Est-ce du à l’entourage du sportif ? Ces coachs, ces entraineurs qui aident, soutiennent, préparent, donnent l’impulsion et quelques fois peuvent être source de déclic. Est-ce ce cheminement accompagné, cet effort œuvrant pour un défi ? Ne serait-ce donc que son entourage professionnel qui me plait ? Peut-être un peu, mais il faut avouer que j’aurais amé être aussi de cet entourage, de ces accompagnateurs, de ces personnes dans l’ombre… et pas seulement celui dans la lumière.
C’est surtout son état physique que j’envie. Cette capacité qu’il partage avec ma cousine et son frère, Balayeur des cimes qui a rangé son balai. Cette liberté de ne pas être emprisonné de leur corps. Corps mené vers un objectif de compétition comme ces championnats de haut niveau tennistique. Mené vers une utopie ou philosophie de vie. Mener vers un épanouissement de soi.
*acrobates
Voilà c’est ça : j’envie ce corps qui leur permet d’aller de l’avant, de répondre à leurs attentes. Avant mes 20 ans j’ai fait des sports multiples, sans jamais trouver un repère, une maison, une pratique où je me sentais épanouie. De l’équitation, plus pour mes relations aux chevaux, dans leur boxe, dans le contact et la compréhension dans la pratique. Dès que la compétition a pointé son nez, je me suis enfuie. Rien de bien fabuleux à part ce dernier rebond, cet aïkido. Ce sport, cet état d’esprit, est arrivé trop tard ou trop tôt. Trop tard pour que j’arrive à me perdre et me trouver grâce à lui. Mon corps avait des manques, des réflexes que je n’ai découverts qu’à 30 ans, une souplesse perdue depuis mes 10 ans. Trop tôt dans l’esprit.
C’est en regardant un reportage sur les sportifs, et ce qui m’intéresse le plus, leurs entraînements, les efforts de l’avant ; c’est en comparant nos intérêts à mon compagnon et moi, lui la performance des athlètes, moi l’agilité des gymnastes, que mes premiers regrets sur mon physique ont pointé leur nez.
Je n’ai fait que me fabriquer une carapace, quelques grammes par quelques grammes. Mon corps n’était que le reflet d’une souffrance (au singulier ou au pluriel, d’ailleurs). Ce corps portait ma tête, embrumée, envahie de réflexions, de cheminements, de circonvolutions constructives ou néfastes. Je n’ai entendu que des avis médicaux, familiaux ou amicaux sur une perte de poids nécessaire. Je me fortifiais dans tous les sens en allant à l’encontre de ces regards portés sur le pourtour et rarement sur le fond.
J’ai bien pensé plusieurs fois à modifier ma corpulence, pour le quand dira-t-on, pour la normalité, pour être plus séduisante… enfin pour toutes les mauvaises raisons. Porter un enfant a été une bonne raison. Lui sorti de moi, je suis revenue à moi-même, réclamant ce corps tout en rondeur, débordant de tout, d’émotions, de sensibilités et j’espère d’affection. Et puis voilà que j’envie les corps dépourvus de lourdeur. Oui, j’ai depuis longtemps cette envie de liberté qu’offre la pratique des yamakasi ou les acrobates des cirques contemporains, cette coordination corps et esprit permettant de combattre et d’être serein des aïkidoka. J'en parlais récemment là. Mais avoir envie d’être libre de courir, courir, à perte de vue, à perte de paysages, à perte de repère… fuir ou découvrir, c’est nouveau. Cela me donne envie de perdre tous mes propres repères de survie. Envie de me faire un corps, de renaitre, de ne plus m’en servir de la même manière. De lui donner des lettres de noblesse : après m’avoir couvert, j’ai envie de le découvrir. Trouver cette liberté de mouvements que mon esprit commence à rencontrer, offrir une nouvelle opportunité que de porter cette personnalité.
Ne vous fier pas aux apparences, malgré mon « beau » gabarit, je n’ai jamais été aussi dynamique : courir après le métro, le bus, porter mon fils (16kg) ou mon fils dans sa poussette, marcher de manière super dynamique ou laisser quelques uns loin derrière lors de randonnée… tout cela est presque nouveau (moins de 10 ans), presque coexistent à cette morphologie de Botero. Ne vous inquiétez pas nous plus pour ma capacité à séduire, j’en ai joué assez pour ne pas ignorer qu’elle est toujours là, prête au moindre regard malicieux (à ne pas confondre avec libidineux).
Suis-je donc prête à laisser couler ce bouclier me protégeant des autres… et peut-être aussi de moi-même ? A suivre…