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France Culture devant RTL : la radio à l'ère du tout-numérique !

Publié le 22 janvier 2010 par Pierrecaubel

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France Culture devant RTL… Certains en rêvaient, Médiamétrie l’a fait. En décembre, l’institut de sondage livrait sa première enquête sur les podcasts des stations françaises. Une petite innovation, certes, mais qui signait l’entrée définitive de la radio dans le tout-numérique. Pour la première fois, un mode d’écoute émergent se voyait célébré par le marché : mesurable, donc monétisable.

Et si les résultats ont pu donner à réfléchir aux stratèges du marketing, c’est qu’ils ont dessiné des rapports de force inhabituels. Exemple frappant : avec 2,15 millions de téléchargments en novembre, France Culture devançait l’ogre RTL de quelques milliers d’unités.

Renverser les hiérarchies, inspirer entre l’auditeur et son média des relations imprévisibles, on peut voir là les effets de ce que certains commencent à appeler la post-radio. Notion encore assez poreuse, elle peut se définir dans un monde numérisé par la remise en jeu de ce qui constitue la radio classique : son économie, ses modes de diffusion et de réception, son impact social et bien sûr ses contenus.

Certains producteurs craignent par exemple que l’extension du podcast favorise la domination des formats courts (aisément consommables) au détriment des temporalités plus étendues, comme le documentaire. Média le plus consommé sur le net mais en retard dans sa mutation numérique par rapport à la télé, la radio semble pourtant receler une palette plus étendue.

Catch-up (radio de rattrapage), radio augmentée (d’images, d’archives, de liens), customisée (créée et modifiée par chacun comme certaines webradios) sont autant de possibles.

“La post-radio semble coaguler avec les autres types de médias vers une fusion généralisée de toutes les technologies de la communication. Mais créera-t-elle pour autant de nouveaux liens sociaux, groupes sociaux, espaces sociaux ? Ouvrira-t-elle de nouveaux espaces publics de débats démocratiques ?”, résume Sébastien Poulain, doctorant à Paris I. Ce chercheur est membre du Grer (Groupe de recherches et d’études sur la radio) qui s’est interrogé sur les mirages technicistes de la post-radio lors d’un récent colloque parisien.

“Attention, il ne faut pas confondre invention et innovation, assure Jean-Jacques Cheval, son président. Seule une petite partie des inventions deviennent des innovations, c’est-à-dire qu’elles passent dans le domaine public en connaissant une réelle appropriation. Il faut donc compter avec la paresse d’une partie des auditeurs, à qui il convient d’être passif. Tout le monde n’est pas pour l’interactivité à tout prix.”

Si, pour reprendre Sébastien Poulain, “la post-radio fera son chemin entre utopie technologique et réalité sociale”, d’autres l’affirment : elle existe déjà, mais ailleurs. C’est la radio des artistes sonores qui la délocalisent hors des champs traditionnels et la réinitialisent sous d’autres formes : performances, festivals, radios éphémères et autres hackings passant, ou non, par le web.

“La radio est un média mais aussi un outil que personne ne remet en cause”, assure le créateur Jean-Philippe Renoult. Cela ne devrait pourtant plus tarder.

( Lire L'Article via Les Inrocks )


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