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Se termine aujourd’hui une deuxième semaine complète après le brouhaha. Un peu partout, la vie trouve le moyen de sortir des décombres. Presque toute l’économie informelle a repris son pignon sur la rue ; marchandes de bouffe, de linge usagé ou de charbon, cireurs de chaussures, cordonniers, kawoutchou man, chiens jambés (les restaurateurs de coin de rue), taps-taps, … Même chose pour l’économie formelle. Au bureau, on accueille des équipes du Ministère de la santé et de l’Université d’État. Des gens qui recommencent à travailler, du moins à essayer. Ils ne sont que quatre fous (comme moi !) à travailler à l’intérieur de la maison. Toutes les autres moun (plus d’une vingtaine) travaillent dans le jardin, pas question de mettre sa tête sous un toit, même inspecté par une firme d’ingénieur. L’expertise scientifique et rationnelle d’un ingénieur ne pèse pas lourd contre un cœur shaké ! Même si les choses reprennent un semblant de normalité, la mort se rappelle toujours à nous. Une partenaire du Ministère vient de recevoir un téléphone, on a trouvé le corps de son jeune frère dans les décombres d’une des facultés détruites. Tous les jours comme ça, on croise une personne pas vue depuis le tremblement de terre qui nous fait la liste des pertes humaines dans sa famille, proche ou lointaine. Une autre pour te dire qu’elle est sans nouvelle de sa cousine qui travaillait dans l’édifice X et qui a l’allure d’un mille-feuille aujourd’hui ; ‘Elle venait de commencer à y travailler, c’était sa deuxième journée’. J’imagine qu’un jour, la mort ne fera plus partie de notre quotidien…