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Direction retenue par les salariés chez Pier Import, encore une nouvelle remise en cause de l'Etat de droit

Publié le 02 février 2010 par Copeau @Contrepoints
Direction retenue par les salariés chez Pier Import, encore une nouvelle remise en cause de l'Etat de droit La PDG de Pier Import, Sonia Ben Behe et le directeur général, Gérard Démaret, sont pour l'instant retenus par quelques dizaines de salariés dans les locaux du groupe. La société est en redressement judiciaire depuis septembre et un plan social a du être mis en place pour sauver ce qui était encore possible de l'entreprise. Les salariés licenciés espèrent obtenir par la contrainte plus que ce qui a été accordé à l'issue du comité d'entreprise.

De telles démarches sont très lourdes de menaces sur le fonctionnement de l'état de droit en France, déjà bien mal en point. Comme le notait un article de 1974 sur les prises d'otage de dirigeants :

« Notre civilisation est celle de la loi et du contrat. Nul ne peut y être contraint qu'en vertu d'une loi régulièrement votée, ou en application d'un contrat librement signé : tels sont les piliers de la liberté et de l'autonomie du citoyen (sur le plan politique aussi bien qu'économique), c'est-à-dire en somme de la démocratie. »

La faiblesse des dirigeants politiques et d'entreprise pour dire non devant de telles contraintes illégales nous expose tous à de graves menaces. Mettre en suspens la légalité pour tel ou tel, c'est risquer de la mettre en suspens pour tous et d'ouvrir la porte à des conflits toujours plus nombreux, plus violents. Comme le soulignait le même article : « les libertés du peuple ont tout à perdre dans un recul du règne de la loi, laissant place libre à tant de tyranneaux de quartier, d'atelier ou de cellule. [..] C'est la mode aujourd'hui, chez les « progressistes » au cœur tendre, de signer des pétitions chaque fois qu'il s'agit d'appliquer la sanction légale à un acte de violence. S'ils réussissent à démanteler ainsi la légalité, ils seront les premiers surpris de se retrouver un jour ... en régime fasciste. Car la démocratie est avant tout le régime dans lequel la violence ne paie pas. »

Ce journal est Les Quatre Vérités, première version, publié entre 1974 et 1994 par quatre « mousquetaires » du monde de l'entreprise, Michel Drancourt, Yvon Gattaz, Octave Gélinier et Jacques Plassard. Le courage de leur prise de position « à l'époque où fleurissaient joyeusement les utopies de l'autogestion véhiculées avec délectation par des syndicalistes et par de bons esprits qui n'avaient jamais dirigé une entreprise » [1] tranche avec le renoncement complet des dirigeants de Pier Import : selon Le Figaro, la PDG a estimé cette nuit que la contrainte exercée par les salariés était « dépourvue d'agressivité », et que la situation n'était « pas contrariante ». Reconnaissance de la renonciation de la direction devant la menace et la prise d'otages, elle ajoutait : « les demandes supra-légales sont en cours de négociation ; personne ne sera floué dans ses droits ». Les seules personnes flouées aujourd'hui, ce sont les personnes honnêtes qui se refusent à utiliser des moyens illégaux pour arriver à leurs fins. Le vrai courage, c'est de dire systématiquement non devant ces menaces.


[1] Yvon Gattaz, ''Mes Vies d'entrepreneur'', Fayard, 2006, p.84

Image : Logo de Pier Import, tous droits réservés.

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