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La petite fille de Monsieur Linh

Publié le 02 février 2010 par Uneblondedanslaville
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Je venais de finir le dernier Roth (j'en parlerai peut-être plus tard, j'espère).

Dans ces cas-là, il ne faut jamais choisir le prochain roman que l’on va lire à la légère.

J’ai observé avec attention la pile de bouquins qui attendent patiemment que je les lise (pour certains depuis longtemps)

Le Salinger que j’ai en stock ? Bof, non pas tout de suite.

Les Bienveillantes entamé l’année passée et que je n’ai jamais fini ? Manque de courage.

Mon chien stupide ? J’ai senti qu’il pouvait encore un peu m’attendre (mais il ne l'a pas fait longtemps)

Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur alors ? Je redoute trop la déception d’un roman dont on m’a rebattu les oreilles et dont je pressens qu’il ne sera pas à la hauteur de cet engouement.

Et puis j’avise le mince bouquin bloqué entre deux gros : La petite fille de Monsieur Linh, de Philippe Claudel.

J’avais déjà lu Les âmes grises et n’en avait gardé aucun souvenir, rien de rien, ni en bien ni en mal. Quand un auteur me fait cet effet à la première lecture, en général, je ne recommence pas.

Mais on m’en avait parlé et j’avais vu dans les yeux de l’interlocuteur la surprise encore vive que lui avait causé la fin. C’est tout ce qu’on m’en a dit d’ailleurs « la fin est vraiment surprenante, j’ai été totalement prise au dépourvu, je ne m’y attendais pas, tu verras ».

Au fond, je suis une cliente facile, je suis une fille, il suffit de piquer ma curiosité pour susciter mon intérêt.

Alors j’ai acheté le roman.

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La quatrième de couverture me fait envisager plein de scénarii possibles pour cette fameuse fin si spéciale :

"C'est un vieil homme debout à l'arrière d'un bateau. Il serre dans ses bras une valise légère et un nouveau-né, plus léger encore que la valise. Le vieil homme se nomme Monsieur Linh. Il est seul à savoir qu'il s'appelle ainsi car tous ceux qui le savaient sont morts autour de lui."
Il n'a pu emporter avec lui, outre la petite fille de six semaines, que quelques vêtements usagés, une photographie que la lumière du soleil a presque entièrement effacée et un sac de toile dans lequel il a glissé une poignée de terre. Les parents de l'enfant étaient les enfants de Monsieur Linh, morts dans la guerre qui fait rage depuis des années dans son pays. Le voyage dure longtemps. Le pays où il arrive est étrange et étranger. Pour celui à qui la mort à tout pris, qui n'est plus rien, qui se trouve à des milliers de kilomètres d'un village qui n'existe plus, seule compte la survie de l'enfant. Un jour où il consent à vaincre ses réticences et à sortir du dortoir pour réfugiés où il a été placé, il fait la rencontre de Monsieur Bark, un homme aux mains de géant avec qui il noue une solide amitié. Malgré la barrière de la langue, leurs rencontres quotidiennes sont pour le vieil homme comme un retour à la liberté. Jusqu'au moment où il est rattrapé par la réalité… "
(La petite fille de Monsieur Linh - Editeur : Lgf - Paru en 2007)

En le commençant, je continue à échafauder des théories, des hypothèses, presque sûre d’avoir deviné. Je suis une fille, non seulement, mais aussi une fille arrogante.

La lecture s’est faite en deux heures. Première moitié, trajet aller jusqu’à Oualter le matin, deuxième moitié, retour jusqu’à mon home sweet home le soir.

La première réflexion que je me suis faite : je comprends enfin pourquoi mes grandes œuvres sont bourrées de détails inutiles et dont tout le monde se fout. J’ai ce souci idiot de la précision qui empêchera au lecteur de trouver un fait incohérent.

Exemple (et je ne dévoile rien du livre en le citant) : Monsieur Linh fait connaissance de Monsieur Bark. Ils se sont connus par hasard et se retrouvent par hasard. Et puis un jour, à force, ils finissent par se retrouver à heure fixe, c'est leur rituel quotidien. Sans parler la même langue, sans savoir où l’un et l’autre habitent, sans qu’on nous précise que Monsieur Linh sait se repérer dans le temps, sans montre, dans un pays étranger dont il ne parle pas la langue, dans un foyer où forcément il ne peut pas être totalement libre de ses horaires.

Je me suis dit « tu te moques un peu, mon brave Philippe Claudel, comment est-ce possible ? C’est un point de détail certes mais ça déstabilise un peu les évènements que tu utilises pour cimenter la complicité et l’amitié entre les deux personnages qui devient moins crédible » Et je ne m’étends pas sur le fait que ces deux personnages deviennent amis et sont en mesure de communiquer alors qu'ils ne parlent pas du tout le même langage et ne peuvent donc pas se comprendre. Je comprends le but "poétique" mais le principe un peu moins.

Et pourtant, j’y ai cru. Je me suis laissée embarquer et j'ai mis de côté ces mini incohérences qui alourdiraient tout si on devait les expliquer et les justifier.

Comment ?

La fin ?

Je ne vous la révélerai pas, évidemment, il faut lire toute l’histoire pour en saisir l’intérêt.

Si elle m’a surprise ? Un peu. Disons plus précisément qu’elle a causé un sourire amusé et ému.

Parce qu’il s’agit bien de cela. Il y a une sorte de poésie mignonne et sans prétention dans cette histoire mais il y a aussi de l’émotion. Une émotion qui tort parfois l’estomac et embue les yeux, alors que je me vante souvent d’être la pire insensible qui soit, quitte à railler, prendre au second degré, jouer ma cynique, pour refouler l’émotion si je sens que je suis susceptible de m’y laisser prendre (ne jamais regarder de niaiseries avec moi, je vous gâcherai le spectacle)

En bref pas le roman de l’année, mais une petite histoire dont je me souviendrai certainement encore dans quelques semaines.

Ma seule critique : le climax est bon mais les six derniers paragraphes sont malheureusement de trop.


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