Plusieurs dizaines de personnes, 30 à 40 selon l'AFP, ont endommagé environ 150 000 exemplaires du journal gratuit Direct Matin chez l'imprimeur Brodard Graphique dans la Seine-et-Marne, dans la nuit de mardi à mercredi. Ils sont arrivé entre minuit et une heure du matin et, équipés de deux lances à incendie ont inondés les stocks puis crevé les pneus de camions de transport.
Selon la police, il pourrait s'agir de représailles du syndicat du Livre CGT après que le groupe Bolloré, propriétaire de Direct Matin, ait décidé de changer d'imprimeur. En effet, depuis la mi-janvier, Direct Matin est imprimé chez Brodard Graphique, un imprimeur spécialisé dans la publicité et les magazines. Non présent dans l'impression de la presse parisienne, secteur où la CGT-Livre est de facto syndicat unique, il échappe aux pressions du syndicat, ce qui ne serait pas du goût de celui-ci. L'imprimeur a annoncé son intention de porter plainte.
Le syndicat du livre CGT est connu pour ses méthodes musclées et bien souvent illégales. Ce syndicat, le seul autorisé dans l'imprimerie de la presse quotidienne, bénéficie de son monopole légal pour obtenir des avantages massifs : selon le rapport sénatorial "Jusqu'où aider la presse" (sic.) : « Le coût d'impression, pour un travail identique, en offset, sur papier journal, provient à 80 % des salaires dans l'imprimerie de presse (dédiée à l'impression des quotidiens), contre 35 % dans l'imprimerie de labeur (impression des magazines). »
Des affaires similaires à celles qui touchent Direct Matin ont eu lieu récemment avec Métro : de nombreux cas de violences physiques vis-à-vis des distributeurs de Metro par des membres du syndicat du livre ont été rapportés selon Le Monde.
De très nombreux autres scandales ont entaché l'image du syndicat : ainsi, Emmanuel Schwarzenberg a-t-il révélé en 1987 dans Spéciale Dernière que 5% du papier soit 200 tonnes par mois était détourné par le syndicat au profit du régime cubain pour y imprimer la propagande officielle (Granma). En 1991, c'est la direction des NMPP qui a mis à jour une cache de plus de 5 000 armes dans un de ses entrepôts de Saint-Ouen, les armes ayant été cachées par des ouvriers du syndicat du livre en 1980 en prévision du « grand soir ». Pour d'autres publications, c'est même des prises d'otages de dirigeants qui ont eu lieu pour les forcer à signer le contrat sous la contrainte.
Le plus inquiétant est la non sanction par la justice de tels actes, qui sont des violations graves de l'Etat de droit.
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