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75 % d’impôt pour les nantis : une juste mesure

Publié le 09 février 2010 par Kalvin Whiteoak

75 % d’impôt pour les nantis : une juste mesureBeaucoup de spécialistes et d’économistes se sont penchés depuis belle lurette sur la pression fiscale, sur les taux d’imposition et singulièrement sur la question hautement politique de la fixation d’un taux ou d’un tranche maximale pouvant frapper les revenus importants. Sous l’impulsion de distingués penseurs libéraux et néo-libéraux, l’idée générale d’un taux considéré comme confiscatoire s’il dépasse le seuil de 50 % a fait son chemin et participe de nos jours des croyances populaires.

Un certain Laffer a même construit de toutes pièces une courbe en cloche pour démontrer, soi-disant, la baisse de rentabilité de l’imposition à partir de ce seuil, voire même la mort à terme de la matière fiscale si on lui fait subir une trop forte pression. Les équipes ayant travaillé sur la modélisation de la courbe de Laffer à la fin des années 1970 ont évidemment posé des hypothèses à leurs travaux, si on peut parler de travaux et non d’oraisons. Parmi ces hypothèses, on notera celle, de base, qui ne tient compte que d’une économie fermée (elle s’arrête aux frontières des États ..). Étrange vision du libéralisme ….

Mais ce n’est pas tout, les théoriciens qui ont tenté de modéliser la pensée d’Adam Smith selon laquelle « l’impôt tue l’impôt » ont réussi le tour de force de rajouter comme hypothèse le principe quasi cardinal selon lequel les agents économiques agissent rationnellement : en gros, plus on se rapprocherait du taux de 100 % moins les travailleurs auraient envie de travailler …

Ce qu’ils ont oublié, dans leur immense application destinée à fausser les perceptions populaires et à permettre aux ultra-riches de s’enrichir encore plus, c’est que l’individu ne travaille pas souvent pour son plaisir. En tous cas pas à la caisse de la Migroop ou à l’usine X.

Non, le travailleur est astreint au travail pour vivre ou survivre, selon les conditions climatiques de l’économie dans laquelle il vit. Et surtout, même si le taux d’impôt devient pour lui très élevé, il ne peut pas se passer de manger et donc de gagner sa vie et de payer des impôts.

Or cette contrainte est complètement opposée à l’hypothèse de base de la rationalité de l’agent économique : le travailleur pressuré est non seulement obligé de travailler pour vivre, mais il produit des richesses qui lui échappent souvent dans une société qui fait tout sauf réguler de façon équitable le partage de ces dernières.

Bien sûr, on objectera que le millionnaire va avoir lui, avec l’impôt, un comportement très rationnel et tenter d’en subir le moins possible les conséquences. Le nanti n’a pas besoin de travailler pour satisfaire ses besoins de base : il habite chez lui et peut vivre des rendements de sa fortune. Taxons le et laissons le grogner et « réagir ».

Reste alors la question de la classe moyenne. Et si cette dernière rechigne à voir les taux d’impôt monter, c’est qu’elle estime à juste titre être déjà plutôt défavorisée par des taux d’impôts et des effets de seuil peu sympathiques. Et en plus, elle a le sentiment de participer plus qu’à son tour à la création de richesse.

Le temps est venu, notamment avec les bonus et les salaires indécents et immoraux des banquiers et autres dirigeants d’entreprise de renverser la vapeur et de réfléchir autrement. Un écart doit être fixé entre le salaire minimum et la rémunération maximale admissible socialement. On peut légitimement prétendre qu’un facteur de 1 à 20 tient déjà largement compte des situations personnelles. Et ceux qui se trouveraient dans le haut de la fourchette devraient se voir imposer au moins à 75 %.

Une façon comme une autre de forcer l’avènement d’une plus grande justice sociale et de suivre quand même certains des enseignements des faiseurs de courbe de Laffer, qui estiment l’optimum fiscal quelque part entre 50 et 80 %.

Voit-on une baisse des rentrées fiscales dans les pays nordiques qui connaissent des taux maximum d’imposition proches de 80 % ? Pas que l’on sache. Et la vie sociale y paraît plus judicieusement régulée qu’ailleurs.

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