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Quand la mairie du 5ème refuse de célébrer les PACS – Le vrai visage de l’UMP

Publié le 02 février 2010 par Variae

Ils sont sympas, à l’UMP, sympas et modernes ! Ils sont cools. Difficile de dater le phénomène, mais on peut chercher du côté de l’élection de Nicolas Sarkozy : un président copain avec Johnny et Jean Reno, qui fait du jogging et finit par épouser un supermodel en guise de Tante Yvonne. Et puis un gouvernement qui fait la part belle aux djeunes et aux femmes, avec notamment un quarteron de drôles de dames qu’on retrouve aujourd’hui au front de la bataille des régionales en Ile de France – Valérie Pécresse, Rama Yade, Nathalie « NKM » Kosciusko-Morizet et Chantal Jouanno. Cautions garçonne, blaxploitation et web social … Estrosi s’organise des rendez-vous avec la boss de Vogue, Nadine Morano est en stade terminal de fièvre du samedi soir. Même les éléments a priori plus sinistres comme Xavier Darcos se prêtent au rituel du lip dub, c’est dire ! Une droite, en somme, décomplexée ET dans l’air du temps.

Quand la mairie du 5ème refuse de célébrer les PACS – Le vrai visage de l’UMP

Oubliés, on vous dit, le bruit et l’odeur, les manifs d’intégristes du temps du PACS, le RPR beauf’ à la sauce vieille France ! La droite a changé, même l’UNI a abandonné son nom, c’est dire ! On en finirait presque par croire à cette belle histoire narrée par les communicants ministériels. (Mal)heureusement, la réalité de la droite profonde, celle qu’on rencontre une fois quittées les pages people, ne tarde jamais à revenir en pleine face.

Petite histoire significative arrivée ce jour à un camarade. Habitant comme moi le 5ème arrondissement de Paris, il a décidé de se faire PACSer avec son ami en mairie. Après une demande dans les règles faite par écrit à Jean Tiberi, maire de l’arrondissement, il reçoit par téléphone ce jour une fin de non-recevoir de sa secrétaire. « On ne fait pas ça ici », lui lance-t-elle sèchement. Adieu la cérémonie, bonjour la signature administrative vite expédiée au tribunal d’instance.

Oui mais voilà. A Paris, depuis l’arrivée à la mairie de Bertrand Delanoë, le PACS est honoré dans les mairies d’arrondissement par une cérémonie présidée par le maire ou son adjoint, comme les mariages. La loi n’y oblige pas, mais c’est une façon d’être fidèle à l’esprit de cette nouvelle forme d’union qui, en dix ans, a largement séduit les Français, hétéro- comme homosexuels. Cette bonne pratique s’est répandue dans tout Paris, sauf chez les irréductibles gaulois d’arrondissements de … droite. Philippe Mouricou décrivait il y a quelques temps les contorsions du maire du 15ème pour bannir les cérémonies de PACS de sa mairie, cette mésaventure qu’on me relate aujourd’hui met le 5ème au même tableau de (des)honneur. « On ne fait pas ça ici ». Traduction : pas de ça chez nous ! Dehors les mécréants, en arrière les pédés !

Car ne nous y trompons pas, même si le PACS concerne toutes les sexualités, c’est bien entendu à l’homosexualité qu’il est associé chez ces beaux esprits UMPiste, et c’est l’homosexualité, et surtout sa normalisation, qu’ils  espèrent combattre en le tenant à l’écart de leurs mairies. Deux poids, deux mesures : celle des beaux discours de campagne d’un Nicolas Sarkozy prônant une amélioration du PACS même sans aller jusqu’au mariage gay et lesbien ; et celle, à côté, d’un Christian Vanneste qui sévit avec le soutien tacite de son parti. De même, quel crédit apporter à Valérie Pécresse qui lance une campagne contre l’homophobie dans les universités, quand Christine Boutin appelle à interdire un film éducatif sur l’homosexualité, au nom de « la neutralité [sic] de l’Éducation Nationale » ? Comme si l’homosexualité était une opinion, une religion, voire une maladie qu’on attrape. C’est d’ailleurs peut-être pour cela qu’on la maintient en quarantaine via le refus de PACSer dans certaines mairies, allez savoir …

Quand la mairie du 5ème refuse de célébrer les PACS – Le vrai visage de l’UMP

Alors que l’on découvre que le droit à l’avortement est également remis en cause par la réforme Bachelot de l’hôpital, il faut voir les choses en face. L’UMP et la droite qu’elle représente ne se sont jamais vraiment converties à la modernité et à l’humanisme sur ce que l’on désigne par le vilain nom de « questions de société », et qui concerne simplement l’égalité de traitement et de conditions de vie de tous les citoyens. Ce n’est pas pour rien qu’un militant à la pointe de ces questions comme Jean-Luc Romero a rejoint la liste de Jean-Paul Huchon pour les régionales, prenant acte de l’imperméabilité de son camp à ces thématiques, par-delà les belles déclarations faites pour amuser la galerie. Ce n’est pas pour rien si la tête de liste UMP pour les régionales à Paris, Chantal Jouanno, a refusé de répondre à Anne Hidalgo sur le blocus des mairies d’arrondissement de droite contre le PACS. Chacun, s’il est épris de liberté et d’égalité, ferait bien de s’en rappeler au moment de mettre son bulletin dans l’urne le 14 mars prochain.

Romain Pigenel


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