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Une attirance maladive pour le mot juste... C’est terribl...

Publié le 10 février 2010 par Perce-Neige
Une attirance maladive pour le mot juste... C’est terribl...
Une attirance maladive pour le mot juste... C’est terrible de rester si longtemps, parfois, le stylo sur la table sans parvenir à se satisfaire d’une phrase pour le moins approximative. Quelle souffrance ! Je ne plaisante pas. Je retrouve, d’ailleurs, - c’est dire -, ce même cri du cœur dans l’une des premières pages de « Franny et Zooey »… En guise d’hommage, pour saluer la mémoire de J.D. Salinger, ceci, donc : « Il fit un nouveau signe de tête. « Ne crois pas que j'aie dit quoi que ce soit de révolutionnaire. » Il changea de position sur sa chaise. « Mais ... c'est difficile à dire... je pense que j'ai eu raison d'insister sur son attirance absolument maladive, morbide, pour le mot juste. A la lumière de ce que nous savons maintenant, évidemment. Et je ne parle pas seulement de la psychanalyse et de toutes ces conneries-là, mais tout de même, elles aident à y voir clair. Tu vois ce que je veux dire. Je ne suis pas du tout Freudien à fond, mais il y a des choses qu'on ne peut pas tout simplement étiqueter de Freudiennes avec un F majuscule en se contentant de ça. Je crois que dans une certaine mesure j'ai eu raison de dire qu'aucun des vrais grands, Tolstoï, Dostoïevski, et même ce bon dieu de Shakespeare, n'ont pressuré les mots comme des oranges. Ils se sont contentés d'écrire. Tu me comprends? » Lane regarda Franny d'un air plein d'espoir. Elle paraissait l'avoir écouté avec une attention tout particulière. « Est-ce que tu manges ton olive ou non ? » Lane jeta un bref coup d'œil sur son verre de Martini, puis il regarda Franny. « Non », dit-il froidement. « Tu la veux? » « Si tu ne la manges pas », dit Franny. Elle vit tout de suite à l'expression de Lane qu'elle avait posé une mauvaise question. Et, pis encore, maintenant elle n'avait plus du tout envie de l'olive et elle se demanda pourquoi elle avait voulu la lui prendre. Mais lorsque Lane lui tendit son verre, elle ne· put rien faire d'autre que de prendre l'olive et la mâcher avec une satisfaction apparente. Elle prit ensuite une cigarette dans le paquet que Lane avait laissé sur la table, il lui donna du feu et en alluma une pour lui. »

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