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Le Messie, c'est rien à côté d'elle...

Publié le 07 février 2010 par Didier54 @Partages
En écho au billet le cadeau de la vie, où un papa raconte la naissance de son enfant, voici le cadeau de la vie... où une maman raconte à son tour. Merci à Barbara. Quel beau présent que ce texte qui clôt en beauté la semaine des cadeaux !
[Comme le texte est assez épais, ci-dessous un extrait.Cliquez sur le titre du billet pour avoir l'intégrale !]
Le Messie, c'est rien à côté d'elle...Le Messie, c'est rien à côté d'elle...
Elle était attendue par la maman et le papa, évidement, mais aussi par la grand mère maternelle.
La première petite fille, c'était celle du fils et de la belle fille.... j'ai tout dit!
Ce mardi de mai, il faisait doux et c'est avec joie que Jo s'est laissé convaincre pour une pizza au port de Villefranche où nous habitions à l'époque. Déscendus à pied, biensure. Rien ne laissait présager l'arrivée.
Dans la famille, on n'est JAMAIS en avance à un rendez vosu, et c'est pas un petit bout comme ça qui allait changer la tradition.
Pas de furieuse envie de ménage (ça se saurait!), pas de douleurs, juste de vagues conractions depuis le dimanche mais pas mal, même pas mal. Un caractère excellent, une humeur royale. On aurait dù pourtant, du coup s'en méfier!
Vers 23h, nous remontons tranquillement par les ruelles pitoreques de la vieille ville.
On se couche. La valise préparée depuis une dizaine de jours. Une petite valise bleue (qui sert de boite à vis depuis) posée à côté de la coiffeuse de la chambre.
Mercredi matin, 5h du mat... "Mais c'est quoi ça...?" Je nage dans un liquide. Beurk! Jo, reveille toi, je crois que la poche des eaux veint se rompre, tu es prêts?" Lui qui met toujours 107 ans pour se réveiller est déjà assis dans le lit, les yeux exorbités. "Oh putain! On fait quoi, ça va, pas mal? On part"
Doucement papillon, faut que je me douche, me coiffe, me maquille. Je ne veux pas accueillir la merveille dans cet état!
Me voilà tranquillement entrain de me préparer. Ai-je déjeuné? Je sais plus! Sans doute!
Je suis sous la douche, Jo arrive avec le camescope que nous avons acheté la veille, il tire le rideau et film mon visage. Les cheveux remontés par une pince, le visage rayonant, je commente "ben voilà, je viens de perdre les eaux, je suis mort de rire, Jo est paniqué, mais moi ça va"... Mais non, répond-il, mais n'empêche que sur la bande on entend "Bon, allez grouille, bouge toi!!!" Je crois bien qu'il flippe à mort!
Je m'installe devant ma coiffeuse, je me coiffe, me maquille. J'ai une grande chemise tendue sur un ventre énorme (15 kg), un caleçon long (l'ancètre du Leggins). Jo film encore, je regarde ma montre, il est 6h, il me presse... je souris. Tout va bien.
Arrivée à l'Hôpital l'Archet. Il est 6h30.
Une file de gros ventre, de tous les ages, de toutes les couleurs...certaines doivent bien en avoir 10 là dedan! La vache et moi qui me trouvais grosse.
Mon sourire est moins marqué, les contractions ont commencées, j'ai un peu mal j'ai honte. J'ai eu beau mettre du coton, des serviette, mais cette impression de me faire pipi dessus sans pouvoir retenir ce fichu liquide amniotique! Arrive mon tour, je m'excuse aux infirmières qui gentiment se moquent preque de moi "Mais madame, ne vous inquiétez pas, c'est normal, ya pas de honte... si vous saviez tout ce que l'on voit".
On m'installe au monitorring. Sur ma droite, je vois la mer et j'entend le coeur de mon bébé. Jo m'a préparé de la musique et il me passe "Criez, priez" de Higelin... elle va arriver. Je sourris difficilement entre deux contrations.. Elles se font plus fortes, plus précises, une douleur qui monte. Marque un palier, pour regrimper encore et une fois au sommet, elle redescend pour une courte durée. On reprend son souffle. Le petit chien n'est pas efficace. De toutes façons, on est une grosse baleine et c'est terrible comme ça fait mal. Il est 10 heures, mon visage ne souri plus du tout, les joues écarlates. Jo sait pas quoi faire, se sent impuissant. Si il pouvait se mettre à ma place qu'il dit, il aimerait tellement sentir tout ça.
Prends ma place bien volontiers. La sage femme passe, m'examine. Rien, pas de dilatation.
Entre temps, Jo est parti appeler mes parents. Il assiste à leur arrivée. A mourir de rire! ils font la course à qui arrivera le premier. Papa à l'appareil on dirait Paris-Match. D'ailleurs les infirmières lui en font la remarque. Mais je ne suis pas dans ma chambre. Ils sont dessus!
On m'a descendu pour être mieux surveillée. Ca va être long pour eux. Maman vient me voir, un peu, mais j'ai mal. Je devient irrascible. Putain de col qui ne se dillate pas et en plus, je commence à avoir faim!
16h, j'en peux plus, à l'horizon, rien de nouveau. Juste la douleur qui est devenue insuportable, inexplicable. Je serre les dents mais je ne pleure pas, moi qui susi hyper douillette en temps normal. La sage femme revient et décide de me faire une piqure pour arrêter les contractions. Ces saletés me fatiguent mais ne font pas avancer le travail pour autant. Quand il sera temps, je n'aurai plus la force. Ouf! Répis! Ca fait du bien. On me remonte dans ma chambre, mais j'en ai marre, je deviens argneuse.
J'ai chaud, je suis mal. Maman, en maman prévenante, imbibe un gant de Shalimar et m'en tamponne le front. J'ai la nausée, cette odeur de parfum que je mets pourtant m'exaspère et "arrête de me toucher ou je vais m'énerver! "Je rêve de tranquillité, juste avec mon chéri et mon gros bide avec la petite qui ne semble pas décidée....
18h, ils s'en vont enfin, je n'ai pas été très délicate, maman semble un peu vexée.. elle s'en remettra!
19h, toujours rien à boire, ni à manger... je crêve de fam!
20h, rien
21h, rien si ce n'est cette douleur qui me vrille maintenant très régulièrement et de façon quasi continue!
La sage femme du soir n'est pas commode. Elle vient sans douceur m'osculter régulièrement. Je vous fait pas un dessin!
22h
23h
Minuit. Cette garce rentre dans la chambre et chasse mon chéri "Monsieur, vous devez rentrer chez vous, vous ne pouvez pas rester avec elle" Il tente de la convaincre que nous n'habitons pas à côté mais elle le rassure "Quand ça sera l'heure, nous vous appelerons" Rien à faire! elle ne veut rien entendre et c'est la mort dans l'âme qu'il nous quitte.
Les s.... ils vont me le payer... je gueule de douleur "Je vais creuver, faites moi une césarienne!" Ma voix résonne dans le couloir!
Et cette saleté de femme qui me dit "vous m'appelez quand vous avez l'impression d'avoir encore plus mal".... Elle est marrante, à ce niveau, la douleur n'est même plus quantiffiable, entre insuportable et insuportable plus, je vois pas. Et elle m'engueule quand elle vient "Mais, je vous ai dit de m'appeler quand votre douleur s'amplifie! Vous me faites me déplacer pour rien!"
Sal.......e! Et t'es payée à quoi faire dans cet Hôpital, hein?!!ç!!!!!!!! La douleur me fait délirer, je suis à bout de nerf et Jo qui n'est pas avec moi. A ce moment je rêve de la césarienne, que l'on m'endorme et que la douleur cesse enfin. Je n'ose plus appeler l'autre de peur de me faire pourrir!
Elle est loin la Barbara joyeuse et pimpante du matin, envolés le maquillage, les cheveux bien coiffés.
Vous avez vu l'Exorciste? Sauf que mes mots ne sont pas "Ta mère......... des..... en enfer", mais c'est à peu près le même état!
Allez, je me lance une fois de plus vers 1h30 à sonner. Elle arrive, l'air excédé. Tire mon drap et m'ausculte sans ménagement, une fois de plus. "Ah, ben quand même! On va pouvoir vous poser la péridurale" Amen!
Je demande qu'on appelle mon mari. Sur le chariot qui me mène à la salle de travail, je suis redevenue la petite fille qui est arrivée ce matin, en un peu moins fraîche "Excusez moi de m'être emportée comme ça, je susi confuse, mais vous comprenez, j'avais mal, mon mari pas là, et patati et patata..."
On me fait m'assoire sur le rebord du lit,  faire le dos rond, "ne bougez pas". J'appréhende la piqûre depuis le premier jour, mais je ne la sens même pas, et lorsqu'il me pose la péridurale, j'ai l'impression très vite de revivre.
Presque 3h, Jo rentre, les yeux explosés "J'ai eu le temps de rentrer à la maison, me faire un plat de pattes, prendre une douche, me suis couché et le téléphone a sonné, je le savais que ce serait comme ça!"
La chance, il a mangé lui!
Mon corps s'est calmé, je ne suis plus à guetter ces maudites contractions. Je me détends et fini par m'endormir. Jo pose ses bras à côté de moi, y pose sa tête et s'endort comme un cancre le ferait en classe sur son bureau. Nous avons ainsi 3h de répit.
Nous sommes réveillés par les alarmes.
"Zut, qu'est ce qu'il se passe?" Les infirmières entrent précipitamment dans la salle, regarde le monitoring. C'est le coeur du bébé... il faibli. On semble rapidement cerner le problème et on me fait me mettre sur le côté.
De nouveau tout se calme.... sauf ma douleur qui se réveille doucement. En fait je ne la sens que d'un côté. Je sens les contractions qui reprennent unilatéralement! Encore pire. Le produit ne fait plus effet que d'un côté, mais c'est le prix à payer. Je reprends mes exercices de respirations mais tout devient pénible, je suis à bout d'épuisement, j'en ai marre.
Anaël est mal positionnée, surtout son cordon. Ils pensent qu'il vont me césarier.
Putain, j'ai souffert jusqu'à maintenant pour ça????? Depuis que je le demande! On me rase, on me sonde. Position inconfortable mais au point où j'en suis, je ne suis plus à ça près. Tous les 1/4 h, une infirmière rentre et change de décision : césarienne, voies naturelles, césariennes, voies naturelles.
8h30 on me propose d'essayer de pousser..; Si vous voulez.....
Et là, je pousse, je pousse, je suis rouge, écarlate. Jo est d'abord à mon épaule et puis, il va se positionner comme le médecin).
"Regardez monsieur, on voit déjà la tête, elle est pleine de cheveux". Je suis verte! Moi qui rêvais du petit baigneur, tête toute ronde et sans le poil sur le caillou!
Poussez madame, poussez.... et elle pousse la dame, elle pousse mais il faut faire vite, pas 50 tentatives pour la sortir, après, cuic, on ouvre!
Des grosse spatules lui enserrent le crane. Le doc semble forcer pour la tourner et repositionner correctement le corps du bébé. Sson visage se déforme comme dans l'effort. Jo est un peu effrayer de le voir ainsi grimacer.... mais il semble savoir ce qu'il fait.
9h17, elle passe enfin ses épaules, puis ses fesses..... Une main sur sa joue, et le cordon entouré tout autour de de la tête...
22 mais 97, 27 h de contractions, ma fille pousse son premier cri. Le papa, ému, très ému. On me la pose sur le ventre.
Forcément le plus beau bébé du monde, 2 jambes, deux bras, 10 doigts, 10 orteils. Tout va bien.
Puis on me l'enlève rapidement. Jo part avec la mignonne pour son premier bain.
Quand ils sont de retour, elle porte une minuscule pyjama de velours vers tendre et un petit bonnet. 2 petites marques sur les tempes, preuve d'une sortie difficile.
je suis devenue maman et le papa à ce moment là est le plus heureux des hommes.

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