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Parce que ça va ou quoi?

Par Leschatserrants

Parce que ça va ou quoi?

J’ai fait toute ma scolarité dans des établissements cathos bourges, et dans ces prisons la, il arrive (quelque fois) que viennent des extraterrestres: des gens qui habitent en cité ou en banlieue, ou les deux et n’ont pas la chance d’aller en vacances 5 fois par an dans les quatre coins du monde. A. en fait partie.

On est devenue amies parce que, comme moi, elle se fout totalement de l’opinion qu’ont les autres sur elle, et opinions il y en a beaucoup entre autres car elle ne cache pas le fait qu’elle soit gay. Elle trace la tête haute, un tel comportement ne pouvait donc que m’impressionner.

Je crois que je suis franchement attirée par A., mon exact contraire, une meuf gentille, franche, sympa, et qui rêve encore du grand amour. Et surement que je l’envie de son optimisme.

Du moins, jusqu’à dernièrement, parce que son SMS laissait deviner que, comme moi, elle avait craqué et que sa vie n’était probablement plus aussi rose qu’avant. Mes amies me manquaient.

J’ai sorti mon portable, composé le numéro d’O. Je l’ai laissée m’engueuler et puis on a convenu qu’on irait voir A. ce soir et tant pis si les médecins ne nous laissaient pas passer.

Pour être honnête, je ne savais pas comment nous allions nous démerder, mais je ne pouvais plus me défiler. Et à l’heure dite, elle et moi étions devant un petit bâtiment blanc assez discret, qui ressemblait plus à un centre de santé qu’à un quasi-asile.

Nous avons fait le guet pendant plus d’une heure, attendant qu’il y ait du mouvement, ou même la preuve que des gens habitaient l’endroit.

Une femme de ménage est sortie du bâtiment, tirant des sacs poubelles. C’était notre chance.

Façon James Bond Girls, nous nos sommes glissées à l’intérieur. Le rez-de-chaussée étant vide, on est montées au premier.

On se serait cru à l’hôpital. Il y avait un standard, vide, et un long couloir composé d’une série de portes.  Nous primes chacune un bout du couloir, cherchant à chaque porte le nom d’A..

Mais il semblait qu’A. était introuvable. J’étais au bord du désespoir et il ne nous restait que deux chambres.

La première n’avait pas de nom à la porte. Pleine d’espoir, je posais ma main sur la poignée qui s’ouvrit à cet instant. Une infirmière, l’air aussi interdite que moi, se tenait devant, la main sur la porte.

Reprenant ses esprits elle referma la porte et me tira vers un coin plus éclairé.

-Vous n’avez rien à faire ici ! cria-t-elle. Les visites sont interdites à cette heure !

Et O. débarqua à ce moment la.

-Madame, fit elle en se plantant devant elle, nous voulions juste  voir notre amie. Pour quelques minutes. Lui dire qu’elle nous manque.

Ses yeux devinrent humides pendant que sa voix se brisait.

L’infirmière parut se radoucir.

-Vous savez, les règles sont les règles.

Je pris mon air le plus suppliant.

-On ne restera pas longtemps, Madame, mais laissez nous la voir.

Je la sentis flancher.

-Je vais dans mon bureau. J’en sortirai dans 10 minutes. Je ne veux plus jamais vous voir à cette heure ci de la nuit.

On l’a remercié les larmes aux yeux et elle s’en est allé en nous jetant un dernier regard ému.On avait eu un sacré bol.

La pièce était austère, composée d’un lit, d’un chevet, quelques chaises et livres. Les murs étaient nus, comme si sa présence n’était que temporaire, qu’elle ne ferait qu’hanter les lieux comme un fantôme jusqu’à son départ.

A. nous regardait, assise sur son lit, portant une horrible blouse blanche. Avant même qu’on ait le courage de dire quelque chose, elle s’est exclamée avec son petit sourire qui se voulait rassurant :

-Hey, ça va ou quoi? Vous savez pas que les horaires de visites sont passés?


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