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Ce qui distingue la tradition de la modernité, l’art du sport…

Publié le 08 février 2010 par Chroniquesdejbg
Mardi soir… 22h00… je reviens à la maison les jambes vidées de leur énergie… je sens le haut de mon torse endolori et je sais déjà que demain matin je serai courbaturé et que j’aurai de la misère à me tirer du lit…  Oui, c’était un bon entraînement!  Il était long et répétitif, mais très efficace.Cet entraînement en Xin Yi Liu He m’a amené à réfléchir à ce qui distingue un style de kung fu traditionnel, comme le Baji Quan et le Xin Yi Liu He enseignés au Vajra Gym, des styles plus modernes que l’on rencontre aujourd’hui.  Un entraînement de manière traditionnelle est difficile à plusieurs niveaux.  Il y a bien sûr les notions de force, de souplesse, de coordination et de mémoire qui entrent en ligne de compte, mais ceux-ci se retrouveront également dans les autres styles.  Par contre, le temps consacré au travail d’une technique est souvent beaucoup plus long dans un style traditionnel…Par exemple, ce mardi soir où j’ai fini ma soirée brûlé, nous avons pratiqué la même et seule technique de Xin Yi Liu He pendant plus d’une heure et demie.  Une heure et demie à faire des longueurs pour assimiler le bon mouvement des bras et des jambes, obtenir de la puissance, travailler la rotation des hanches, regarder au bon endroit, etc.  Nous avons étudié quelques nuances dans la technique, mais essentiellement, nous avons passé tout le cours à pratiquer la même chose.  De plus, nous avons la certitude que nous aurons plusieurs autres cours dans lesquels nous travaillerons encore cette technique afin de la peaufiner.  Ennuyant diront certains?  Oui et non, tout dépendant de nos objectifs… Plusieurs arts martiaux modernes sont un reflet de notre société actuelle, on veut tout plus rapidement, on veut être capable d’un maximum d’efficacité à l’intérieur d’un mois, on veut notre ceinture noire dans les plus brefs délais possibles…  Or, cette approche est diamétralement opposée au travail des styles traditionnels. Le travail répétitif sur de longues périodes a de nombreuses vertus.  Il permet d’apprendre dans l’action et non pas de façon théorique.  Il travaille au niveau de l’esprit, la persévérance, la volonté, la gestion de son énergie.  Il permet de faire des erreurs et de les corriger graduellement et ces longues séances de répétitions aident à ancrer la technique dans notre cerveau et dans notre corps.  La fois suivante, notre corps conserve déjà une mémoire inconsciente de la technique et c’est ainsi que nous progressons et que nous consolidons nos bases de manière significative.Donc, la courte série de 20 répétitions pour une technique, ce n’est pas au Vajra Gym que ça se produit.  Les séries sont longues… très longues… Lors de la pratique des formes de bases du Baji Quan par exemple, on répétera sans cesse la même forme pour la perfectionner, souvent pendant plus d’une heure.Apprendre de façon traditionnelle, c’est faire l’apologie de la patience, c’est se commettre à travailler à fond nos techniques pendant des années.  Les anciens accordaient leur vie à la pratique du kung fu.  Aujourd’hui, c’est évidemment plus difficile avec notre rythme de vie, mais il y a toujours du temps pour s’exercer un peu chaque jour et progresser dans notre art.Mais qu’est-ce qui distingue un art martial d’un sport martial justement?  Le débat est complexe car les définitions ne sont pas les mêmes pour tout le monde.  Cependant, maître Yu De Lin m’a fait réaliser quelque chose dernièrement.  En expliquant une technique, il a récité un poème en chinois qui explique les points à retenir lors de l’exécution du mouvement.  « Le tigre descendant de la montagne », « la grue battant des ailes », « les neufs dragons attaquant de la queue » sont le genre de noms associés aux techniques que l’on retrouve souvent dans les arts martiaux chinois.  Ces méthodes de combats étant justement des « arts », les anciens donnaient des noms imagés aux techniques, des phrases poétiques aussi.  Il s’agit d’une excellente façon de se souvenir de la technique et de son application.  Il s’agit de quelque chose de définitivement plus « artistique » et à ce niveau là, le kung fu traditionnel se distingue des sports martiaux.
Maître Yu De Lin nous enseignant les bases du Xin Yi Liu He

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