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La privatisation de la santé : pas question !

Publié le 09 février 2010 par Hugo Jolly

La privatisation de la santé : pas question !Nous vivons dans un contexte où le gouvernement tente de trouver des solutions à la crise des finances publiques. Une des solutions proposées par les «lucides»[1] est d’imposer des tickets modérateurs et de privatiser partiellement la santé. Est-ce vraiment une solution à envisager pour redresser les finances de l’État ? NON ! S’il ne faut pas nier les problèmes de notre système de santé actuel, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain en croyant que privatiser est une solution. Ce texte tente d’expliquer pourquoi que la privatisation partielle du système de santé au Québec est seulement non pas souhaitable, mais que cela pourrait même s’avérer problématique.

L’échec du «modèle» américain

Au Canada, nous avons la chance de pouvoir nous faire soigner «gratuitement» (c’est un grand mot cela dit) et les soins sont quand même de qualité, si nous nous comparons à la majorité des pays dans le monde. Mais de plus en plus, nos institutions sont tentées par le «modèle» américain, qui consiste à couper dans les dépenses publiques et à compter davantage sur l’entreprise privé. Même si ce modèle à failli.

Les américains sont plus que jamais conscients que leur système est très inégal pour des millions de personnes. Si cela est connu depuis longtemps, il est bon de rappeler qu’entre 45 et 50 millions de personnes n’ont aucune assurance médicale. Le prix d’une assurance pour une famille américaine de 4 personnes est d’environ 12 700$ par an, ce qui est un handicap majeur pour de nombreuses familles[2].

Et sans, sans compter que le «modèle» américain coûte beaucoup plus cher aux contribuables que le système de santé canadien. En effet, plus de 17% du PIB est accaparé par la santé aux États-Unis tandis que le pourcentage était de 9,6% au Canada en 2008.

Il est donc faux d’affirmer qu’un système de santé public coûte moins cher à l’État que s’il est privatisé. Non seulement le système privé défavorise ceux qui n’ont pas les moyens d’avoir une assurance privée, il est aussi plus coûteux à l’État. Il semble même que le gouvernement américain souhaite se distancer de cette approche. Et nous ne pouvons pas accuser le gouvernement américain d’avoir des bolchéviques en son sein…

Des intérêts financiers occultes

La promotion d’un système de santé à deux vitesses est en bonne partie l’œuvre de l’Institut économique de Montréal (IEDM), qui rassemble des économistes favorables au néo-libéralisme. L’Institut croit qu’il faut ouvrir la porte à l’entreprise privée dans le domaine de la santé. Des éditoriaux au sujet de la santé paraissent régulièrement dans les journaux, et ils sont pour la plupart l’œuvre de collaborateurs de l’IEDM (Michel Kelly-Ganon, Nathalie Elgrably…). Cependant, si nous regardons de plus près, nous pouvons voir qu’il y a des raisons pour lesquelles l’IEDM appuie la privatisation partielle de notre système de santé. Sur son site, nous pouvons voir que la présidente de cet institut est nulle autre qu’Hélène Desmarais, la belle fille de Paul Desmarais.

Qui est Paul Desmarais ? Il est l’homme d’affaire le plus influent du Canada. Il possède de nombreux journaux (dont le journal La Presse) qui publient ces éditoriaux et des compagnies d’assurances. Il est fort probable que celui qui va le plus profiter d’un système de santé à deux vitesses est Paul Desmarais, qui va voir les profits de ses compagnies d’assurances monter très rapidement.

Les coûts réels du privé : l’exemple des cataractes

On nous dit souvent que le privé est supposé coûter moins cher et être plus efficace que le système public. En réalité, c’est loin d’être le cas. En regardant l’exemple d’une opération de la cataracte, les hôpitaux sont capables de faire cette chirurgie pour environ 450$. Mais, à cause du manque de médecins, plusieurs clients doivent être référés à des cliniques privées. Il en coûte 1000$ au gouvernement pour chacune des opérations faites dans le privé…

Un début de conclusion…

Beaucoup de médecins et d’infirmières affirment que la source du problème de notre système de santé vient du manque de professionnels dans le milieu hospitalier.  Nos universités ne forment pas assez de médecins pour répondre à la demande, et les infirmières sont à bout de souffle de devoir faire constamment des heures supplémentaires pour palier à la pénurie de personnel. Beaucoup trop de médecins formés à McGill et dans les autres universités Québécoises s’en vont travailler aux États-Unis ou dans d’autres provinces, alors que ce sont les contribuables du Québec qui paient en bonne partie leurs études.

Il ne faut pas oublier non plus que les cliniques privées travaillent pour le profit, et non pour rendre un service essentiel à la population. Suivant cette logique capitaliste, il n’est pas surprenant de constater que les opérations et consultations faites du côté du privé coûtent beaucoup plus cher à l’État que le système public, qui ne travaille pas pour faire du profit.

Même si tout n’est pas parfait, il y a néanmoins des pistes de solutions à envisager. Comme par exemple reconnaître davantage les diplômes universitaires de l’étranger et faire des formations d’appoints sur le lieu de travail pour ceux et celles dont les qualifications sont plus «basses» qu’au Canada. De plus, nous devrions davantage investir dans la prévention.


[1] Les «lucides» sont des économistes et des politiciens associés à la droite économique. En 2005, ils ont signés un manifeste qui prônait entre autre le dégel des frais de scolarité, des privatisations et des hausses des tarifs afin de répondre au déclin démographique du Québec. Leurs propositions ont été très critiquées par ceux que l’on appelle les «solidaires».

[2] National coalition on health care, «Health insurance costs», http://www.nchc.org/facts/cost.shtml


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