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Vingt minutes pour un centenaire

Publié le 06 février 2010 par Ansolo

Irlandais et Italiens nous pardonnerons, mais le véritable coup d'envoi du Tournoi 2010 a été donné ce soir à l'occasion de la rencontre entre l'Angleterre et le Pays de Galles.

On dira ce qu’on voudra, mais un « Swing low, sweet chariot » n’a pas tout à fait la même saveur lorsqu’il est entonné lors du Tournoi. Dans un Twickenham rempli jusqu’aux cintres, l’hymne résonnait comme un avertissement : même pâlotte, la rose a toujours des épines.
Pâlotte la rose, mais élégante : les sujets de sa Très gracieuse majesté arboraient un fort seyant maillot, à l’occasion du centième anniversaire du temple du rugby anglais. Un maillot avec un col, un vrai, comme le rugby s'enorgueillissait d'en porter avant que le professionnalisme ne le remise au rang des vieux souvenirs pour le remplacer par un tour de cou hideux.
La première mi-temps du match fut placée sous le double signe du combat, tout particulièrement entre avants, et de la défense. Celle des Gallois, en mode "rush", se voulait agressive. Elle fut aussi à la limite de la régularité. Un croc en jambe d'Alun Wyn Jones vaudra un carton jaune au deuxième ligne des Ospreys. Avec de grosses conséquences : avec un joueur en moins, les Gallois ont fini par concéder un essai, au terme d’un pilonnage en règle des avants Anglais juste avant la mi-temps. Puis au retour des vestiaires, sur une récupération autoritaire du ballon dans un ruck, les hommes de Martin Johnson ont doublé la mise. En dix minutes, les hommes de Warren Gatland ont encaissé un 14-0 qui sonnait comme un coup de massue.
A vrai dire, on pensait, à ce moment du match, le XV de la rose sûr de son fait. Et on s’attendait même à voir craquer définitivement les diables rouges. Menés de 17 points, les Gallois se sont pourtant décidés à réagir, et plus seulement à défendre. Jouant enfin au ballon, tentant des angles de courses tranchants avec des soutiens offensifs opportuns, les Gallois ont peu à peu fait vaciller l’assurance anglaise. Ils parvinrent à inscrire un essai, celui de l’espoir (20 à 10, à trente minutes du terme).

Les débats s’équilibrèrent ensuite, chaque équipe se procurant tour à tour des demi-occasions d’inscrire des points. Mais fautes de main et mauvais choix ont longtemps permis aux défenses de prendre le pas sur les attaques. Jusqu'à un exploit personnel de James Hook, pourtant en difficulté pendant les soixante-dix premières minutes, autorisant les Gallois à équilibrer au score un match qui l’était sur le terrain (20 – 17 à la 72ème minute).

Les dix dernières minutes furent assez haletantes, le Pays de Galles paraissant en mesure de réussir l'impensable renversement de situation.

Et alors qu’on les trouvaient faiblissants, les Anglais parvinrent à reprendre le large grâce à une interception de Delon Armitage conclue par James Haskell (2 essais pour le flanker du Stade Français). Une dernière pénalité de Jonny Wilkinson (monsieur 100% lors de ce match) donnait au score une ampleur que la première mi-temps ne laissait pas forcément présager (30-17, score final).
Au final, on aura assisté à vingt minutes de rugby d'attaque, ce qui est correct, mais quelque peu décevant pour une fête de centenaire. Les joueurs anglais ont alterné le bon et le moyen, tant il est clair que l'intensité ne fait pas tout. Les Diables rouges ont quant à eux développé par intermittence le rugby qui les avait faits roi d’Europe il y a deux ans.

Même dangereux, le Pays de Galles n’est plus tout à fait celui qui éclaboussa de son talent le Tournoi 2008.

Même en retrait, l'Angleterre demeure capable d'imposer un gros combat à ses adversaires et d'éclairer, par instant, la grisaille de son rugby.


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