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L'esprit de Philadelphie

Publié le 10 février 2010 par Charlesf

C'est sous le titre exacte de « L'esprit de Philadelphie : la justice sociale face au marché total » (Seuil / la République des idées. Collection Débats - 2010) qu'Alain Supiot (*) vient de publier un essai, reprenant la Déclaration de Philadelphie qui sert encore de base au droit social. Y sont données des clés d'analyse, d'action et de compréhension, sur la mondialisation et la justice sociale qui n'en finissent pas de se heurter.


Alain Supiot - les matins
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Les 4 principes fondateurs de l'Organisation Internationale du Travail, énoncés le 10 mai 1944 à Philadelphie, déjà très présents dans les années qui précèdent (New Deal, discours de Roosevelt...) sont révélateurs d'un « esprit » tout à fait perceptible dans le programme du Conseil National de la Résistance du 15 mars 1944 et dans les droits économiques et sociaux contenus dans les articles 22 et suivants de la Déclaration Universelle de 1948.

Ces principes fondateurs sont pour le moins très malmenés et ce n'est sans doute pas un hasard si un Denis Kessler, (Vice-président exécutif du MEDEF de 1998 à 2002, Officier de la Légion d'Honneur le 31 décembre 2009 et coauteur avec Dominique Strauss-Kahn, de « L'épargne et la retraite ») a confié au magazine Challenge :

« Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance [...] Il est grand temps de réformer, et le gouvernement s'y emploie [...] La liste des réformes ? C'est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception [...] Il s'agit aujourd'hui de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance. »

Rappel de ces principes jugés « révolutionnaires » par les gouvernants du jour :

- Le travail n'est pas une marchandise,

- La liberté d'expression et d'association est une condition indispensable d'un progrès continu,


- La pauvreté, où qu'elle existe, constitue un danger pour la prospérité de tous,


- Tous les êtres humains, quels que soient leur race, leur croyance ou leur sexe, ont le droit de poursuivre leur progrès matériel et leur développement spirituel dans la liberté et la dignité, dans la sécurité économique et avec des chances égales.

Dans cet essai, Alain Supiot souligne le fait qu'il n'y a pas de paix sans justice et que la dignité n'est pas un droit mais un principe, source d'obligations pour chaque individu.

Une remarque au passage et pour conclure très provisoirement :
L'actuel président de la république exerce une fonction qui devrait transcender sa personne. Or c'est l'inverse que l'on constate. Ce qui est particulièrement « gênant » lorsque l'intéressé, mélangeant les genres et oubliant l'article 29 de la DUDH, veut faire respecter, sans la respecter lui-même, une charte des « droits et devoirs » !

De quoi déclarer l'état d'urgence.

(*) Spécialiste du droit du travail, directeur de l'Institut d'études avancées de Nantes


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