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Haïti, ou la course à la charité

Publié le 02 février 2010 par Sarah.bh
Un terrible séisme a secoué Haïti le 12 janvier 2010. On n’aimerait pas l’admettre, mais ce pays semble être touché par la malédiction. La course à la charité a été lancée par les grands pays. Après les banques, les haïtiens profitent du grand cœur des super puissances mondiales. Si ces pays pouvaient être aussi solidaires et charitables en dehors des catastrophes naturelles….
Autant cela fait plaisir de voir la mobilisation de toutes ces personnes et de toutes ces stars, autant cela fait mal de savoir que les haïtiens ont dû goûter à la mort et voir périr plus de 100 000 de leur compatriotes pour qu'on se rende compte de leur malheureuse existence. Avant le séisme, Haïti était à juste titre, l'un des pays les plus pauvres du monde (et le plus pauvre du continent américain), et l'une des régions la plus risquées de la planète. Tout le monde le savait, tout le monde s'en foutait. Jusqu'à un certain jour de janvier, où arrive un séisme comme on en a rarement vu, et voilà que le monde entier essaie de racheter sa conscience morale. On se bouscule pour être les premiers cités dans les journaux.
Les Etats-Unis envoie une armée. Ne vous étonnez pas, l'aide humanitaire passe par les GI’s chez l'Oncle Sam. Pour les scientologues (la scientologie est considérée comme secte dans de nombreux pays), c'est l'occasion ou jamais pour faire un coup de marketing. Ils ne pouvaient pas espérer mieux pour redorer leur image et faire parler d’eux. Quelques associations religieuses viennent offrir leur aide et leur charité, et profitent pour faire un trafic d'enfants au passage...
Symbole de l'échec des coopérations internationales et de la quasi indifférence face à la misérabilté humaine, Haïti a dû subir une apocalypse pour voir le monde entier défiler sur sa terre. Pis, les journalistes américains ont trouvé la meilleure alternative aux émissions de télé-réalité. Sous un masque de journalisme héroïque et de compassion, la mise en scène ne pouvait pas être plus parfaite pour capter le téléspectateur américain toujours à l’affût du trash…
Les GI's débarquent pour une démonstration de force. La France est bien présente mais éclipsée par une ingérence américaine dénoncée par les observateurs. La France qui a longtemps délaissé Haïti, et tenait juste à la garder francophone, paie aujourd'hui les pots cassés de sa politique : les américains essaient de la chasser du programme de reconstruction du pays et minimise son aide. Au passage, un autre pays est éclipsé, Cuba, le seul pays qui n’a jamais laissé tombé Haïti avant le séisme.…
Aujourd’hui, Haïti est le théâtre de toutes les attentions, mais des attentions qui ne sont pas forcément de bon augure pour la suite. On a longtemps dit qu’Haïti est victime de l'IFAC (impérialisme Français, Américain Canadien). Le pays a donc été mis sous la tutelle de l'ONU, mais la catastrophe a facilité le retour des américains, se proclamant amis exclusifs d'Haïti (on se demandait où ils étaient une semaine avant le séisme). Ils en profitent pour envahir le pays : main d'œuvre pas chère, base arrière pour contrôler Cuba, il faut dire que les enjeux politiques et économiques ne manquent pas. Et puis, ironie du sort, la capitale Port-au-Prince est vidée de ses habitants et tout est à reconstruire, ils peuvent faire comme bon leur chante. Mieux encore, les haïtiens pensent qu'ils devraient être occupés pour espérer s'en sortir de ce chaos total. Affaire à suivre…
Publié sur Tuniscope

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