Pour résumer, on distinguera six types de constructions au Yémen :
Dans le nord et Jawf, comme à Saada, la construction se fait sur un sol terreux, avec du pisé, des boudins de boue, un enduit de terre. La maison-tour a de 2 à 5 étages et une hauteur de 12 à 20 m. Les baies sont peu nombreuses et petites. Un effet décoratif extérieur est rendu par la technique de construction, un peu de décor à l’intérieur. Les vitraux sont des disques d’albâtre. Les plus anciennes de ces constructions ont de 20 à 150 d’âge.
Dans l’Hadramaout et le wadi Dohan comme à Shibam, la construction se fait sur un sol terreux, à l’aide de pisé, de briques de terre crue couvertes d’un enduit de terre. L’immeuble a de 3 à 8 étages, une hauteur de 29 m maximum. Les baies sont nombreuses et assez petites. Les fenêtres sur l’extérieur sont sculptées et ajourés. Les bois, poutres, chapiteaux intérieurs sont peints et sculptés, pas de vitraux. Les immeubles ont de 50 à 500 ans.Sur les Hauts-Plateaux à Sanaa et environs on construit sur la terre, la pierre, le basalte et le calcaire. Les matériaux utilisés ont la pierre et la brique, de terre crue ou cuite, un enduit de terre. La maison-tour a de 3 à 7 étages, une hauteur de 25 à 28 m. Les baies sont plus grandes au fil des étages. Beaucoup de décorations extérieures, des frises, des bas-reliefs, des trompe-l’œil. Le décor intérieur est composé de vitraux, stuc, portes, volets, moucharabiehs. Il y a des vitraux au-dessus de chaque baie. Les plus anciennes ont de 30 à 300 ans.
Dans les hautes montagnes à Jibla, Thula, Manakha, Shahara on construit sur la pierre, avec des pierres et un enduit de terre. La maison-tour a de 2 à 5 étages. La hauteur maximale est de 20 m. Les baies sont nombreuses. Beaucoup de décor extérieur, de décor intérieur également. Les vitraux étaient à l’origine des disques d’albâtre. Les maisons-tour ont de 50 à 1000 ans.Dans la Tihama comme à Zabid, on construit en plaine côtière sur de la terre ou du sable une maison basse, en rez-de-chaussée rarement sur deux niveaux. La hauteur varie de 4 à 7 m maximum. Les baies se composent de deux petites fenêtres de chaque côté de la porte. Sur la façade on note des compositions en relief avec briques et stucs rehaussés de plâtre. Beaucoup de décor intérieur, bois peint et sculpté, clou de couleur, plafonds peints. Pas de vitraux. Ces maisons basses ont entre 30 et 300 ans.
Dans la Tihama, en bordure de la mer Rouge et de l’océan Indien, on construit sur la plaine côtière, la terre et le sable avec du bois, des branchages et un enduit de terre. C’est une maison basse avec un rez-de-chaussée. La hauteur est de 5 m maximum. Pas de baies, une porte seulement. Le décor extérieur se compose d’une porte en bois peint et des effets de tressage. L’intérieur est peint de couleurs vives de scènes réalistes ou symboliques. Pas de vitraux ! Les plus anciennes ont entre 20 et 30 ans.
L’organisation de la maison yéménite traditionnelle peut se définir ainsi : au rez-de-chaussée, l’entrée, l’étable pour les animaux domestiques, parfois une petite boutique. Au 1er étage, l’espace pour stocker la production agricole, le combustible et les vivres. Les 1er ou second étages sont destinés aux domestiques. Les second et 3e étages sont destinés à la femme (ou aux femmes) et aux multiples enfants : chambres, salon des femmes, cuisine, salle d’eau et moucharabiehs. Le 4e étage est réservé aux hommes et aux fils adolescents : chambres, mafradj, quelquefois une cuisine, un patio aménagé en jardin pour les enfants. Les 5e et 6e étages ont fonction de réception : mafredj, chambre particulière du « maître de maison », chambre des invités, moucharabiehs. La terrasse est parfois utilisée pour le séchage du linge, l’égrainage, la réserve d’eau et l’antenne de télévision ou la parabole.
La décoration des maisons se développe au fur et à mesure que l’on s’élève dans les étages. Au rez-de-chaussée ce sera la porte. A l’entresol, les trous d’aération. Aux étages des appartements des femmes, la fenêtre double avec, dans la partie haute, un disque d’albâtre ou un vitrail qui diffuse la lumière et, dans la partie basse, des volets de bois qui s’ouvrent et permettent à la femme de regarder à l’extérieur. Dans les étages supérieurs et le madfradj des grandes baies qui s’ouvrent, surmontées d’un vitrail qui diffuse une lumière douce et des trous de ventilation.
Sabine
éééé
éééé