbels, en présence d'Albert Speer qui rapporte la conversation, de rester dans le giron de l'Église catholique comme il le fera jusqu'à son dernier jour. » (Traité d'athéologie, Michel Onfray, Grasset et Fasquelle, 2005, pp. 224-225).
(9) Le colonel des Marines à « Guignol » (Joker) dans Full Metal Jacket de Stanley Kubrick (01 : 02 : 53-54) : « We are helping the Vietnamese because inside every gook is an American trying to get out ».
(10) Précis de décomposition, Cioran, tel Gallimard, 2002, pp. 168-169.
(11) Maudits Français, Michel Sardou.
(12) Eumeswil, Ernst Jünger, La Table Ronde, Folio, 1998, p. 527.
(13) Contre la philosophie universitaire, Schopenhauer, préface de M. Abensour et P.-J. Labarrière, Rivages poche / Petite Bibliothèque, 1994, pp. 111-112.
(14) Mort et Vie de Mishima, Henry Scott Stokes, Balland, 1985, p. 187.