Dernier week-end de janvier c’est déjà le retour du festival de la biographie à Nîmes. Le monde de l’édition s’affole. Cette année la thématique choisie est l’autobiographie, Charles Aznavour vient justement mezza voce de signer la sienne, Au Diable Vauvert fête son dixième anniversaire d’où le retour de l’enfant prodigue, Nicolas Rey, qui vient de subir « Un léger passage à vide », titre de son dernier livre. Mais commençons par le début.
Vendredi 29 janvier, 14 heures 30, lycée Alphonse Daudet : conférence autour de la question : « La place de l’intime dans la biographie : peut-on tout dire? »
Patrice Zehr anime avec son brio habituel les débats et répartit la parole entre les quatre intervenants : Dominique Bona, Olympia Alberti, Alain Vircondelet et Marc Besse. Au préalable, il ouvre la conférence pour regretter qu’aujourd’hui le public se divise en deux, nous sommes tous : ”exhibitionnistes ou voyeurs devant la télé“. A-t-il vraiment tort de faire ce constat?
Biographe de Marguerite Duras, de Balthus, de Saint-Exupéry ou encore de Rimbaud, Alain Vircondelet, « Albert Camus, fils d’Alger », Fayard, cherche dans ses livres à “atteindre les zones obscures” du personnage traité. Il reconnaît que “le biographe est quelqu’un qui suit une histoire personnelle” ce qui signifie que les éléments de sa propre vie entrent en ligne de compte dans la rédaction. Lui-même, comme Albert Camus, est un fils d’Alger et ainsi il a pu se glisser plus facilement dans la peau du prix Nobel de littérature.
Á qui voudrait se lancer dans le genre il donne ce conseil, lisez attentivement : « Tout est dans le texte ». Il cite deux autres biographies de référence sur Camus, celle de Lothmann et celle d’Olivier Todd.
Olympia Alberti « Caranvansérail », L’Armourier, rappelle le sens étymologique du mot intime, il vient du latin intimus, le plus intérieur.
Dominique Bona évoque la vie et la personnalité de « Clara Malraux », titre de son libre, chez Grasset, cette femme brillante, née Goldschmidt, qui a accepté de s’effacer pour rester dans l’ombre de Malraux. Aurait-il supporté d’être avec elle sur un pied d’égalité?
Marc Besse, journaliste musical, publie « Bashung(s), une vie », Albin Michel. Le point de départ du livre est un extrait d’une chanson de Léonard Cohen qui parle de “sonder la fracture de l’autre“. Marc Besse a suivi le chanteur pendant huit ans et avoue la “difficulté de faire une biographie du vivant de la personne“. Il raconte ses séances de travail avec le chanteur.
On en revient à Camus et Alain Vircondelet conclut en mettant l’accent sur trois points qui lui paraissent occultés dans sa vie :
- on oublie qu’il fut un immense poète, ami de René Char,
- on sous-estime la place de la ville d’Alger dans sa vie (il assimilait sa mère à Alger) et dans son oeuvre, en particulier « Le premier homme », dans ce roman que l’on sait inachevé l’action se situe dans la capitale de l’Algérie,
- le public ignore la quête spirituelle de Camus, son souhait de silence, de retrait, sa fréquentation de moines, à suivre …