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REPRISE : ' Radiographie d'un régime '

Publié le 02 février 2010 par Zelast

E69

Radiographie d’un régime

lundi 25 janvier 2010

Dans le pays où nous sommes nés, il n’y a rien de libéré ni de libre. En Italie comme un peu partout, on est en train d’assister à un « tournant autoritaire » sans précédent qui va impliquer tous les aspects de notre vie. On se trouve face à un appareil de contrôle et de propagande totalitaire et totalisant, un système qui nous écrase et nous paralyse, qui nous rend sourds et aveugles à notre souffrance et à celle des autres, résignés et habitués à la « captivité ». Dans la tragédie, il y aurait paradoxalement encore quelque réconfort à pouvoir affirmer que le cynisme a pris le dessus, mais la réalité est bien pire : ce qui a cours est un processus de déshumanisation des individus, c’est l’antichambre de la barbarie.


Nous, produits modernes, ne refusons pas la douleur et les injustices, nous les incorporons comme norme. Elles ne nous sont pas étrangères, elles ne sont pas quelque chose de distant ou à dépasser. Elles sont inéluctables, font partie de nous et sont en somme la représentation d’un monde qui ne peut pas être différent. Nous sommes les épouses promises à la société, et c’est en tant que telles que nous allons résignées au mariage, accomplissant notre devoir sans amour et sans espoir, sachant uniquement que c’est comme ça, qu’il n’y a rien à faire, que c’est ainsi qu’ont fait nos mères, nos grand-mères, toutes. L’amour et le bonheur ne sont pas pris en compte. Ils n’existent pas, parce qu’on ne les connaît pas, parce que le sens de ces mots est vide, relégué à la rhétorique, mort.

L’homme déshumanisé est l’enfant légitime de la société totalitaire. Il n’est pas complice de l’autorité en tant qu’esclave, il devient l’autorité parce qu’esclave. L’esclave cesse d’être tel lorsqu’il se rend compte de ses propres chaînes, au moment où il tente de s’en libérer, les nuits où il rêve de fuite : l’homme déshumanisé ne perçoit plus les chaînes, n’a pas de rêve qui brise son rôle, ne pense pas à fuir parce qu’il ne réussit pas à penser à un ailleurs, à un autre endroit, à un autre monde. 
Ce processus de dépossession des individus est la plus grande extension de l’autorité, c’est le sommet dans lequel le pouvoir arrive à son accomplissement total, l’utopie de tout régime jamais entièrement atteinte. On pourrait défendre que le dénominateur commun de cette époque est l’incapacité à se reconnaître soi-même, à s’abstraire de l’aliénation sociale comme individus – ne serait-ce qu’un instant. Etouffés par le quotidien, et enterrés sous la norme, nous anesthésions l’entièreté de notre capacité à sentir, aussi bien nous-mêmes que ceux qui nous entourent. Il ne s’agit donc pas d’un simple manque d’empathie, mais de l’annulation totale du moi, de la tension personnelle au bonheur.

LA SUITE : http://www.non-fides.fr/?Radiographie-d-un-regime


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