"La photographie animalière"

Par Nounours78

Aujourd’hui je vous présente l’interview de Cédric Girard auteur du livre « La photographie animalière »  que j’aurai l’occasion de critiquer dans quelques semaines. Cédric Girard était l’un des 1ers blogueurs que je suivais à la création de photopassion.fr et je suis aujourd’hui content de vous présenter son livre.

Son blog :

Cédric, peux tu te présenter en quelques lignes ?

Je suis informaticien de profession et de formation, spécialisé dans le développement d’applications pour le contrôle de gestion, et je travaille dans un centre de gestion agréé depuis une douzaine d’années. Parallèlement à cela, je suis devenu d’abord éleveur de chats de races avec mon épouse en 2000, puis auteur photographe en 2005, et enfin gérant et entrepreneur en 2008, puisque j’ai créé une petite agence web. Étant d’un naturel actif, je n’ai cessé aucune activité, je les cumule ! Sinon je suis marié, j’ai un petit garçon de 9 ans, et pas mal d’animaux à la maison.

Cédric quel est ton matériel photo ?

Je travaille depuis le début avec du matériel Canon : actuellement j’utilise un boîtier EOS 5D mark II, et tout ce qui va avec (focales allant du 16/2.8 Fisheye au téléobjectif 500mm, le tout chez Canon, Sigma et Zénitar : je ne suis pas sectaire !) ; j’y ajoute bien entendu tous les accessoires nécessaires : flashs, matériel de studio, bagues allonges, téléconvertisseurs, filtres, etc.

Comment est venue la passion de la photo ?

J’ai découvert la photo assez tardivement puisque j’ai posé mon œil dans un viseur d’appareil pour la première fois fin 2002. Il s’agissait d’un compact numérique que nous avions acheté pour photographier les chats de races dont nous faisons mon épouse et moi l’élevage, en activité secondaire. Très vite, le matériel a montré ses limites et en l’espace de deux ans, je suis passé d’un compact numérique à un bridge numérique, puis mon premier reflex, un Canon EOS 300D (révolutionnaire par son prix pour l’époque). Parallèlement à cela, le fait d’être fraîchement installé à la campagne m’a ouvert les yeux sur la nature environnante, et c’est ces deux éléments qui m’ont conjointement donné envie de m’essayer à la photographie animalière. Un autre facteur aura été certainement la visite, pour la première fois me concernant, du Festival de Photographie Animalière et de Nature de Montier En Der en 2003 : ce fut un véritable choc émotionnel ! J’ai peu après fait connaissance avec quelques photographes chevronnés et notamment Rémy Courseaux, avec qui j’ai beaucoup partagé. Je suis passé auteur photographe en mars 2005, conjointement à ma première entrée en agence, et de ce fait vends mes photos depuis cette date.


Je constate que tu réalises pas mal de photos d’animaux, c’est ton thème préféré mais pourquoi ?

Peut-être parce que c’est ce que je réussis le mieux ? Je dois avouer ne pas aimer particulièrement photographier les hommes, et je déteste la ville et tout ce qui touche à l’urbanisation… Je suis comme qui dirait un peu sauvage, aussi je photographie ce qui me ressemble !

Comment prépares-tu une photo ? Repérage, Météo etc., billebaude ?

Tout va dépendre de la photographie. Pour les billebaudes, j’aime procéder avec un repérage préalable, afin d’optimiser au maximum les chances de réussite une fois sur le terrain. Par définition, la billebaude est une technique qui consiste à réaliser un parcours dans la nature, et à photographier au gré de ses rencontres, soit par une approche, soit par un court affût. Connaître le terrain sur le bout des doigts permet d’augmenter considérablement ses chances de réussite.
Sur des séances d’affût, c’est différent. Je pars plus avec des idées précises en tête, et je vais donc plus travailler l’environnement, l’heure de prise de vue (pour la lumière), l’instant de la prise de vue (selon l’espèce photographiée, en analysant au mieux son comportement… ou en le provoquant !)

Pour un débutant dans ce domaine, quel sont les 3 conseils que tu pourrais donner ?

Mon premier conseil touche le matériel : d’aucuns considèrent que la focale résultant va influencer grandement le résultat… Le mythe du « gros kiki » a la vie dure ! Mais comme tout le monde le sait, ce n’est pas la taille qui compte, mais l’utilisation que l’on en fait ; ainsi, un téléobjectif lumineux et stabilisé comme le 300/4 L IS USM sera autrement plus efficace qu’un télézoom de 500mm certes plus long mais moins lumineux, moins stable, moins rapide. On considère souvent la focale, mais on oublie le fait qu’un diaphragme et demi de différence, c’est une visée plus lumineuse, un autofocus plus rapide et précis, et des vitesses d’obturation plus adaptées. J’aime à démontrer que la focale ne fait pas tout en montrant des photos faites avec mon premier reflex numérique, monté sur un… 50mm macro ! Avec cette optique, j’arrivais à photographier des passereaux en gros plan, dont on ne voyait parfois que la tête (le tout à main levée) : tout est question de patience et d’astuces !

Mon second conseil sera d’ordre pratique : patience et humilité ! Il n’est pas rare de voir des débutants s’affairer à photographier cerfs, guêpiers voire espèces beaucoup plus rares, alors que leur expérience de terrain n’est que de quelques semaines, voire parfois moins. La photographie de nature est une discipline demandant pourtant de solides connaissances naturalistes, au moins sur les sujets sur lesquels on est amené à travailler. On assiste pourtant trop souvent à des dérangements intempestifs de la part de photographes, notamment en période de brame ou de rut. Pour photographier un sujet, il faut le connaître, mais savoir également renoncer quand les conditions n’y sont pas.

Mon dernier conseil rejoint le second : connaître ses sujets ! Pratiquer la photographie animalière requiert de bonnes connaissances techniques en matière de photographie (l’idéal étant d’arriver au stade où vous fonctionnez par instinct avec votre matériel), mais aussi et surtout d’excellentes notions sur le terrain, en matière d’approche, de camouflage et de connaissance de ses sujets. Chaque espèce réagit différemment à un dérangement, possède des sens plus ou moins aiguisés et nécessite la mise en œuvre de telle ou telle technique pour être photographiée. Vous pourrez avoir le meilleur matériel au monde, si vous ne connaissez pas votre sujet, vous n’en obtiendrez quasiment jamais de bonnes photos.

Pour résumer :
-   Le matériel ne fait pas tout
-   Patience et humilité
-   Connaissances naturalistes avant tout


Quel post-traitement t’autorises-tu sur tes photos ?

Finalement assez peu. J’utilise depuis un an maintenant Adobe Lightroom, et ce que ce logiciel permet de faire sur les RAW constitue plus ou moins les limites que je m’impose : correction de la balance des blancs, de l’exposition, recadrage éventuel (on essaye toujours de ne pas cropper comme un malade, sinon à quoi bon utiliser des boîtiers bourrés de pixels ?) et surtout, respect des couleurs et de l’ambiance ! Quel intérêt de transformer littéralement une photographie en la dénaturant, si c’est censé montrer la nature ? Cela va à l’encontre même de notre pratique !
Cependant, quand les photos sont destinées aux agences et à la vente, je m’autorise certaines retouches (supprimer un bout de branche gênante par exemple) ; mais dans tous les cas, c’est indiqué dans les IPTC. Idem pour les animaux photographiés en captivité, j’aime le préciser.

Comment prépare-t-on un livre comme ça ?

Ce projet de livre a pris source un beau jour de février, quand Ylan De Raspide, des éditions Pearson Education France, m’a téléphoné pour me demander si je serais potentiellement intéressé pour écrire un livre sur la photographie animalière. Je dois avouer qu’à l’époque ça tombait relativement mal, car j’étais en plein boum au niveau de ma société et je bossais comme un fou pour y arriver. Mais j’ai accepté après quelques mois d’hésitation (je dois l’avouer !) et c’est en juin que j’ai signé le contrat. Deux mois ont été nécessaires pour en écrire un plan très détaillé (j’avoue avoir pris mon temps) et faire une présélection globale des photographies. Un mois et demi fut suffisant pour écrire le texte (je tape très vite au clavier) et c’est sans aucun doute l’éditing et l’annotation des photos qui m’a pris le plus de temps et d’énergie (deux mois !) : idiotement, j’avais prévu deux heures de travail par chapitre pour ce faire, j’étais très, très loin du compte !
Quoi qu’il en soit, le résultat dépasse finalement largement mes espérances, et l’équipe de chez Pearson est géniale et fait un travail d’enfer !