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Un bon hooligan est un hooligan syndiqué

Publié le 05 février 2010 par H16

S’il y a bien quelque chose qui ne passe pas bien à la télé, c’est le vandalisme. D’une part, cela fait des images floues et mal cadrées, et d’autre part, cela montre le côté rugueux d’une réalité pas toujours agréable à voir ou à entendre : les gens ne sont pas tous gentils. Et dans notre République Démocratique Populaire de Bisounoursland, divulguer une telle information, c’est passablement gênant pour ceux qui nous gouvernent…

Pour bien constater à quel point c’est la médiatisation de la violence qui enquiquine nos ministres et non la violence elle-même, il n’y a qu’à prendre deux très récents événements.

Pour le premier des deux événements, nous allons remonter à samedi soir dernier ; reprenez du popcorn, enfilez un survet informe, une bière à la main, et hop, nous y sommes : un match de foot est organisé entre Monaco et Nice, et, à la fin du match, des hordes d’individus sont descendus des gradins pour aller cogner qui du flic, qui de l’individu d’en face, le tout sous l’œil des caméras.

Comme on pourra le constater sur les images suivantes, il s’agit essentiellement de jeunes probablement très déçus du score de leur équipe qui expriment à leur façon, à la fois citoyenne et festive, l’amère contrariété que soulève le résultat de la rencontre sportive. Comme quoi, on peut rester actif après une bonne bière.

Et évidemment, comme ça passe à la télé, l’impact est tout de suite plus fort et les réactions ne tardent pas.

Pour le petit combat de catch dans la confiture de framboise, nous prendrons cette fois-ci Michèle Jawlliot-MarieBreaker contre Brice Hortefire, le Désanusseur de Beauveau.

En substance, le 29 janvier, la première avait envoyé, dans une prise dite du Death Valley Driver, une lettre pas piquée des hannetons à Hortefire, critiquant le travail de la police dans les stades – « Alors Dugenou, il n’y a pas assez d’arrestations ! Ça mollassonne, tout ça ! » – , lettre que le Désanusseur de Beauveau s’était mangée en pleine tête :  c’est pas de bol, mais le match venait juste d’avoir lieu et les images encore fumantes de la rencontre atteignaient tout juste les rédactions de presse, toujours promptes à bondir sur un truc aussi salé.

Reprenant ses esprits, Brice n’a pas hésité à tenter un Gutbuster bien douloureux : « Que nenni la vioque, les arrestations de hooligans ont augmenté de 6.5% depuis le début de la saison !« . Il enchaîne ensuite, avec, on doit le dire, une certaine maîtrise de la prise, un magnifique Dragon Screw qui laisse la Jawlliot-MarieBreaker étourdie sur le ring : « En plus vieille baderne, ce sont les parquets qui ne sont pas synchros ! »

Et les deux catcheurs un peu clownesques de se renvoyer tour à tour dans les cordes en aspergeant assez généreusement les spectateurs de confiture de framboise.

On sent que le débat n’est pas prêt de s’éteindre, d’autant qu’on frise la surenchère à celui qui mettra en place les sanctions, les procédures ou les actions policières les plus fermes contre ces casseurs. Bisounoursland est maintenant assez loin : on va faire parler la poudre.

République du Bisounoursland

D’un autre côté, en revanche, c’est un calme plat à peine troublé par le petit gargouillis tranquille des ruisselets d’eau lancée par de puissantes lances à incendies sur un stock de journaux fraîchement imprimés.

Vous n’êtes pas au courant ?

C’est normal : ici, pas de combat de catch, pas de confiture qui vole dans tous les sens, pas de presse enflammée et … pas de téloche sur les lieux.

L’affaire est simple : Bolloré a décidé, il y a quelques semaines, de faire imprimer son journal, Direct Matin, non plus par les imprimeries de presse parisienne mais par l’imprimeur Brodard Graphique, dans la Seine-et-Marne. Le hic, ici, c’est que Brodard Graphique n’est pas sous la férule du Syndicat du Livre CGT, groupuscule mafieux qui n’en est pas à son coup d’essai en matière d’actions illégales et d’utilisation de la force brutale.

Et évidemment, ça n’a pas trainé : dans la nuit de mardi à mercredi, 30 nervis du syndicat de gros bras se sont introduits et ont, purement et simplement, détruit le stock à coup de lance à incendie.

Heureusement, MAM et Hortefeux sont montés au créneau,

  • l’une pour assurer que la Justice traquera jusqu’au dernier de ces cancrelats syndiqués qui empêchent finalement qu’un journal soit imprimé alors qu’on est encore, dans ce pays, sous le régime de la liberté d’expression (non ?),
  • l’autre pour mettre en place une surveillance policière des locaux de l’imprimeur afin que ceci ne se reproduise plus, et dépêcher une enquête vigoureuse dans les bas-fonds interlopes dans lesquels se vautrent avec délice les Yakuza du Livre CGT.

Ah euh bah on me fait savoir qu’en fait, il n’y a eu qu’une toute petite poignée d’articles de presse, ici ou là, mais qu’apparemment, le couillomètre de la presse traditionnelle (Le Figalo, Labération, Le Maônde) affiche désespérément zéro. Ce qui se traduit, du côté des catcheurs de Prisunic, par une absence totale de réaction (et une persistance à se pouiller sur des actions aussi hooliganesques que grotesques).

Rassurez-vous.

Tout ceci est normal : vous n’entendrez aucun journaliste, l’œil affolé, crier au fascisme devant ces actes de destruction. Il n’y aura aucun blog de nos amis gauchistes pour dénoncer ces méfaits, alors qu’il s’agit pourtant d’une atteinte, claire, nette et précise au droit d’expression.

On empêche, physiquement, un journal de paraître, pour la simple raison qu’il n’est pas imprimé par des ouvriers syndiqués, ce qu’aucune loi, aucune morale ne permet de justifier : oui oui, il s’agit, clairement, de pratiques mafieuses, et très exactement assimilables aux exactions de certaines chemises noires dans les heures les plus sombres d’une certaine histoire, et pourtant, il n’y aura aucun crie d’orfraie, pas de hurlements à la censure, pas de billets incendiaires.

Mieux : lorsque de tels actes sont soumis à la police, bizarrement, les condamnations ne suivent pas ou sont étonnamment clémentes. Là encore, pas de réactions devant une justice manifestement à deux vitesses…

En France, lorsqu’un Hooligan est Syndiqué du Livre CGT, ni MAM, ni Hortefeux, ni les éternelles pleureuses médiatiques ne se lèvent pour tempêter.

Amicale des Syndiqués du Livre CGT

Je ne pourrai que conseiller aux « supporters » de Nice (ou d’ailleurs) de s’encarter rapidement.

Ça pourrait leur servir.


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