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Toucher l’ange

Par Montaigne0860

L’aube de l’ange est si souple que son seul effleurement fait frissonner ; froid presque glacial sur le moment, le toucher s’ouvre en corolle dans le chaud de la mémoire et plus j’y pense, plus le souvenir m’en apparaît éblouissant.

Le tissu me revient au bout des doigts, je ne sais pas très bien comment, mais chaque empreinte de mes extrémités, là où rôde l’identité, s’anime de son contact fragile, évanescent, a-t-il eu lieu ?

Dans le gré de mes multiples songeries du jour, mes phalanges me piquent, confirmant que la rencontre avec l’aube a eu physiquement lieu ; le moment s’éloignant, j’entends ma raison bien nette qui donne des explications tirées au cordeau : tu as dû toucher la vitre au lever, glacée d’hiver ta main a dû involontairement s’échauffer aux rideaux… le froid, le tissu, tout est clair.

Vers le soir pourtant – sans doute la fatigue – j’entends revenir entre chien et loup la tendre morsure du froid au bout des mains. J’en appelle à ma mémoire qui tiraille, fait semblant de ne plus se souvenir, les braises tombent dans le fond du crâne, le tissu n’est plus que cendres.

Je n’en ai pas fini avec l’aube, car pour m’endormir, je me vois contraint d’inventer un rêve d’avant le rêve afin que le corps accepte l’abandon au tout venant de l’obscur et c’est alors que serrant l’oreiller contre ma joue j’entends, oui, j’entends déjà revenir l’aube, le froid, le tissu, puis son réchauffement doux que sera demain, tout la beauté de demain, l’ange futur. Je m’endors en souriant.


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